09 septembre 2011

Où sont les hommes d’État ?

Qui ne sait pas que la grande crise dans laquelle nous sommes plongés est celle qui a démarré en 2008 à la suite de l’énorme crise financière venant des États-Unis ? Qui ne se rappelle les discours émollients des hommes politiques au pouvoir nous expliquant en 2009 et 2010 que la France sortait indemne de la crise qui touchait à sa fin ? Qui ne se rappelle les discours rodomonts du Président de la République nous expliquant que, grâce à lui, le G20 avait pris les décisions qui s’imposaient pour lutter contre la spéculation et les marchés financiers ? Et qui ne constate aujourd’hui que pratiquement rien n’a été fait et que les dirigeants européens sont retournés à leurs préoccupations mesquines ? Le décalage entre le discours politique et la réalité devient insupportable aux citoyens. La cacophonie qui règne parmi les dirigeants politiques européens, où chacun ne défend que son petit intérêt électoral malgré la gravité de la situation, montre à l’évidence que ces derniers ont abandonné le pouvoir dans les mains malfaisantes des financiers et des spéculateurs sans morale. Mis en demeure par « les marchés » et par les agences de notation, les dirigeants politiques se sont engouffrés dans des plans de rigueur et d’économies budgétaires. On assiste alors au pitoyable spectacle des politiques se battant comme des chiffonniers autour de quelques dizaines de millions d’Euros alors que la dette est de 1700 milliards ! À chaque proposition gouvernementale, aussi ridicule soit-elle au regard de l’ampleur du problème, il y a un lobby de parlementaires qui protestent avec comme seul objectif celui de tenter de sauver leur siège. Cela montre, de la façon la plus aveuglante, que la somme des intérêts particuliers des parlementaires ne fait pas l’intérêt général du pays. Mais il y a plus grave. Les discours politiques de tous bords ne sont faits que de banalités navrantes et de généralités affligeantes ou d’opposition dogmatique. Le Parlement s’étrille autour de 1 milliard d’économies alors que le pays, c’est-à-dire les contribuables, verse 15 milliards pour « sauver » la Grèce, quand tout le monde sait que celle-ci ne remboursera jamais ! Les citoyens savent que la crise est extrêmement grave et que des mesures difficiles doivent être prises. Mais ils veulent que l’équité guide les choix et décisions indispensables. Ils constatent que l’argent va toujours vers les mêmes qui deviennent de plus en plus riches alors que la grande masse du pays s’appauvrit. La fraude fiscale, légale ou non, est l’apanage des plus aisés et représente 40 milliards par an ! La France va mal. Elle se désindustrialise et le chômage augmente de façon inquiétante. La dette ne se résorbe pas et la balance des paiements est dramatiquement négative pendant que le déficit de la Sécurité Sociale atteint des niveaux jamais vus. Le système financier national est fragilisé. L’Euro est menacé, mettant en danger la construction européenne. En face de cette situation, les politiques ne nous parlent que de réductions de dépenses sans avoir la moindre vision de la France à construire. Ils sont sans vision et sans projet. Le courage politique est une espèce en voie de disparition. Qui croit encore au discours des politiques, en dehors des militants ? Le vide du discours des responsables politiques a son image dans la caricature souvent absurde du discours des militants. La crise que nous traversons n’est pas seulement financière, économique et sociale. Elle est surtout politique : l’Europe n’a plus d’hommes politiques d’envergure.

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