07 juin 2009

Abstention-Europe : 1- 0

Les seuls français satisfaits des dernières élections européennes sont les hommes politiques de tous bords, puisqu’ils clament tous qu’ils ont obtenu un franc succès ou une leçon salutaire qui n'est qu'une péripétie. Même les « petites » listes ont atteint leur objectif financier, le seul qui réellement comptait. Il n’y a guère que ce soi-disant succès qui soit grand, car l’intelligence s’est effondrée sous les coups de boutoir de la langue de bois. La seule et grande gagnante de ces élections est, comme attendu, l’abstention qui a atteint un record de 60%. Durant la campagne, les medias lui ont fait tellement de propagande qu’il n’est pas étonnant que les individus aient été convaincus qu’il était totalement inutile de se déplacer. Mais, au-delà de ce fait, cette abstention massive pose une sérieuse question sur l’avenir de l’Europe. La doxa consiste à se plaindre que l’Europe ne protège pas assez le citoyen contre les dangers de la mondialisation et de la crise financière et économique. Il faut bien dire que les euro-sceptiques clament sur tous les tons que la commission européenne passe son temps à légiférer sur la longueur des concombres ou le diamètre des tomates. À force d’entendre ces discours caricaturaux, tout le monde finit par y croire et, il faut bien l’avouer, il n’y a rien là qui puisse alors soulever l’enthousiasme de l’électeur, ni le rassurer sur les protections que peut lui apporter l’Europe. Les hommes politiques ont également un discours qui est, la plupart du temps, complètement abscons. Les phrases du genre : « Il faut faire avancer l’Europe vers la justice sociale » ou bien « Nous allons construire un projet dans la cohérence » ou encore « Nous allons retrouver le chemin de l’Europe sociale », « Il faut un bouclier social », forment le fond du discours politique ambiant qui reste ainsi complètement incompréhensible pour le citoyen. Quelle que soit la liste électorale candidate, il était possible de lire sur ses affiches des slogans comme : « Changer l’Europe, vers une Europe sociale, Votez pour une Europe qui vous protège, … » et autres banalités sans signification. Il n’est guère étonnant que l’électeur ne sente pas concerné ou reste profondément sceptique sur l’utilité de son vote. Il y a plus grave encore. À force d’avoir truffer leurs discours d’attaques contre le gouvernement, mais surtout contre le Président de la République (anti-sarkozisme radical, psychopatologique, viscéral, pavlovien), les politiques ont poussé ceux qui ont fait l’effort de voter à le faire pour des motifs de pure politique nationale et partisane. Les enjeux européens sont totalement absents de leurs réflexions. Enfin, les très rares débats contradictoires organisés par les médias ont systématiquement tourné, comme d’habitude, à la foire d’empoigne et au brouhaha incompréhensible avec attaques personnelles et injures, donnant, une fois de plus, une image absolument déplorable des politiciens aux discours indigents où la médiocrité le dispute à l’incantation et à l’insulte. Ajoutons qu’il existe une contradiction apparente entre l’indifférence des électeurs et la multiplicité extravagante des listes électorales qui se sont présentées à ces élections. N’en a-t-on pas compté jusqu’à 28 en Île-de-France ? Cette floraison de listes n’a fait finalement qu’ajouter à la confusion du discours et au désintérêt de l’électeur. Confusion des discours, méprise sur les véritables enjeux, discrédit des hommes politiques. La question fondamentale est la suivante : comment construire un projet européen lorsqu'il n'y a que des listes purement nationales ne comportant que des nationaux et se présentant sur des circonscriptions également nationales ? L’Europe est malade. Une vraie démocratie doit trouver lieu de cité au sein de l’organisation européenne. Le sentiment ressenti par les citoyens est que les décisions sont prises par une commission sur laquelle ils n’ont aucun contre-pouvoir. Ces règles doivent impérativement changer. Ceux qui ont voté non au référendum sur le projet de Constitution européenne doivent être considérés comme les grands responsables de ce désastre.

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