12 décembre 2005

Vive l'artisanat !

Bien sûr, j’ai un ordinateur ! J’ai acheté mon imprimante il y a un an et demi exactement. Ce matin, en changeant les cartouches d’encre, je me suis aperçu que les buses d’alimentation en encre étaient vraisemblablement encrassées. Il m’est, bien entendu, impossible de les nettoyer moi-même compte tenu du fait qu’il faut démonter une partie de l’appareil et qu’il faut avoir un outillage spécialisé. Je décide donc de trouver un réparateur dans Paris. Par Minitel (en tapant EPSON – c’est la marque de mon imprimante – et réparateur), j’obtiens 3 adresses : une dans le deuxième arrondissement (rue Chabanais),, une dans le quinzième (rue des Entrepreneurs) et une dans le neuvième (rue de Trévise). Méfiant, je décide d’aller me renseigner sur place avant d’apporter mon imprimante qui est plus encombrante que lourde. Me voilà parti pour la rue Chabanais. En arrivant au numéro indiqué, je trouve un sombre et vieil immeuble de bureaux avec une gardienne rébarbative, assise derrière une méchante table au pied de l’escalier. Je me renseigne sur l’existence de la société de réparation de matériel EPSON. La gardienne des lieux m’apprend alors que c’est bien là mais qu’il n’y a personne car, me dit-elle, tout le monde est parti en clientèle. Demandant comment m’y prendre, il m’est répondu que je dois laisser mon imprimante à la gardienne justement et que je serai prévenu lorsque la réparation sera faite. Je propose donc d’aller chercher mon imprimante mais, me dit la gardienne, il faut d’abord prévenir les gens de l’entreprise. Comme ils ne sont pas là, je suggère que je pourrais téléphoner. C’est cela, acquiesce la gardienne, mais elle pense que j’aurai beaucoup de mal à les joindre car …ils ne sont jamais là ! Je pense alors qu’il est plus sage de trouver un autre réparateur. Je pars donc pour le 15ème arrondissement. Arrivé devant le numéro indiqué par le Minitel, je trouve un immeuble de logements avec deux magasins en rez-de-chaussée mais aucun réparateur de matériel informatique ! Découragé, je décide d’abandonner les pistes télématiques et d’aller chez SURCOUF (12 ème arrondissement). Après tout, c’est là que j’ai acheté mon imprimante. Me voilà reparti à nouveau. Arrivé chez Surcouf, je demande aux renseignements si les réparations d’imprimantes sont possibles. Que croyez-vous que l’on me répondit ? Les seuls matériels pris en charge pour réparation sont ceux sous garantie. Mon imprimante – que je trouve de plus en plus déprimante - ne l’est plus depuis 6 mois. Mais, me dit-on, il y a un réparateur à deux pas … que je m’empresse de faire. J’arrive 5 minutes après la fermeture du magasin, prévue de 12 h. à 14 h. Il est effectivement 12 h.05.
Pris d’un remords, je retourne chez Surcouf et je me rends au stand EPSON, pensant trouver un spécialiste de ce matériel. Je trouve effectivement quelqu’un à qui j’expose mon problème.
Je demande de mettre en route une des nombreuses imprimantes du stand pour que je puisse expliquer ce qui se passe, mais cela s’avère impossible car il n’y a aucun cordon d’alimentation électrique sur le stand. Entre-temps, le spécialiste me précise que je ferai mieux d’acheter une imprimante neuve car, depuis que la mienne est sortie, il y a eu deux nouveaux modèles qui ne valent « que » 90 Euros. Précisant que mon problème est lié aux cartouches d’encre, le « spécialiste » EPSON me conseille alors d’aller plutôt voir le stand des cartouches, car il n’est pas spécialiste de ce petit matériel. Comment n’y avais-je pas penser moi-même ! Je me rends donc au stand des cartouches où j’expose à nouveau mon problème. Le préposé aux cartouches me répond qu’il est navré mais qu’il ne peut m’aider car il n’est pas spécialiste EPSON ! Un peu écœuré, il faut bien le dire, je rentre chez moi où il me reste trente minutes avant de repartir, cette fois avec l’imprimante sous le bras, pour l’ouverture à 14 h. du réparateur. Après avoir poireauter un petit quart d’heure devant la porte de ce dernier, je peux enfin déposer mon imprimante en demandant de procéder à un nettoyage des buses d’injection d’encre. Le prix annoncé est 50% plus cher qu’une imprimante neuve ! Je me sens déstabilisé un moment et je m’apprête à repartir avec mon imprimante lorsque je me dis que, en changeant de matériel, j’ai 3 chances sur 4 d’avoir de gros problèmes de mise en route comme cela se produit chaque fois qu’on achète un matériel informatique. Je paierai donc 50% de trop, mais je garderai un matériel qui marche. Comme je m’étonne quand même du prix annoncé, on m’explique, qu’en fait de nettoyage, on va remplacer les buses d’injection. Je me dis que j’ai la chance qu’on ne me propose pas de changer l’électronique, la mécanique, les circuits imprimés et je ne sais quoi encore !
Si je raconte toutes ces pérégrinations, c’est qu’elles me suggèrent quelques réflexions. Tout d’abords, en France, tout est archi-compliqué et rien ne se passe normalement. Ensuite, la réparation et l’entretien ne font plus partie de la culture ambiante. On achète et on jette, mais on ne répare pas. Nos parents et nos grands-parents seraient horrifiés d’un tel comportement. La société du gâchis est-elle la fille de la société dite « d’abondance » ? Ou bien la civilisation de la fabrication robotisée a-t-elle détruit les savoir-faire ? Ensuite, il faut bien constater qu’il est moins cher de traiter avec le constructeur du produit – qui est généralement une grande entreprise – qu’avec le réparateur – qui est le plus souvent une PME. Comment celle-ci peut-elle survivre s’il est moins coûteux de s’adresser à la grande entreprise de fabrication ? Cela semble bien improbable ! Et pourtant, n’entend-on pas dire et rabâcher que les emplois potentiels se trouvent dans les PME ? Peut-être. Encore faudrait-il que ces PME traitent les clients et les consommateurs avec un peu de sérieux !

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