07 février 2008

Un gros mot

Dans le petit monde médiatique et politique, se murmure un vocable fantasmatique qui cristallise toutes les peurs et toutes les oppositions : une politique de rigueur. À entendre les réactions devant ce vocable, on pourrait croire que l’association de ces deux mots est un véritable scandale. La rigueur et la politique ne peuvent être associées dans un même vocable sans provoquer immédiatement des réactions irritées et des vociférations outrancières. Et pourtant … Qu’y a-t-il de scandaleux à ce que la politique soit menée avec rigueur ? La France est-elle trop habituée au laxisme en matière d’économie politique, laxisme qui se traduit concrètement par l’insondable dette du pays, pour pouvoir imaginer que l’économie politique puisse demander un peu de rigueur ? Pourtant, l’enseignement s’attache à inculquer aux élèves et aux étudiants que la rigueur est la base de tout travail et de toute réflexion.
Doit-on voir là aussi une faillite du système éducatif français ? Ou bien, en rejoignant ce que le Général De Gaulle pensait des Français, que le peuple est tellement étranger à l’effort que toute idée de rigueur lui est insupportable ? Comment expliquer autrement ce fait qu’il n’existe aucune corporation, aucun corps de métier, aucun syndicat qui ne réclame encore et toujours plus de moyens, alors que le pays est en état de quasi- cessation de paiement et que la balance commerciale affiche des records de déficit atteignant les quarante milliards d’Euros !! Mais la réalité est têtue : la France n’échappera pas aux sacrifices nécessaires et indispensables pour retrouver le chemin d’une saine gestion. Elle ne peut continuer à imposer aux autres pays européens des règles de rigueur qu’elle refuse de s’appliquer à elle-même. Préparer vos ceintures…

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