01 novembre 2007

Où est passée l’économie de marché ?

Le pétrole flambe, ce qui est bien naturel, en somme. Ce qui l’est moins, c’est la raison de cet état de fait. En un an, le prix du baril de pétrole a pratiquement doublé. Certes, la ressource s’amenuise et ce qui est rare est cher. Comme, aujourd’hui, un pétrole bon marché est rare, le pétrole bon marché est donc cher ! Or, il n’y a pas moins de pétrole aujourd’hui qu’il y a un an. Il n’y a pas de nouvelles guerres non plus, à part quelques bruits de bottes, prétexte toujours évoqué pour justifier, sinon pour expliquer, une hausse du prix du pétrole. Il n’y a pas davantage de catastrophes naturelles menaçant les installations pétrolifères au large du Mexique. L’expansion énergétique de la Chine est essentiellement basée sur l’exploitation du charbon, effet de serre oblige. Il est donc difficile d’identifier la cause de cette hausse spectaculaire du prix du baril qui a joyeusement pris son envol vers les 120 dollars. Si ce n’est ni la rareté accrue, ni la destruction des installations, ni les guerres et autres tensions internationales, pas plus nombreuses aujourd’hui qu’il y a un an, que reste-t-il ? La spéculation financière. Le jeu consiste à jouer le prix du pétrole à la hausse, c’est-à-dire acheter aujourd’hui pour revendre demain plus cher, ce qui effectivement provoque la hausse. C’est un mouvement qui s’auto-entretient. Et, dans cette frénésie spéculative, sans création de richesse véritable, un petit nombre s’enrichit, essentiellement les fonds spéculatifs et souverains, au détriment du plus grand nombre. Il est à prévoir que ce mouvement spéculatif va s’étendre à l’ensemble des matières premières et aux céréales. Où est passée la « main invisible » d’Adam Smith ? Il faut également garder à l’esprit qu’une spéculation frénétique crée ce que les économistes appellent « une bulle » dont le destin est d’éclater. Lorsque la bulle pétrolière éclatera, celle d’Internet passera alors pour une petite plaisanterie.

Aucun commentaire: