08 août 2011

Les prédateurs

Dix fois par jour, les médias parlent des « marchés ». Ceux-ci sont omniprésents dans les actualités économiques et politiques. Ce sont les marchés, selon l’inquiétude ou la confiance, qui décident des évolutions économiques des nations. Mais qui sont ces « marchés » ? Il s’agit, en fait, des marchés financiers et des matières premières, c’est-à-dire des spéculateurs qui se cachent dans les organismes financiers divers (fonds de pension, hedge founds, banques et officines de placements et leurs traders, …). On nous explique que « les marchés » sont inquiets et, donc, que la Bourse baisse. Or, ces spéculateurs, jouant à la baisse, gagnent beaucoup d’argent lorsque, effectivement, les actions boursières perdent de la valeur comme c’est le cas depuis quelques jours. Et ces profits sont rapidement mis à l’abri dans l’un des nombreux paradis fiscaux qui pullulent sur la planète. Le code du commerce interdit la vente à perte. Pourquoi n’interdit-on pas la spéculation à la baisse ? Certes, le premier point est national, le second est international. Mais un organisme tel l’OMC joue un rôle mondial sur les pratiques commerciales. Pourquoi n’y aurait-il pas un organisme mondial en charge de la surveillance de la spéculation et des pratiques financières ? À côté des spéculateurs, d’autres acteurs viennent troubler la vie des citoyens du monde. Ce sont les agences de notation Standard & Poor’s, Fitch Ratings et Moody’s. Voilà des individus qui portent des jugements sur les économies nationales et que le monde entier vénère comme des oracles. Or, que se passe-t-il ? Ces agences, jugeant que tel ou tel pays supporte une dette excessive, portent alors sur ce pays un jugement négatif qui pousse le pays incriminé à prendre des mesures restrictives et d’économie. Le jugement négatif porté par ces agences a un effet immédiat sur les taux d’intérêt que les banques, toujours prêtes à flairer la bonne affaire, imposent au pays emprunteur et à ses citoyens, rendant encore plus difficile le remboursement de la dette. D’où, mécaniquement, une réduction de la consommation et un ralentissement de l’économie nationale. Les mêmes agences émettent alors de nouvelles réserves sur le pays qui prend de telles mesures au prétexte que ces mesures vont réduire la croissance attendue ! On croit rêver, mais c’est, hélas, la réalité. Les dirigeants politiques, quant à eux, se montrent impuissants devant la prédation des spéculateurs et les comportements de pompier pyromane des agences de notation. Ils restent hésitants, voire pusillanimes, devant la crise dans laquelle est plongée l’Europe, enlisés qu’ils sont par leur préoccupations électorales de court terme et par le scepticisme et l’égoïsme croissants des peuples européens.

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