04 juillet 2010

Faillite ?

Commençons par un état des lieux. L’entreprise France a une production annuelle dont la valeur est de l’ordre de 2100 milliards d’Euros. Pour fonctionner, cette entreprise dépense annuellement 1100 milliards d’Euros et « gagne » (impôts et contribution sociales) environ 910 milliards d’Euros. Cette entreprise perd donc, chaque année, près de 200 milliards d’Euros, soit près de 10% de son chiffre d’affaires ! Et ceci depuis près de cinquante ans. Le résultat en est que les déficits cumulés ont été compensés par des emprunts qui représentent aujourd’hui une dette de 1700 milliards d’Euros, soit environ 83% du PIB. Bien évidemment, l’entreprise France se doit de rembourser ses emprunts, ce qu’elle fait (capital + intérêts) pour un montant de près de 45 milliards d’Euros annuels, soit 5% de ses recettes totales. Voilà une situation qui alarmerait n’importe quel dirigeant d’entreprise. D’autant plus qu’il s’agit d’une situation qui s’aggrave chaque année. L’avenir le plus probable d’une telle entreprise, si elle ne prend pas immédiatement des mesures drastiques pour redresser la situation, est la faillite. C’est la situation de la France. Elle est donc en grand danger. C’est-à-dire que l’horizon probable, si rien de sérieux n’est fait, est l’effondrement de son système social (cessation des redistributions sociales, cessation de paiement des retraites), précarisation extrême des salariés, chômage en hausse rapide. Il faut donc impérativement et rapidement prendre des mesures difficiles, voire douloureuses, qui réduisent fortement les dépenses (réduction des prestations sociales, réduction drastique du budget de fonctionnement) et qui augmentent les recettes (augmentation des impôts, soutien aux exportations). Et que constatons-nous ? Que tous les responsables, en particuliers les syndicalistes et les élus locaux, continuent imperturbablement, de réclamer des augmentations de moyens dans tous les domaines alors que la France n’en a pas les moyens. Que ceux qui nous gouvernent, plutôt que de rechercher un consensus urgent sur des mesures nécessairement impopulaires à prendre, restent les yeux fixés sur l’horizon des prochaines élections présidentielles et se complaisent dans des petits combats dérisoires. Les médias s’en font le reflet, avec ses incessantes « révélations » sur « l’affaire Bettencourt ». Les parlementaires ne parlent plus que de cela, pas un journal télévisé ou radiodiffusé qui n’évoque cette affaire. Cela donne l’impression angoissante que le bateau, non seulement n’a plus de capitaine, mais qu’il n’a pas d’équipage non plus. Nous sommes embarqués sur le Titanic avec un sentiment grandissant de déréliction.

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