12 janvier 2009

L’instantanéité, une erreur ?

La formidable crise systémique que connaît actuellement le monde entier (des USA à la Chine en passant par l’Europe) a eu comme origine une faillite du système financier. Or, quelle est la caractéristique de ce système ? L’instantanéité. Le système bancaire est indispensable au système économique de la même manière que le système sanguin est indispensable au corps humain. Sans lui, l’économie est en état létal. Or, depuis le milieu du XXème siècle, les hommes se sont efforcés, dans toutes leurs activités, non pas de supprimer le temps, ce qui est hors de portée, mais de raccourcir la « durée ». Tout doit aller de plus en plus vite. Les hommes ont ainsi inventé le juste-à-temps, le temps réel, la grande vitesse et ont appliqué ces principes et concepts à toutes leurs activités : industrielles, de déplacement, de traitement de l’information. Même dans le domaine de l’alimentation, ils ont inventé le « fast-food » ! Mais c’est dans le domaine du traitement de l’information que la réduction drastique de la durée a été portée à son apogée. Le traitement informatique de l’information a supprimé totalement le concept de durée pour le remplacer par celui d’instantanéité. Et c’est dans le monde de la finance que cette instantanéité est utilisée de façon permanente. Les flux monétaires circulent autour du monde sans aucun délai. En rapprochant ce fait avec la quasi-faillite généralisée du système à laquelle nous avons échappé de justesse (mais non sans en subir les conséquences), on peut se demander si l’instantanéité est un concept qui n’induit pas obligatoirement l’écroulement du système. Nous vivons dans un monde systémique, puisque globalisé et interconnecté. Si donc un dysfonctionnement se produit dans ce système, l’instantanéité induit un écroulement immédiat de l’ensemble. L’instantanéité a mis le monde en état d’équilibre dangereusement instable. Et un équilibre instable se caractérise par le fait qu’une cause infiniment petite provoque le collapsus généralisé du système.
L’évolution a mis 4 milliards d’années pour « inventer » le vivant et 7 millions d’années pour construire un système aussi complexe que le corps humain. La nature, dans son fonctionnement, a besoin de durée pour assurer une succession des saisons qui permettent à la nature de croître et d’évoluer. Le corps humain (comme celui des autres organismes vivants) a besoin de temps pour fonctionner normalement. La croissance, le sommeil, la digestion, le développement cérébral, la gestation sont autant d’activités des organismes vivants pour lesquelles la durée est une obligation vitale. Comment ne pas penser alors que l’instantanéité conduit inéluctablement à la catastrophe car contraire à l’essence même de la vie ? La véritable rénovation que les politiques nous promettent ne devrait-elle pas être de réintroduire la durée dans les activités humaines ? Cela permettrait, au moins, de réfléchir avant d’agir !! Le temps c’est de l’argent, dit-on en voulant dire que le temps est coûteux. Ne devrait-on pas dire : le temps c’est la vie ?

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