22 janvier 2009

La Bourse ou la vie

L’activité économique n’est autre que celle des hommes. Il est donc étonnant de constater que nous subissons la crise économique actuelle comme si nous n’y pouvions rien. Si nous subissons les méfaits de ce que nous faisons, pourquoi ne suffit-il pas de faire différemment pour que tout reparte et que la crise disparaisse ? Pourquoi ? Parce qu’il est trop tard. Pendant plus de vingt ans, nous avons fait semblant. En effet, nous avons laissé se développer une activité qui n’avait rien à voir avec le travail des hommes. Je veux parler de l’activité financière où certains acteurs ont inventé des jeux subtils et complexes pour eux seuls et qu’ils étaient seuls capables de pratiquer. Ils ont été les seuls joueurs d’un jeu illusoire, créant de soi-disant richesses fictives par la simple circulation d’une monnaie fictive et entièrement dématérialisée qui s’est multipliée comme un cancer mortel. De plus, cette activité empoisonnée a supprimé ce qui est la source naturelle de tout ce qui est vivant, à savoir le temps. La conséquence immédiate de cette suppression a été la prolifération incontrôlée d’une monnaie cancérigène et le développement de comportements voyous et immoraux des acteurs de ce jeu mortifère. Un monde factice s’est ainsi créé dont le seul avenir possible était de s’effondrer lorsque la réalité aurait enfin repris ses droits. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Les richesses créées par cette activité factice disparaissent comme neige au soleil. La crise que nous subissons est un simple réajustement au niveau des activités et des productions réelles. C’est donc un recul incontournable et il est à craindre que les plans dits de relance n’y pourront rien. Que constate-t-on ? Que les (ir)responsables de cet effondrement, qui commence à provoquer des ravages chez les plus faibles et les plus démunis, restent impunis de ce crime contre l’humanité entière. Le système bancaire est responsable de la circulation monétaire comme le cœur est responsable de la circulation sanguine. L’un et l’autre sont indispensables, celui-ci à la vie biologique, celui-là à l’économie et à la vie sociale. Alors, pourquoi ceux qui ont provoqué l’infarctus du système bancaire n’ont-ils aucun compte à rendre et pourquoi ne sont-ils pas derrière les barreaux ? Un médecin qui est responsable d’un arrêt cardiaque chez un de ses patients est traîné en justice et doit réparation. Pourquoi tous ces irresponsables de la finance mondiale échappent-ils au jugement des hommes qu’ils ont plongés dans des difficultés sans nom ? De plus, cette crise relève du phénomène de prophétie auto-réalisatrice comme il existe à la Bourse. Les acteurs, anticipant la venue de difficultés, prennent des décisions qui aggravent les effets de la crise et poussent ainsi les décideurs à renforcer encore leurs mesures restrictives. C’est le même phénomène bien connu de la Bourse. La critique systématique et violente des actions du gouvernement crée un manque généralisé de confiance dans l’avenir et participe ainsi au comportement autodestructeur des acteurs économiques. Alors, la Bourse ou la vie ?

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