20 janvier 2009

Obamania

Le monde, essentiellement les mondes occidental et africain, est envahi par une hystérie irréfléchie due à l’arrivée à la Maison Blanche du nouveau président américain. À écouter les commentaires, le nouveau messie est arrivé ! Le monde, en pleine déconfiture et angoissé par la crise sans précédent qui s’amorce, cherche désespérément à se rassurer avec l’arrivée d’un homme providentiel. Certes, Barak Obama a fait de très beaux et importants discours. Mais des discours restent des discours. Et nous devrions savoir, ô combien, qu’il y a toujours loin des discours à l’action. Cet homme, certes premier président américain noir, est avant tout américain. Ses priorités seront donc essentiellement américaines. De plus, les contingences du moment vont nécessairement s’imposer à lui comme au reste du monde et elles vont mettre un frein sérieux aux rêves un peu fous qu’Obama a suscités. Les Européens espèrent que la crise économique va disparaître par enchantement grâce à un redémarrage miraculeux de l’industrie américaine. Les Africains rêvent que leur continent va enfin sortir de l’impasse et de la déréliction dans lesquelles il est plongé depuis toujours par la seule volonté du Président américain. Le monde est malade et espérer sa sédation par la seule action de Barak Obama est une pure utopie. Il se préoccupe du sort de Guantanamo, réfléchit au retrait de l’Iraq, envisage de rénover les relations entre les USA et le reste du monde, toutes ces préoccupations sont essentiellement tournées vers l’Amérique. Certes, lorsque l’Amérique éternue, le monde s’enrhume. Lorsque l’Amérique retrouvera une économie prospère, le monde ira mieux. Mais, tout en étant certain qu’il essaiera, absolument rien ne garantit qu’Obama réussisse. Le monde espère un renouveau miraculeux américain, alors que l’état de l’industrie est absolument catastrophique et qu’il faudra longtemps avant que la situation s’améliore. Certes, nous allons assister à un « new New Deal », semblable à celui que Roosevelt a mis en œuvre en 1933. Mais, à cette époque, le monde était encore cloisonné et l’Amérique relativement à l’abri des convulsions du monde. Il faudra attendre 1940 pour que Roosevelt se tourne enfin vers l’Europe. Aujourd’hui, le monde est ouvert et la métaphore du papillon a toute sa valeur. Il est à craindre que la déception soit à la hauteur du rêve. Le pire n’est jamais sûr, mais comme disait Nietzsche : « Votre situation est difficile, mais rassurez-vous, le pire est à venir ».

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