10 octobre 2010

Pénibilité


Les jeux sont (pratiquement) faits, la date légale de départ à la retraite est repoussée de 60 à 62 ans. Rien ne pourra changer ce fait. Tout le monde en est convaincu, malgré les discours rodomonts des syndicats ou des hommes politiques de l’opposition. Les acteurs jouent donc le dernier acte d’une pièce bien connue : comment faire pour ne pas perdre la face ? Comment peut-on imaginer un seul instant que le gouvernement puisse abandonner son projet comme le demandent ces acteurs sans perdre totalement sa crédibilité ? Bien entendu, les syndicats s’engagent dans la seule voie qui leur est ouverte aujourd’hui, celle de la grève, qu’elle soit ponctuelle, reconductible ou générale. La situation économique du pays est grave. Donc, conscients de la gravité de ce choix, ils s’empressent, sans vergogne ni pudeur, de clamer que le gouvernement est le seul responsable, étant eux-mêmes ni coupables ni responsables ! Nous sommes spectateurs d’une pièce jouée maintes fois : trouver un prétexte pour crier victoire malgré tout. Les salariés sont parfaitement conscients que les jeux sont faits et ils s’agrippent à la seule opportunité qu’il leur reste : l’exception pour les travaux pénibles. On assiste ainsi à une course effrénée de chaque salarié aux arguments, plus ou moins fallacieux, pour convaincre que son travail est objectivement pénible. La chaleur, la répétitivité, la pression du management, les intempéries, les charges, les horaires, le stress, le risque d’agression, la pression des objectifs, la dangerosité, les conditions de travail (un vrai fourre-tout) tout est bon pour démontrer la pénibilité de son activité (si son travail est pénible, pourquoi pas le mien ?). On en arrive à se demander s’il existe un emploi quelconque qui ne puisse être qualifié de pénible. Sur ce chapitre également, tout le monde sait parfaitement ce qui va se passer. Il est impossible que le gouvernement enclenche une mécanique infernale en classant les métiers en catégories pénibles ou supportables. Il ne peut que renvoyer aux conventions collectives ou proposer des critères individuels, ce qui veut dire qu’il y aura nécessairement des frustrés. Pour sortir du blocage, il n’y a qu’un seul scénario, dans lequel le gouvernement fait une exception du report de 65 à 67 ans pour une retraite à taux plein pour les femmes ayant eu des interruptions de carrière et pour les salariés entrés dans le monde du travail très tôt. Cela permettra aux syndicats de crier victoire, au gouvernement d’affirmer qu’il n’a pas céder sur l’essentiel … et tout le monde sera content.

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