08 décembre 2008

Mal partis !

J’ai toujours pensé et dit que la science économique était tout sauf une science. Le spectacle que nous donne, depuis quelques semaines, la gente experte en économie convaincrait de cette affirmation les plus sceptiques. En écoutant les analyses formulées par ces experts, on entend absolument tout et son contraire. D’abord constatons que, comme toujours, aucun d’entre eux n’a été capable de prévoir cette crise grave et profonde avant qu’elle ne se produise. Ils ont maintenant beau jeu de nous expliquer, en termes savants, que cette crise était inévitable ! La moitié d’entre eux nous démontrent que cette crise est absolument sans précédent, qu’elle sera extrêmement profonde, qu’elle risque de nous conduire à une terrible récession avec effondrement du dollar, déflation généralisée et un chômage atteignant des sommets vertigineux tutoyant des ordres de grandeur de 25 %, que les sommes investies dans les plans de relance et plombant gravement la dette nous conduisent à une inflation record ! L’autre moitié nous affirment que cette crise n’a rien à voir avec celle de 1939 (elle aussi provoquée par les USA !), que nous en sortiront à la fin de l’année prochaine et au plus tard au milieu de l’année 2010 car les plans de relance prévus seront efficaces, qu’elle est au contraire une véritable opportunité qui va conduire à une rénovation industrielle. C’est tout juste s’ils ne nous conseillent pas de nous réjouir ! Lorsqu’on sait que ces experts en économie peuplent les couloirs du pouvoir, que ce soit à l’Élysée ou à Matignon ainsi qu’au sein des gouvernements européens, il n’est pas étonnant que l’on assiste à une cacophonie européenne. Or, si l’incertitude est la loi d’aujourd’hui et de demain, il nous reste quand même quelques certitudes. Tout d’abord, la crise étant profonde (c’est bien le seul point sur lequel on peut croire les économistes !), les mesures à prendre doivent être d’envergure. C’est ce que font les USA, c’est ce que fait la Chine. L’Europe est le seul échelon crédible pour que ce continent prenne des mesures à l’échelle du problème. Or, la cacophonie des explications économiques se traduit par un éparpillement des mesures nationales, voire nationalistes, ce qui rend l’efficacité de ces mesures parfaitement aléatoires et surement pas à l’échelle adéquate. Ensuite, le seul point sur lequel tous les économistes sont d’accord c’est de reconnaître que le moteur essentiel du fonctionnement économique est la confiance des acteurs. Ceux-ci sont au nombre de trois entre lesquels se nouent des échanges basés sur la confiance réciproque. Le banquier doit avoir confiance en l’entrepreneur pour lui accorder les prêts à moyen et long terme nécessaires à l’investissement. L’entrepreneur doit avoir confiance, non seulement dans son banquier, mais également dans le consommateur qui représente son marché de développement et la raison de ses investissements. Le consommateur, quant à lui, doit avoir confiance dans l’entrepreneur, surtout s’il est salarié, pour dépenser son salaire et faire fonctionner le marché plutôt que de l’épargner car il croit en la pérennité de son entreprise. Comment ces acteurs peuvent-ils avoir confiance en entendant autant de discours discordants et devant les mesures dispersées et sans cohérence prises par les gouvernements européens ? Décidément, nous sommes mal partis !

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