31 mars 2010

Paroles, paroles

« Le ton de l’orateur […], dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime » (Buffon).
Voilà un adage que N. Sarkozy ne doit pas connaître. En présence de la future élite américaine au mois de Mars 2010, au sein de l’Université de Columbia, et évoquant le succès de l’obstination du Président américain sur la protection sociale des plus démunis, le Président français a, en effet, tenu un long discours dont voici un court extrait :
« L’idée que ça fasse un débat d’une telle violence que de vouloir que les plus pauvres d’entre vous ne soient pas dans la rue sans un seul centime face à la maladie, excusez-moi, mais nous, ça fait jamais que cinquante ans qu’on a résolu le problème ».
Fasse le ciel qu'aucun auditeur ne comprenne le Français ! Le sabir du Président Français devant l’élite de la jeunesse américaine et les futurs managers des USA laisse sidéré et presque honteux. On attendrait une certaine hauteur et un peu d’élégance dans la langue utilisée par le premier des Français. Peut-on accepter que le Président parle comme un tenancier de bistrot sans se sentir honteux d’être français ? Ajoutons que cette gouaille consistant à évoquer les échanges avec le Président américain en utilisant sans retenue le tutoiement est le signe d’un « m’as-tu vu » insupportable et vulgaire. Décidément, le costume est beaucoup trop grand pour le personnage. Lorsque le général De Gaulle lançait son appel radiophonique du 18 Juin 1940, voilà ce qu’il disait :
« Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Toutes les fautes, tous les retards , toutes les souffrances n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis ».
Si l’on croit que Rivarol avait raison en disant que « La parole est la physique expérimentale de l’esprit », alors il y a un « bug » dans celui de N. Sarkozy.

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