08 juin 2008

L’or noir et les entreprises

Le monde est livré à la frénésie de la spéculation, véritable cancer de l’économie libérale. Cette spéculation est responsable de la crise immobilière, de la crise financière, de la crise alimentaire, de la crise énergétique. Le coût du transport est une variable qui va prendre de plus en plus d’importance avec le renchérissement excessif et incontrôlé du pétrole. La hausse constante du prix du baril est un phénomène spéculatif et irréversible. Il faut donc que les industriels repensent leur organisation en fonction de cette incontournable contrainte. Dans le coût d’un produit sur étagère, les coûts de mise à disposition représentent environ 30 à 35% du total (transport, manutention, stockage transitoire), surtout si l’entreprise a délocalisé tout ou partie de sa fabrication. La logistique devient donc une fonction de plus en plus stratégique. La réduction du coût de transport impose de trouver des solutions qui diminuent fortement la consommation d’énergie fossile. Et cette solution existe ! Les camions sont de très gros consommateurs de gas-oil lorsqu’ils roulent. Évitons donc que les camions roulent !! Il suffit, pour cela, de les mettre sur les trains. Ceux-ci fonctionnent à l’électricité. Pour ne pas simplement déplacer le problème de la consommation d’énergie fossile, les trains doivent utiliser de l’électricité d’origine nucléaire. Il faut donc renouveler le parc des centrales nucléaires, développer ce parc, accélérer la recherche sur les réacteurs à neutrons rapides (4ème génération), sur la fusion nucléaire (ITER) et sur le traitement des déchets. Tout déplacement d’un camion sur un train consommant de l’électricité nucléaire est une économie de carburant fossile et une émission de gaz à effet de serre en moins. Les entreprises doivent construire des plateformes de chargement-déchargement centralisées qui recevront par bateaux, trains, péniches, camions complets leurs différents produits depuis leurs fournisseurs. Dans ces plateformes, seront constitués des camions complets destinés aux clients finals (les distributeurs) qui seront chargés sur train et convoyés jusqu’à proximité de ces clients. Seule la livraison terminale sera effectuée par la route, diminuant ainsi le nombre de ces convois de camions dantesques et dangereux qui envahissent les autoroutes. Le secret de cette logistique est la massification du transport à tous les stades. Elle sera l’indispensable complément de la recherche en économie d’énergie. La contrepartie en est une moindre exigence (en restant dans le raisonnable) sur les délais de mise à disposition, tout en respectant la fiabilité. La société doit choisir entre la satisfaction immédiate souvent déraisonnable et un coût acceptable. Nos parents et grands-parents connaissaient « le prix des choses » parce qu’ils savaient attendre, le temps des pénuries leur ayant appris la patience. Nous serons bientôt obligés de faire de même. Il y a, cependant, un obstacle majeur : l’attitude réactionnaire actuelle des syndicats de la SNCF envers une modernisation du FRET, opposés qu’ils sont à toute réorganisation qui mettrait en cause un mode de fonctionnement inefficace mais protecteur. Cet obstacle est au moins aussi important que le traitement des déchets nucléaires. La réalisation d’un réseau efficace et fiable d’autoroutes ferroviaires demande de lourds investissements et une véritable révolution dans le fonctionnement du FRET. Il faudra donc du temps avant que ce réseau devienne opérationnel. Certes, les entreprises auront, à n’en pas douter, la capacité de s’organiser en fonction de cette rarescence des énergies fossiles. Mais la véritable mesure qu’il conviendrait de mettre en œuvre serait une lutte farouche contre la spéculation, c’est-à-dire contre tous ceux, particuliers, organismes, états, qui s’enrichissent de façon éhontée en créant le désordre et la faim.

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