09 janvier 2008

Attali ou Stiglitz ?

Nicolas Sarkozy fait appel aux prix Nobel pour donner une consistance au concept de politique de civilisation. Il faut bien deux prix Nobel pour essayer d’assimiler ce concept développé par E. Morin tout au long d’un bon millier de pages sans qu’il soit certain que quiconque ait bien compris ce que ce concept signifiait. Travail sans doute difficile si l’on constate qu’aucun intellectuel français ne s’est approprié cette idée. Les BHL et consort n’ont pas avancé une seule idée sur le sujet. Peut-on penser que Joseph E. Stiglitz sera à la hauteur ? Que peut-on attendre de l’auteur de « La grande désillusion » ou de « Quand le capitalisme perd la tête » ? Il serait prétentieux de prévoir à l’avance les résultats de ses réflexions, mais il est absolument certain que ses éventuelles préconisations ne seront pas teintées de libéralisme échevelé, loin de là. Il n’est que de lire ses ouvrages pour en être convaincu. On peut, certes, apprécier le fait que le Président de la République fasse appel à des intellectuels de tous bords pour éclairer ses décisions et ses choix politiques. Ce n’est que le prolongement de « l’ouverture », mise en œuvre depuis le début de sa magistrature et qui a plongé la gauche en état de coma avancé. Mais il y a un gros « Mais ». En effet, si l’on peut approuver l’idée que des hommes de talents existent dans tous les partis politiques et qu’il est bon pour le pays de faire appel à leurs compétences, il faut quand même qu’existe une certaine cohérence ou, autrement dit, que les contradictions ne soient pas aveuglantes. C’est ce qui risque d’arriver avec la commission « Attali » d’une part et le travail de J.E. Stiglitz d’autre part. Autant Attali est l’homme du libéralisme et de la mondialisation, autant le prix Nobel est un adversaire résolu de la mondialisation et du consensus de Washington. La suppression de l’indépendance des banques centrales, la suppression des bourses des matières premières agricoles, l’interdiction des brevets sur les OGM, l’introduction d’une taxe généralisée du type « Tobin » font partie des préconisations du prix Nobel de l’économie. Il est à parier que les contradictions avec les préconisations de la commission « Attali » seront fortes.

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