14 février 2009

L’évaluation, un épouvantail ?

La cybernétique, la systémique, la médecine, la robotique, etc … sont autant de sciences et de techniques qui utilisent abondamment le principe du « feed-back ». Mesurer un résultat pour corriger une action est un principe essentiel du bon fonctionnement de tout organe ou organisme. La mesure du résultat est donc un principe essentiel de l’efficacité de tout système. La société, dans son ensemble, n’échappe pas à cette règle, les mesures de son fonctionnement étant présentes dans tous ses aspects. Le recensement, le calcul du PIB national, la balance commerciale, les indicateurs démographiques, la fameuse mesure du « moral des industriels », le volume de la consommation, etc…, etc… sont des exemples d’informations recueillies sur la société permettant d’identifier un éventuel dysfonctionnement. La crise actuelle montre, à l’évidence, la nécessité de tels indicateurs. Tout acteur de l’économie privée connait parfaitement l’utilisation de ces indicateurs mesurant son efficacité. La mesure de ces indicateurs est une chose, ce que l’on en fait en est une autre. La seule certitude est qu’en l’absence de tels indicateurs, le management devient impossible. Au nom de quoi l’enseignement en général et les Universités en particulier pourraient échapper à cette nécessité ? Le décret en préparation sur l’autonomie des universités possède un volet portant sur l’activité des enseignants-chercheurs. Ce décret introduit la nécessité d’une évaluation du travail de ces chercheurs. Vent debout contre ce décret, ces derniers le rejettent en bloc sans oser dire (sauf quelques Présidents d’Universités lucides) que la seule véritable raison est la mise en place d’un système d’évaluation de leur travail. Faisant montre d’un sentiment outragé devant ce qu’ils présentent comme une mise en cause de leur liberté individuelle, ils sont, en fait, tétanisés par l’éventualité d’une évaluation de leur travail. On peut légitimement se demander pourquoi. Ne serait-ce pas parce que cette évaluation mettrait en lumière le fait que certains d’entre eux font tout autre chose que de la recherche ? Les présidents d’université craindraient-ils que l’on s’aperçoive qu’ils utilisent des chercheurs à temps plein à des tâches purement administratives ? La promotion de ces enseignants-chercheurs est directement liée au fait qu’ils réalisent effectivement des travaux de recherche. Craindraient-ils qu’en mettant en lumière le fait que certains d’entre eux n’en font quasiment pas, ces derniers craignent de compromettre un avancement devenu un avantage acquis ? L’argument consistant à dire qu’un mécanisme d’évaluation serait contraire à la liberté du choix du sujet de recherche est complètement fallacieux. Cette liberté est, évidemment, une absolue nécessité. Sans elle, tout un pan de la recherche fondamentale risque de disparaitre. Mais il n’est nullement question de porter atteinte à cette liberté de choix. Il est seulement question de pouvoir assurer au contribuable que l’effort financier qui lui est demandé est justifié. Pour cela, il n’est pas d’autre moyen que d’évaluer, non pas le contenu d’une recherche, mais sa réalité effective. C’est ce contrôle dont ne veulent à aucun prix les chercheurs. Doit-on penser que ce refus est motivé par la crainte de découvrir une réalité bien différente de ce que l’on croit ? C’est, hélas, à craindre. Décidément l’Enseignement est profondément malade. On ne compte plus les essais de réforme ébauchés par les gouvernements successifs (de droite comme de gauche) depuis cinquante ans qui se sont heurtés à un refus infrangible des enseignants, entraînés par les syndicats les plus réactionnaires de la planète !

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