07 mai 2010

Krach ?

Depuis vingt ans, faute d’investissements productifs, les entreprises ont perdu le combat de la compétitivité sur le plan mondial. Le résultat en est la désindustrialisation de la France, les délocalisations, le déficit de plus en plus grand de la balance commerciale. Faute de pouvoir jouer sur le levier de la croissance par les exportations, les gouvernements successifs, suivis ou poussés par les syndicats, se sont appuyés sur le seul levier qui leur restait, à savoir la consommation interne et les emplois aidés. Cette politique démagogique à long terme produit aujourd’hui ses effets, c’est-à-dire une dette colossale qui nous menace de connaître le sort de la Grèce. L’effondrement économique nous guette, accompagné par une crise sociale dont l’ampleur peut être catastrophique. La finance spéculative, immorale et sans scrupule, est à l’affût de la plus petite brèche pour enfoncer un coin destructeur dans l’économie du pays. Nous sommes en grand danger, malgré les discours faussement rassurants des hommes politiques de tous bords. Lorsque ces acteurs hors contrôle que sont les agences de notation auront créé la panique au Portugal (ce qu’elles s’apprêtent à faire), puis en Espagne et en Italie, la France sera leur prochaine victime. Notre seul salut passe par une cure d’austérité sévère qui ne manquera pas de créer des mouvements sociaux soutenus et alimentés par les syndicats et une partie de l’opposition politique, toujours prêts à verser dans la démagogie facile. L’État doit, à moyen terme, trouver 50 milliards de recettes nouvelles ou d’économies de fonctionnement. Les 5 milliards sur 3 ans, annoncés par le gouvernement, ne sont pas à la hauteur du problème. La petite Grèce cherche à faire 30 milliards d’économies alors qu’elle ne représente que 10% du PIB européen. Attendons-nous donc à voir les impôts augmenter fortement, au-delà du « rabotage » des niches fiscales, et les prestations sociales se réduire de façon importante. Espérons que les politiques auront le courage de mettre de côté leur hubris et leurs ambitions égoïstes pour prendre des décisions impopulaires que vont contester tous les syndicats. Il faut, dès maintenant, expliquer aux citoyens la réalité de la situation et prendre des mesures complémentaires permettant de remettre le pays sur la voie du développement. Malheureusement, la France ne peut sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve, sans l’Europe. Nous partageons avec un grand nombre de pays européens une monnaie commune. Et, toujours à l’affût de mauvais coups, les spéculateurs financiers ne manqueront pas de jouer l’Euro à la baisse si la situation ne s’améliore pas rapidement, entraînant dans la crise toute la zone Euro. Les responsables européens sauront-ils laisser de côté leurs égoïsmes nationaux et repousser l’horizon de leurs réflexions au-delà de leurs échéances électorales ? On peut en douter lorsque l’on constate qu’il a fallu plus de trois mois pour que ceux-ci trouvent un langage commun pour limiter la crise grecque, trois mois de trop qui ont suffi pour plonger celle-ci dans la tourmente sociale et toute l’Europe dans les remous financiers.

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