23 mars 2009

Aveuglement

Nous venons d’assister à un événement stupéfiant sans qu’il n’ait reçu l’écho qu’il mérite. En effet, devant l’attitude invraisemblable des dirigeants américains d’AIG – qui s’octroient des bonus monstrueux alors qu’ils sont en partie responsables de la crise mondiale actuelle – les démocrates et les républicains du Congrès ont voté, presque immédiatement et ensemble, une loi confiscatoire de ces primes. Ce qu’il y a de surprenant dans ce fait est, d’une part, qu’une telle loi soit votée en quelques jours dans un pays où le libéralisme capitaliste est une religion et, d’autre part et surtout, que cette loi soit votée par la majorité et l’opposition dans un même mouvement d’indignation civique et pour le bien commun. On rêve de voir enfin, en France, une majorité et une opposition parlementaires travailler de conserve pour sortir le pays de la crise profonde où il s’enfonce, en faisant fi de leurs divergences idéologiques et polémiques. Quels drames faut-il qu’il advienne pour que les hommes politiques unissent leurs forces et leur intelligence (si elle existe !) et pour qu’ils consentent à oublier un moment leurs préoccupations électorales à court terme et à courte vue ? Mais les socialistes préfèrent polémiquer sur un bouclier fiscal dont l’enjeu atteint difficilement quelques millions d’Euros (alors que la perte d’activité nationale est prévue à hauteur de 45 milliards d’Euros environ !) et utiliser ce prétexte pour s’opposer au gouvernement, alors que l’État s’est endetté de plusieurs dizaines de milliards pour tenter de ralentir les effets de la crise. Pourquoi, si le consensus est à ce prix, le gouvernement ne prend-il pas en considération les critiques de l’opposition ? Pourquoi majorité et opposition n’arrivent-elles pas à se mettre d’accord sur le diagnostic et sur la meilleure stratégie à mettre en œuvre ? Pendant que les arrière-pensées fleurissent dans le monde politique et obèrent les chances de succès, les drames se multiplient dans le monde ordinaire du peuple qui entend un discours préfabriqué et polémique dans lequel les « petites phrases » prennent plus de place que les idées.

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