16 septembre 2008

Politique et Religion

Et Dieu dans tout ça ? Voilà une question qui a retrouvé de la vigueur avec la venue récente du Pape à Paris. Poussé, comme d’habitude, par l’irrépressible besoin de parler de lui, le Président de la République a saisi l’occasion de donner aux Français sa vision des relations entre le pouvoir politique et le religieux. C’est-à-dire entre la vie sociale et la foi. Cette casuistique n’est-elle pas la mission de tout directeur de conscience ? Assurément. Nicolas Sarkozy se comporte comme le directeur de conscience des Français. Est-ce son rôle ? Assurément pas. Le discours du Président devant le Pape relevait davantage de la disputation que de la politique. La France a choisi la stricte séparation de l’Église et de l’État, quelle que soit l’Église. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne doit y avoir aucun dialogue entre le pouvoir politique et le monde religieux. Mais le contenu de ce dialogue, lorsqu’il n’est plus individuel mais prend un caractère collectif comme lorsque le Président parle au nom du peule français, doit respecter une règle simple. L’État doit garantir que toute religion trouve en France les moyens de son libre exercice à une double condition : que ne se cache pas une secte sous le couvert du religieux et que l’exercice de chaque religion se fasse dans le strict respect des lois de la République. Il n’est pas interdit au Président de faire de la philosophie et de réfléchir sur le rôle de la religion au sein de la société, mais cette réflexion fait partie de son domaine personnel et ne doit absolument pas en sortir. L’éthique ne relève pas de la religion mais de la morale. La laïcité oblige l’État à donner à chaque enfant un instituteur mais laisse à l’individu le choix de trouver son prêtre. L’histoire de l’Occident imbrique étroitement la religion chrétienne dans la vie des citoyens, cette imbrication étant d’ailleurs la cause de beaucoup de violence et de sang versé. Les luttes entre la papauté et la France ou le Saint Empire Germanique remontent au Moyen-Age et sont le symbole de la lutte de l’Église pour conserver le pouvoir et la puissance. Le principe de laïcité naît difficilement avec la Révolution Française pour aboutir finalement à la Loi de 1905 qui officialise la séparation des Églises et de l’État. C’est donc un long cheminement qui a abouti dans la souffrance à l’état actuel des relations entre le pouvoir politique et le religieux. Certes, plus d’un siècle s’est écoulé depuis la promulgation de cette loi. Ce n’est pas une raison suffisante pour remettre en cause un principe fondamental. Aujourd’hui, la France est consensuelle sur ce point. Il est toujours dangereux de vouloir remettre en cause, sans précaution, un consensus. Il y faut, de toute façon, une légitimité que le Président de la République ne possède pas. Il n’est pas le Président des seuls catholiques, mais de tous les Français y compris des agnostiques et des athées Il n’y a pas de laïcité positive ou négative, concept d’ailleurs confus : il y a LA laïcité, un point c’est tout ! Et elle ne s’occupe pas de la parousie. On sait trop ce qu’il advient lorsque la séparation stricte entre le pouvoir politique et la religion n’existe pas. L’intégrisme, voie royale vers le terrorisme, est à l’affût de cette confusion.

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