21 février 2011

Madame la Marquise

Nos hommes politiques, le regard fixé sur l’horizon des présidentielles, passent leur temps à leur jeu préféré, celui des petites phrases, des anathèmes, des attaques personnelles. Le discours politique s’enlise dans l’anecdotique et l’invective. Jaures est mort une deuxième fois. Il faut dire qu’il n’y a rien de plus urgent que ces petits jeux ! En effet jamais le pays ne s’est si bien porté, jamais le monde n’a été aussi paisible, n’est-ce pas ? L’économie française sombre peu à peu dans les profondeurs de la récession : la balance des paiements continue d’être déficitaire et de faire grossir la dette déjà abyssale du pays, le chômage reste obstinément collé au niveau des 10% de la population active malgré les contorsions statistiques. Le nombre de pauvres et d’exclus augmente inexorablement tandis que l’enrichissement immoral de quelques-uns continue de faire scandale. La désindustrialisation du pays a fait disparaître 500.000 emplois en l’espace d’une vingtaine d’années, avec la disparition pratiquement totale de secteurs entiers comme les constructions navales, la manutention portuaire (merci aux syndicats !), la machine-outil, les industries électronique, textile, sidérurgique, du jouet, la conception et la fabrication de motos et d’instruments de musique, etc … Le système judiciaire n’a jamais aussi mal fonctionné, les services publics sont malades et l’administration reste inefficace et anonyme. L’Éducation Nationale continue de laisser 20% des élèves sortir du système scolaire sans aucune qualification, les élèves de plus en plus nombreux abordent le secondaire sans maîtriser la lecture et l’écriture, encore moins la grammaire et le vocabulaire. Dans le même temps, l’enseignement supérieur et la recherche sombrent dans les profondeurs des classements internationaux. La culture disparaît dans le règne du dérisoire et de l’éphémère consumériste. D’échecs en échecs, la gestion de l’immigration est passée de l’assimilation à l’intégration, puis à la lutte contre le communautarisme, signant par là sa capitulation. Malgré une succession incessante de mesures opportunistes, l’insécurité grandit et les zones de non-droit perdurent. La politique étrangère de la France reste inaudible et se décrédibilise par manque de vision et de compréhension du monde. Il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter, n’est-ce pas messieurs les politiques ? Tout va très bien, Madame la Marquise …

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