03 mai 2010

La burka infâme

Aux frontons de nos établissements publics, brille la devise de la République Française avec, en premier lieu parce que le plus symbolique, la Liberté. La République donne les libertés indispensables au citoyen : liberté d’entreprendre, liberté d’expression, liberté de circuler, liberté de culte … La liberté du citoyen est l’essence même de la République. Au nom de cette liberté, peut-on interdire le voile intégral porté par certaines femmes ? A-t-on le droit d’interdire la liberté de se vêtir comme on l’entend ? Il faut chercher la réponse dans le fait que nous vivons en communauté, c’est-à-dire qu’il y a nécessairement des limites aux libertés du citoyen. La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. L’égoïsme individuel a pour limite la fraternité collective. Il y a donc obligatoirement des règles du « vivre ensemble ». Ces règles sont fixées, dans une démocratie, par celle de la majorité. Une règle choisie et acceptée par la majorité des citoyens s’impose à tous. Sans cette règle, point de démocratie. Il y a donc une frontière entre la liberté et la contrainte de la vie collective. Cette frontière s’appelle « l’ordre public ». Tout citoyen est libre à condition de ne pas porter atteinte à l’ordre public. C’est la raison, par exemple, pour laquelle un citoyen n’a pas le droit d’être nu dans l’espace public, en dehors des lieux réservés à cet effet (hôpitaux, cabinets médicaux, …). Circuler nu dans l’espace public est une atteinte à l’ordre public, appelée attentat à la pudeur. Au nom de quelle atteinte à l’ordre public peut interdire le port de la burka dans l’espace public ? Une première réponse est simple : au nom du combat contre l’intégrisme, responsable de la montée mondiale du fanatisme et du terrorisme. La burka s’épanouit dans des pays où la femme est considérée comme un être inférieur et qui exportent ce comportement dans les démocraties où l’égalité de l’homme et de la femme reste un combat de chaque jour. Accepter la burka est un retour en arrière dans ce combat difficile. Une deuxième raison est que la burka signifie que vous êtes considéré comme indigne de tout contact, même visuel, avec la femme voilée. La burka est donc un comportement injurieux, voire raciste, vis-à-vis de tout interlocuteur. Une troisième raison est qu’une femme à qui l’on a imposé le port de ce voile infâme ne pourra jamais s’en plaindre sans risquer des représailles. La seule justification qu’elle pourra donner est qu’il s’agit d’une expression de sa seule volonté, de sa propre relation à sa religion. Comment pourra-t-on savoir si cette justification est sincère ? Même s’il en était ainsi, accepterait-on qu’au nom d’une quelconque religion, un individu se promène nu dans l’espace public ? Certainement pas, au nom de l’atteinte à l’ordre public. C’est exactement la même chose pour le voile intégral. De même qu’en France il est interdit de se promener avec une arme sans autorisation spéciale, il est naturel d’interdire le port du voile intégral dans la totalité du domaine public. Comment imaginer que l’on interdise le voile uniquement dans certains lieux et qu’on l’accepte ailleurs ? Imagine-t-on que l’on puisse demander à une femme voilée d’enlever son niqab en entrant dans une banque pour lui permettre de le remettre en sortant ? Devra-t-on mettre un agent de la force publique devant chaque banque, chaque poste, dans chaque bus pour interdire l’accès à une femme entièrement voilée ? Une loi dans ce sens serait parfaitement ridicule et inapplicable. Soutenir qu’une loi interdisant la burka dans les seuls établissements publics est l’unique solution pour des raisons d’applicabilité n’est qu’une hypocrisie.

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