24 mars 2008

Culture et connaissance

Au début, il y eut la note, puis vint la partition. La systémique utilise deux concepts de base : l’élément et la relation entre éléments. La physique identifie les particules et les forces entre celles-ci. La chimie manipule les molécules et leurs liaisons. Objet et relations entre objets semblent construire une loi générale. Il semble que l’on puisse utiliser cette loi pour préciser la différence entre culture et connaissance. Connaître la date de la bataille de Poitiers n’a d’intérêt que si l’on comprend qu’elle est l’aboutissement d’un vaste et long processus d’expansion de l’Islam depuis Babylone jusqu’en France en traversant le Maghreb, processus qui perdura depuis les années 400 avant JC jusqu’au XVIIème siècle où, réduit au Califat de Grenade au cœur de l’Alhambra, les musulmans furent définitivement chassés d’Espagne. C’est cette compréhension que l’on appelle la culture. Savoir quelle est la hauteur du Mont Blanc est une chose ; savoir que les Alpes sont la création d’un long processus de tectonique entre les plaques africaine et eurasienne en est une autre. Savoir reconnaître une fugue de Bach d’une sonate de Chopin ne fait pas une culture musicale ; replacer l’une et l’autre dans l’histoire musicale des XVIIIème et XIXème siècles est un élément d’une véritable culture musicale. La connaissance est attachée aux faits, la culture est la compréhension de ce qui relie les faits entre eux. La même différence existe entre un dictionnaire et une encyclopédie. Il ne peut pas y avoir de culture sans connaissance, mais la connaissance peut exister sans culture. Aujourd’hui, Internet est un magnifique outil de connaissance, mais n’apporte rien de culturel. L’acquisition de la culture demande intelligence, effort et enseignement. La connaissance ne demande que de la mémoire. La note ne suffit pas pour créer la mélodie, il faut la partition.

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