11 juin 2010

La résurrection, une calembredaine

Il existe en physique un immense mystère. Les théories physiques qui tentent d’expliquer le fonctionnement du monde comportent un certain nombre de constantes dont la valeur numérique est seulement constatée, sans que l’on sache expliquer le « pourquoi » de cette valeur. En dehors des 5 constantes universelles, il faut ajouter 2 constantes électromagnétiques, la constante gravitationnelle, une douzaine de constantes physico-chimiques, une vingtaine de constantes atomiques et nucléaires. Cette simple énumération montre que l’on est encore loin de comprendre les lois de l’Univers et que la recherche de la Théorie du Tout a encore de beaux jours devant elle. Or, il suffirait que l’une quelconque de ces constantes prenne une valeur numérique différente pour que la vie, telle que nous la connaissons sur Terre, soit impossible. Cette incroyable précision laisse perplexe et sans justification. Mais l’imagination des hommes est sans limites et n’a d’équivalent que son besoin d’expliquer. D’où, depuis toujours, l’appel aux religions ou aux superstitions, l’invention d’un riche panthéon de divinités. Les scientifiques, se voulant cartésiens, ont cherché, eux aussi, à trouver une justification à l’inexpliqué. Ne pouvant établir scientifiquement et objectivement les valeurs particulières prises par ces constantes, certains d’entre eux sont passés du domaine de la démonstration à celui de l’hypothèse. Puisqu’on ne sait pas justifier le pourquoi de ces valeurs, il suffit de faire l’hypothèse que ces « constantes » peuvent prendre toutes les valeurs possibles et qu’à chaque ensemble de valeur correspond un univers « parallèle » et inaccessible. Il est alors normal que nous vivions dans l’Univers où les constantes ont pris les valeurs nécessaires à l’apparition de la vie. C’est la théorie du multivers. C’est aussi ce qu’on appelle un tour de passe-passe. En effet, une hypothèse scientifique doit, pour être sérieuse, être falsifiable et vérifiable. C’est-à-dire qu’elle doit permettre de faire des prévisions qui, soit permettent de vérifier l’hypothèse, soit permettent de la réfuter. Or la théorie du multivers ne permet ni l’un ni l’autre. Il existe une autre voie, celle qu’empruntent les créationnistes, intégristes chrétiens, qui prennent au pied de la lettre les textes bibliques et évangéliques en rejetant violemment la théorie de l’évolution : le monde est comme il est car c’et ainsi que Dieu l’a voulu. Cette posture a un avantage, celle de permettre de croire dans la résurrection sans tomber dans l’impasse où se trouvent les chrétiens traditionnels. En effet, pour tout chrétien non créationniste, qui accepte la théorie de l’évolution, la croyance dans la résurrection des corps devrait le plonger dans un abîme de perplexité : les hommes de Neandertal, qui sont apparemment bien plus que de simples cousins, vont-ils bénéficier de cette résurrection ? Nous avons, en effet, un ancêtre commun, « l’homo heidelbergensis ». Imaginez la stupéfaction de nos contemporains lorsqu’ils se réveilleront en compagnie de tous leurs ancêtres et cousins préhistoriques ! L’Australopithèque sera-t-il de la fête ? Si oui, pourquoi les grands singes ne seraient-ils pas, eux aussi, ressuscités ? Jusqu’où faut-il remonter ? Jusqu’à LUCA (Last Ultimate Common Ancestor) ? Pourquoi existerait-il une discrimination faisant frontière dans l’arbre continu de l’évolution des espèces ? Vous imaginez-vous serrer la main de votre cousin Toumaï ou rencontrer votre ancêtre Tirex au coin d’une rue du Paradis ? Devant cette absurdité, la raison s’impose : la résurrection des corps est une utopie. N’hésitez donc pas à vous faire incinérer, cela fera gagner de la place dans les cimetières !

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