02 mai 2009

Décidément !

Je dois avouer mon désarroi. Jamais l’Europe n’a connu de crise aussi profonde et grave. Jamais les Européens n’ont plus attendu de l’Europe qu’elle leur apporte une certaine protection devant les difficultés grandissantes. À cette attente n’a répondu qu’un assourdissant silence de la Commission Européenne et de son président. On attendait que la commission soit proactive dans la définition et la mise en œuvre d’un ensemble de mesures communes aux différentes nations européennes pour résister à la crise économique et sociale. On attendait que la commission pousse les nations à mettre en pratique rapidement les principes arrêtés au dernier G20 afin que celui-ci ne se solde pas uniquement par un ensemble de vœux pieux. Il ne s’est rien passé. Nous sommes à quelques semaines des élections européennes et personne n’en parle vraiment. Les médias sont silencieux, les discours politiques restent confidentiels et lorsqu’ils sont publics, ils sont totalement dévoyés pour n’être que débats franco-français. Encore une fois, le Parti Socialiste va se tromper de cible. Les Français se désintéressent de ces élections, faute de comprendre le fonctionnement de l’Europe et de son Parlement. Ils ne comprennent rien aux regroupements politiques formant les différentes composantes du Parlement, ils ignorent ses prérogatives et méconnaissent ses pouvoirs, mais surtout ils n’entendent aucun discours leur expliquant en quoi et pourquoi l’Europe est un enjeu d’avenir. Les socialistes vont brouiller encore davantage la vision des Français en transformant ces élections en vote sanction contre le Président de la République, c’est-à-dire en substituant un enjeu de politique purement nationale à l’enjeu européen. Pour fédérer le plus largement possible, le Parti Socialiste joue la carte anti-Sarkozy. Cela lui permet de ne pas préciser quelle est sa vision européenne, comme il fait avec la politique nationale. Caricaturer la politique gouvernementale sans faire de propositions alternatives lui permet de ne pas faire de propositions, empêtré qu’il est dans ses courants contradictoires et paralysé par des ambitions personnelles multiples. Décidément, le Parti Socialiste n’est pas près de (ni prêt à) redevenir un parti de gouvernement. Une vraie campagne pour les élections européennes devrait être pédagogique avant tout et devrait essayer de faire naître une attente et non pas un vote sanction. Celui-ci devrait être cantonné aux élections nationales et le melting-pot ne peut que semer la confusion et la désillusion. À force de caricatures, le Parti Socialiste va finir par faire croire qu’il ne supporte pas d’avoir un Président de la République d’origine étrangère !! Pour être juste, il faut bien dire que, du côté de la majorité, tenir un discours plébiscitaire concernant le Président de la République et se contenter de dénoncer le manque de propositions de l’opposition n’est pas, non plus, particulièrement à la hauteur des enjeux européens. L’Europe risque de mourir des nationalismes étroits qui sévissent partout.

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