09 décembre 2008

A chacun son Tibet

Le Tibet est à la Chine ce que le pays Basque est à l’Espagne ou la Corse à la France. C’est, avant toute chose, une partie inséparable du territoire. Ensuite, c’est une culture, une langue et une religion. Au Pays basque espagnol, c’est aussi une culture, une langue et une histoire religieuse différentes de celle de l’Espagne. En Corse existent aussi une culture et une langue vernaculaires vivaces. Pour autant, l’Espagne et la France rejettent totalement l’idée d’une indépendance de ces territoires (même si, parfois, laisser les Corses prendre leur indépendance est une idée qui « titille » certains métropolitains !). La Chine n’envisage pas, non plus, l’indépendance et la séparation du Tibet, d’autant plus que ce pays représente environ 30% du territoire chinois. Imagine-t-on possible que la France se sépare du tiers de son territoire ? Jamais la Chine n’acceptera l’indépendance du Tibet. On reproche au gouvernement chinois de mettre en place une sinisation du Tibet par l’implantation de chinois de plus en plus nombreux au Tibet. Reproche-t-on à la France de laisser ses métropolitains s’installer en Corse ? Abandonnant l’idée d’indépendance, on pourrait croire que l’autonomie est une voie pour le Tibet. Le Pays Basque espagnol nous donne un exemple de ce statut. Tout est dans le degré d’autonomie accordé, c’est-à-dire des domaines dans lesquels peut s’exercer l’autorité locale sans intervention du niveau central. N’oublions pas, afin de ne pas bâtir des châteaux en Espagne (!), que la Chine est une dictature qui ne conçoit le pouvoir que centralisé. Donc, même une autonomie restreinte du Tibet semble une parfaite utopie. Il n’en reste pas moins que le Dalaï Lama est, avant tout, une autorité religieuse, même si le bouddhisme est, selon les points de vue, plus une philosophie qu’une religion. Le gouvernement italien s’insurge-t-il si un chef d’État vient saluer le Pape au Vatican en prétextant que le Pape est un individu dangereux ? Il n’est donc pas supportable que les chinois brandissent des menaces parce que des chefs d’État viennent saluer un leader spirituel, prix Nobel de la Paix qui plus est. Je n’ai pas entendu que des gouvernants occidentaux aient émis des critiques appuyées concernant les relations de la Chine avec la junte militaire birmane, les dictatures nord-coréenne et soudanaise. C’est pourquoi les diatribes injurieuses chinoises au sujet de la rencontre entre le Dalaï Lame et le Président de la République Française sont absolument insupportables. Avez-vous entendu la moindre indignation en provenance de l’opposition ?

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