09 février 2011

La médiocrité nous gouverne

Le monde est en crise. Les dictatures sont ébranlées, un milliard d’êtres humains meurent de faim, quelques prédateurs s’enrichissent de façon éhontée au détriment du plus grand nombre, les pays occidentaux vacillent sous la poussée des pays émergents, le terrorisme envahit la planète, les dérèglements climatiques la dévastent, les droits de l’homme sont bafoués un peu partout sans vergogne. Pendant le même temps, les politiques et les médias complices nous abreuvent de considérations véhémentes sur les déplacements des membres du gouvernement ! Sans propositions réelles et crédibles, ils s’agitent frénétiquement et de façon ridicule, allant jusqu’à réclamer, en toutes occasions, la démission de tel ou tel membre du gouvernement, espérant faire croire ainsi que le rôle de l’opposition est fermement tenu. En réalité, le vide sidéral de la pensée politique est consternant et inquiétant. Toutes ces fausses indignations sur des faits anecdotiques cachent l’incapacité des politiques à construire une vision et un projet crédible. La chasse aux concepts fumeux et éphémères (le « care », l’égalité réelle, la démocratie participative, le désir d’avenir, la politique de civilisation, l’identité nationale, …) cache le désarroi intellectuel considérable des élites politiques. Rien n’est venu remplacer le marxisme à gauche ou le libéralisme de la main invisible à droite. Le déficit intellectuel se camoufle difficilement derrière une misère intellectuelle inquiétante qui se contente de slogans et de formules incantatoires, d’indignations feintes et faciles. Les intellectuels ne sont d’ailleurs pas en reste de déficit de la pensée. Le show médiatique a pris le pas sur la réflexion et l’immédiateté sur la construction prospective. Aveuglés par leurs ambitions personnelles, inhibés par leur ignorance et leur médiocrité, empêtrés dans leurs rivalités, les hommes politiques ne savent plus ce que le mot « politique » veut dire, ce qu’il contient d’exigeant, ce qu’il nécessite pour construire une vision managériale de la société dans le monde. Faute d’une véritable ambition nationale, ils instrumentalisent des concepts fumeux dont ils espèrent qu’ils cacheront le vide de leur pensée et leur irresponsabilité. Le pays est en manque grave d’hommes politiques capables d’oublier leur ambition personnelle pour s’investir entièrement dans l’intérêt national.

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