14 février 2011

Révolte ou Révolution ?

L’allumette tunisienne a fait exploser la bombe égyptienne. Nous venons d’assister à une révolution populaire exemplaire, tellement importante que nous devons, nous autres occidentaux et particulièrement nous autres français, l’accompagner avec la plus grande attention. La civilisation égyptienne est vielle de six milles ans d’histoire. Elle a donné au monde quelques-unes de ses plus grandes pages d’histoire. C’est peut-être le poids de cette ancienneté séculaire qui explique la dignité et le courage avec lesquels les Égyptiens ont conduit leur révolution. Les Français devraient être particulièrement frappés et émus par le fait que la foule égyptienne de la place Tahrir a repris en chœur et en français la trilogie révolutionnaire des années 1790, liberté, égalité, fraternité ! Les Égyptiens ont ainsi fait comprendre la filiation de leur révolution avec la Révolution Française. Cela nous donne des devoirs. La France se doit d’être particulièrement attentive à l’évolution de la situation pour que cette révolution débouche, comme celle de 1789, sur une véritable démocratie et, pourquoi pas, sur une vraie République. La non-ingérence à laquelle font référence nos gouvernants, pour expliquer leur effacement pratiquement total durant les évènements, ne doit pas obérer le devoir de la France dans l’accompagnement discret, mais amical et efficace, de l’évolution à venir de la situation. En effet, les dangers existent que cette situation dérive vers des solutions dangereuses. Bien que son comportement fut, jusqu’à présent, exemplaire, il n’en reste pas moins que le pouvoir est aux mains de l’armée. Ce simple fait est déjà un accroc à la démocratie. De plus, cette armée est traversée de convictions très différentes car, comme le peuple égyptien, elle est constituée de citoyens de toutes croyances et nous ne pouvons être sûrs de son comportement à venir. Enfin, n’oublions pas que les Frères Musulmans restent, quoi qu’ils en disent, une hypothèque sur l’avenir. Des pays voyous comme l’Iran espèrent, et le font savoir, que l’islamisation radicale de la société égyptienne trouvera là le moyen de se développer. Il est indispensable que les occidentaux restent vigilants et trouvent les voies et moyens pour éviter ces dangers. Le peuple égyptien mérite de connaître la vraie liberté, celle de la démocratie laïque. Un certain nombre de signes sont inquiétants. Pourquoi des milliers de réfugiés fuient-ils la Tunisie vers l’Italie alors que le dictateur a pris la fuite, si ce n’est que parce que l’économie du pays s’effondre ? Pourquoi le portrait d’Hosni Moubarak a-t-il été remplacé par le nom d’Allah dans la salle de réunion des membres du gouvernement ? Pourquoi faut-il 6 mois aux militaires égyptiens pour rendre le pouvoir aux civils ? Avoir suspendu la constitution, dissous le Parlement et décidé de gouverner par décrets revient à donner les pleins pouvoirs aux militaires. Les jeux ne sont pas faits et il faut rester vigilant sans que le romantisme nous aveugle. Pour le moment, nous venons d’assister à la révolte des peuples. L’avenir dira bientôt s’il s’agit de révolutions.

10 février 2011

Corporatisme indécent

Qui, plus que les magistrats, est censé respecter la loi ? Celle-ci stipule que le droit de grève n’existe pas pour ces deniers. Or, dans un mouvement corporatiste généralisé, un grand nombre de magistrats, faisant fi de la loi, se mettent en grève en refusant de s’occuper de dossiers qu’ils jugent eux-mêmes « non urgents ». Il est à craindre que les justiciables concernés n’aient pas la même appréciation ! La raison de cette forfaiture ? La responsabilité éventuelle des magistrats impliqués a été évoquée par le pouvoir exécutif lors de l’affaire dite « Laetitia » (une jeune fille est horriblement assassinée par un détenu dangereux relâché sans suivi judiciaire). Devant cette attitude irresponsable, deux réflexions viennent à l’esprit. Le pouvoir judiciaire serait-il le seul qui n’aurait aucun contre-pouvoir ? Qui se souvient de sanctions énoncées par le Conseil Supérieur de la Magistrature envers un de ses membres ? Pour mémoire, rappelons quelques « erreurs » qui sont restées sans suite pour la magistrature :
Monique Case : condamnée en 1965 et acquittée le 5 mai 1966 ;
Roland Agret : condamné en 1973, Paris, rejugé et acquitté en 1985 et réhabilité ;
Rida Daalouche : condamné en 1991 puis le 12 avril 1994, rejugé et acquitté le 8 mai 1999 ;
Jean Dehays : condamné en 1949, rejugé et acquitté en 1955.
Jean-Marie Devaux : condamné en 1963, rejugé et acquitté en 1969 ;
PatrickDils :1989, Montigny-lès-Metz (France) rejugé et acquitté en 2002 ;
Ce rappel n’est, certes, pas exhaustif. Enfin, on ne peut passer sous silence la scandaleuse affaire d’Outreau, dans laquelle le procureur Gérard Lesigne confie l’instruction au juge Burgaud, qui détruit la vie d’une quinzaine d’innocents, à jamais pour certains. Malgré une commission parlementaire qui a mis en évidence les manquements de l’instruction, menée uniquement à charge et sous influence, le Conseil Supérieur de la Magistrature n’a pris aucune sanction envers les magistrats en cause. Ces simples rappels devraient inciter les magistrats à plus de retenue dans la manifestation de leur mécontentement. Certes, la Justice manque de moyens. Mais, qui n’en manque pas ? Quand tous ceux qui expliquent leurs défaillances par le sempiternel manque de moyens comprendront-ils que le pays est en voie d’appauvrissement et qu’il devient indécent de refuser toute remise en cause par le seul argument des moyens insuffisants ? Quand comprendront-ils que nous n’avons pas d’autre issue que d’essayer de faire mieux, avant d’être contraint de faire seulement autant, avec moins de moyens ? Quand comprendront-ils que nous devons payer le fait d’avoir, depuis un demi-siècle, vécu au-dessus de nos moyens ? Quand comprendront-ils que nous ne pouvons pas reporter sans cesse et sans vergogne sur les générations futures la charge de payer ? La charge de la dette est de l’ordre de 50 milliards d’Euros, ce qui en fait le deuxième poste budgétaire de l’État après celui de l’Éducation Nationale qui atteint 60,5 milliards d’Euros. Peut-on suggérer au Syndicat de la Magistrature de négocier avec les syndicats de l’Éducation Nationale un transfert de moyens entre les budgets de la Justice et de l’Éducation Nationale ? Le spectacle risque d’être fort intéressant !

09 février 2011

La médiocrité nous gouverne

Le monde est en crise. Les dictatures sont ébranlées, un milliard d’êtres humains meurent de faim, quelques prédateurs s’enrichissent de façon éhontée au détriment du plus grand nombre, les pays occidentaux vacillent sous la poussée des pays émergents, le terrorisme envahit la planète, les dérèglements climatiques la dévastent, les droits de l’homme sont bafoués un peu partout sans vergogne. Pendant le même temps, les politiques et les médias complices nous abreuvent de considérations véhémentes sur les déplacements des membres du gouvernement ! Sans propositions réelles et crédibles, ils s’agitent frénétiquement et de façon ridicule, allant jusqu’à réclamer, en toutes occasions, la démission de tel ou tel membre du gouvernement, espérant faire croire ainsi que le rôle de l’opposition est fermement tenu. En réalité, le vide sidéral de la pensée politique est consternant et inquiétant. Toutes ces fausses indignations sur des faits anecdotiques cachent l’incapacité des politiques à construire une vision et un projet crédible. La chasse aux concepts fumeux et éphémères (le « care », l’égalité réelle, la démocratie participative, le désir d’avenir, la politique de civilisation, l’identité nationale, …) cache le désarroi intellectuel considérable des élites politiques. Rien n’est venu remplacer le marxisme à gauche ou le libéralisme de la main invisible à droite. Le déficit intellectuel se camoufle difficilement derrière une misère intellectuelle inquiétante qui se contente de slogans et de formules incantatoires, d’indignations feintes et faciles. Les intellectuels ne sont d’ailleurs pas en reste de déficit de la pensée. Le show médiatique a pris le pas sur la réflexion et l’immédiateté sur la construction prospective. Aveuglés par leurs ambitions personnelles, inhibés par leur ignorance et leur médiocrité, empêtrés dans leurs rivalités, les hommes politiques ne savent plus ce que le mot « politique » veut dire, ce qu’il contient d’exigeant, ce qu’il nécessite pour construire une vision managériale de la société dans le monde. Faute d’une véritable ambition nationale, ils instrumentalisent des concepts fumeux dont ils espèrent qu’ils cacheront le vide de leur pensée et leur irresponsabilité. Le pays est en manque grave d’hommes politiques capables d’oublier leur ambition personnelle pour s’investir entièrement dans l’intérêt national.

31 janvier 2011

Les grands défis technologiques

Il ne s’agit pas ici de recherche fondamentale, mais de recherche appliquée, c’est-à-dire de celle qui a des conséquences sur la vie des hommes. En dehors des défis « classiques » de la recherche technologique comme les nanotechnologies et biologique comme le vaccin contre le sida, nous avons devant nous cinq défis majeurs qui vont devenir rapidement des urgences.
• Le premier touche à l’agriculture et aux surfaces cultivables de la planète. Actuellement, il existe 1,5 milliard d’hectares cultivables pour 7 milliards d’habitants en 2010 qui deviendront 9 milliards en 2050. Il reste 2,7 milliards d’hectares de terres arables actuellement non utilisées, parmi lesquelles on trouve les surfaces inexploitables du fait de leur relief ou de leur exposition climatique. Les extrapolations montrent qu’il faut trouver 120 millions d’hectares d’ici 2030. Certains pays, comme la Chine, l’Arabie Saoudite, les Émirats, se sont déjà lancés dans la recherche de ces surfaces supplémentaires. La Chine, en particulier, avec 20% de la population mondiale et 9% seulement des surfaces cultivées, achète des terrains agricoles en Afrique et en Amérique latine. À ce phénomène de terres manquantes, aggravé par la réduction des surfaces agricoles due à l’érosion, l’urbanisation, la montée du niveau des océans, la sécheresse, s’ajoute celui de la diminution mondiale de la population d’agriculteurs. Actuellement, 49% de la population mondiale vit en zones urbaines. Cette migration de population va continuer. En Chine, 300 millions de chinois vont migrer de la campagne vers les villes dans les 25 ans à venir. Nourrir l’ensemble de la population mondiale peut devenir un problème si une gestion des terres cultivables n’est pas mise en œuvre à l’échelle de la planète, en parallèle avec une gestion de l’eau et l’amélioration des rendements.
• Connexe au problème de l’agriculture, existe celui de la disparition des insectes pollinisateurs, des abeilles en particulier. Ce phénomène mondial mobilise des chercheurs de toutes nationalités car il pourrait avoir des conséquences très graves menaçant l’agriculture et une grande partie des ressources alimentaires. Multifactoriel, le dépérissement des colonies d’abeilles trouve une partie de ses causes dans les activités humaines et leurs influences sur les paysages, les ressources et les équilibres écologiques.

• Un autre défi est le stockage géologique du CO2 dans les couches profondes de l’écorce terrestre. Les énergies « nouvelles » resteront un appoint et ne permettent pas de résoudre le problème des transports aériens et maritimes (la voiture reste un produit de luxe). L’exploitation du pétrole et des schistes bitumineux va perdurer, la production de CO2 augmenter, les dégâts du réchauffement s’étendre. Comme les forêts, les tourbières et les puits océaniques de carbone ne suffisent plus à absorber les émissions humaines de CO2, et comme le protocole de Kyoto n'a pas permis de diminuer le total des émissions de gaz à effet de serre, les effets du réchauffement de la planète s’accentuent. Il existe un certain nombre de sites où l’on expérimente l’injection du CO2 dans les couches profondes de l’écorce terrestre : Sleipner et Snøhvit en Norvège, Weyburn et Zama au Canada, In Salah en Algérie, K12b aux Pays-bas, Blue Lake aux USA. En Europe, cinq sites ont été identifiés pour expérimenter cette technique.
• Le monde produit une quantité invraisemblable de déchets, à tel point que leur élimination est devenue un problème majeur. Le recyclage n’est encore que très partiel (le plastique n’est recyclé que de 20 à 30 % environ) et l’on retrouve dans les décharges de grandes quantité de matériaux qui pourraient utilement resservir (plastiques, métaux, cartons). L’exploitation des décharges comme gisements de ressources devient donc un enjeu important. Il faut donc améliorer de façon importante les techniques du recyclage qui sont, à l’heure actuelle, beaucoup trop inefficaces.
• Les énergies dites renouvelables restent encore, et pour longtemps, au stade du rêve. En effet, les seules solutions actuelles sont les éoliennes et les cellules photovoltaïques. Aucune de ces solutions ne peut prétendre être une solution de remplacement à l’énergie fossile. Si les éoliennes se construisent un peu partout, elles restent globalement anecdotiques. Au début de l’année 2009, on estimait à près de 121 gigawatts la puissance totale installée de l’ensemble des éoliennes à travers le monde, dont 3 387 MW en France, ce qui représente environ 800 engins. La dépendance de ces installations aux conditions climatiques impose de prévoir des solutions permettant de fournir instantanément la puissance manquante en cas de conditions défavorables. Les centrales nucléaires ont un temps de démarrage beaucoup trop long pour pouvoir être des solutions d’appoint. Seules, les centrales à gaz ou à charbon permettent de fournir immédiatement la quantité d’énergie manquante (une centrale à gaz peut démarrer en 15 minutes). Ce qui veut dire que les éoliennes s’accompagnent d’installations à émission de gaz à effet de serre, ce qui limite beaucoup l’aspect écologique tant vanté par les écologistes. De plus, il est difficile de concevoir de couvrir le pays d’éoliennes pour obtenir l’énergie nécessaire sans provoquer des réactions de rejet de la part des populations. Au Danemark, où le pays est saturé d’éoliennes, la production éolienne ne représente qu’environ 20% de la production totale d’électricité.
La technique des panneaux photovoltaïques n'a pas atteint la maturité et de nombreuses pistes de recherches sont actuellement explorées. Il s'agit d'abord de faire baisser le prix de revient de l'électricité produite, mais aussi d'obtenir des progrès en matière de rusticité, de souplesse d'usage, de facilité d'intégration dans des objets, de durée de vie. Des accroissements du rendement de leurs cellules sont nécessaires. Pour cela, il faut améliorer l’exploitation de toutes les longueurs d'onde du spectre solaire. Pour l'instant, seule une partie de la lumière visible, principalement les rayonnements verts et les bleus, est transformée en électricité et le rayonnement infrarouge n'est utilisé que par les panneaux thermiques pour chauffer de l’eau. La production française d’électricité à partir de cette technique reste anecdotique. Le total de la production éolienne et photovoltaïque atteint environ 1% du total produit. Enfin, l’alternance jour-nuit impose, comme pour les éoliennes, de prévoir des centrales thermiques à démarrage rapide pour pallier une demande d’électricité marginale alors que les installations photovoltaïques ne peuvent y répondre.
Ensuite, le vieillissement des centrales nucléaires devient problématique et la raréfaction du combustible uranium est aussi inéluctable que celle du pétrole. Le problème des déchets radioactifs est très loin d’être résolu et va, obligatoirement, devenir prégnant. La seule alternative crédible, encore que risquée, est ITER. La source de combustible devient inépuisable et le problème des déchets disparaît. Domestiquer la fusion nucléaire, comme le fait le Soleil, est une aventure risquée, car rien ne permet de savoir aujourd’hui si le succès est au bout du chemin, mais elle est pratiquement obligatoire.

28 janvier 2011

Une victoire pour Ben Laden ?

La Tunisie, l’Algérie, l’Égypte, le Yémen … la révolte des peuples sous le joug des dictatures arabes se répand comme une traînée de poudre. L’inquiétude règne dans tous les ces pays parmi leurs dirigeants. L’Occident regarde ce vent de protestation et d’exigence de liberté avec circonspection, ce qui peut paraître paradoxal de la part de ceux qui brandissent le drapeau de la démocratie en toutes occasions. Pourquoi une telle perplexité ? L’explication tient dans la crainte de l’Occident face à l’islamisme et à ses impardonnables dérives. Les dictatures arabes, en muselant toute opposition, en emprisonnant les protestataires, en truquant les caricatures d’élections, apparaissent aux occidentaux comme un rempart face à la montée de l’islamisme. Depuis longtemps, Al Qaida a déclaré la guerre à ces régimes dictatoriaux, jugés impies et violant les lois coraniques, traites aux musulmans à cause de leurs relations avec les occidentaux. Muselées dans leur expression, paralysées dans leur action, les oppositions ne peuvent espérer que le renversement de ces dictatures. Dans le même temps, pour les islamistes, ce renversement est le point de passage obligé pour créer l’occasion d’une prise de pouvoir. Ainsi, les révoltes actuelles dans certains pays arabes sont une divine surprise pour les extrémistes musulmans. Conscients de ce danger, les pays occidentaux se trouvent hésitants entre la nécessité de soutenir ces révoltes populaires qui réclament la chute des dictatures et la crainte d’une prise de pouvoir par les islamistes à l’aune d’une vacance du pouvoir. Il est, en effet, à craindre que les oppositions modérées, complètement désorganisées par des années de répression, soient incapables d’assurer une réelle transition démocratique et laissent ainsi la voie ouverte aux islamistes pour remplacer une dictature par une autre, encore plus répressive.
Le devoir des démocraties occidentales est donc clair. Il faut qu’elles apportent, sans réserve, leur aide aux oppositions modérées pour que celles-ci s’organisent et assurent une transition évitant toute vacance du pouvoir. Ceci est certainement plus facile à dire qu’à faire. Ben Laden est à l’affût !

22 janvier 2011

La VI ?

L’anniversaire de la disparition de F.Mitterrand a donné lieu à une bousculade quelque peu burlesque des principaux caciques du Parti Socialiste. Ils sont tous (ou presque) venus se bousculer autour de la tombe présidentielle pour rendre un hommage appuyé au président défunt et se livrer au petit jeu de « plus Mitterrandiste que moi, tu meurs » en revendiquant l’héritage, oubliant volontairement « le droit d’inventaire » ou le « lui c’est lui et moi c’est moi » ! Les oubliettes de l’Histoire ont ainsi accueilli les critiques anciennes adressées à F. Mitterrand par ceux qui sont devenus ses plus ardents thuriféraires. La perspective des futures élections présidentielles est passée par là, F.Mitterrand devenant la référence incontournable de tous les nombreux candidats socialistes qui ont fait semblant d’oublier que ce dernier a pronostiqué, à juste titre semble-t-il, être « le dernier des grands présidents de la Ve République » ! La perte de mémoire sélective n’est d’ailleurs pas l’apanage des socialistes actuels. Le premier atteint fut F.Mitterrand lui-même. En effet, rappelons-nous ce qu’il écrivait dans son ouvrage « Le coup d’État permanent » en 1964. Faisant référence aux institutions de la Ve République, ne parlait-il pas de « l’effritement progressif des institutions, de la disparition du contrôle parlementaire, du retour en force de la justice d’exception » ? N’ajoutait-il pas que «toutes les issues sont déjà bouchées par où la liberté voudrait un jour passer » ? Ne s’insurgeait-il pas devant « le pouvoir d’un seul (qui) insulte le peuple de citoyens » ? Et pourtant, avec quel plaisir il s’est installé dans le costume de Président de la Ve République, oubliant tous ses griefs et utilisant avec jouissance les pouvoirs que lui donnait la Constitution. Il ne lui est pas venu à l’esprit de la modifier pour faire naître la VIe République. Il a exercé pleinement le pouvoir, malgré l’insulte au peuple de citoyens ! C’est pourquoi il ne faut pas prendre au sérieux l’annonce de certains candidats à la candidature socialiste qui, poussés par la nécessité de se démarquer pour être visible, croit bienvenue de s’engager à faire naître une nouvelle République. Cette annonce se veut le seul moyen pour donner davantage de pouvoir au Parlement. Cette revendication est avancée par les partis d’opposition qui rêvent de conquérir le pouvoir et, en particulier, celui de défaire les gouvernements … comme pendant la IVe. Ceci fait craindre que, si VIe République il y a, la « guéguerre » des partis ne reprenne comme au temps de la IVe et que l’instabilité gouvernementale mortelle pour la France ne renaisse de ses cendres. Mais rassurons-nous et faisons un pari. Si un socialiste atteint la magistrature suprême, il se sentira soudainement, comme son illustre prédécesseur, confortablement installé dans les habits de la Constitution actuelle et ne la changera pas ! En 1976, avant le règne de F.Mitterrand et dans « La vérité guide leurs pas », Pierre Mendès France faisait les prédictions suivantes : « On peut se demander ce que va devenir un système conçu et modelé pour et par un homme… Les assemblées chercheront inévitablement à retrouver plus de droits … Aucun précédent historique ne permet de croire que le régime fonctionnera dans l’avenir sans de très larges modifications ». Trente-cinq ans plus tard, la Constitution est toujours là, l’alternance s’est produite, la cohabitation a fonctionné, le régime a fonctionné sans changement. Malgré l’espoir de certains socialistes, le régime des partis ne reviendra pas pour la raison simple que le futur Président, quel qu’il soit, jugera que la Constitution actuelle est la meilleure garante de son appétit de pouvoir !

11 janvier 2011

Mondialisation2

La mondialisation, souvent nommée globalisation, nous est présentée comme le cadre incontournable du développement de nos sociétés et la condition irréfragable du succès économique des nations. En déplaçant un peu le point de vue (parallaxe !), la mondialisation montre un visage différent et inquiétant. En voici quelques traits.
L’évidence est aveuglante. Le vrai pouvoir a quitté les hommes politiques et les gouvernements et il appartient maintenant à quelques milliers de financiers, de spéculateurs, de managers. Ce sont eux qui imposent les fusions, les réorganisations au service de la valeur de l'action. Ils réorganisent les entreprises par rachats, fusions, concentrations et reventes successives. À terme, on peut craindre que ne se créent des oligopoles pour chaque type d'activité économique majeure… et il n'y aura plus alors de réelle concurrence, ce qui est déjà presque le cas dans un certain nombre de secteurs (agroalimentaire, aéronautique, industrie pharmaceutique, énergie…). La mondialisation rend arbitraire la valeur des actions à partir du moment où la concurrence n'existe plus. C’est ce que démontrent les aléas boursiers actuels, conséquence de l’économie de casino et de la crise financière dans lesquelles le monde est plongé. C’est ainsi que ces financiers et ces spéculateurs décrètent et appliquent leurs lois. Un exemple en est le comportement des grands laboratoires pharmaceutiques qui se construisent des fortunes avec des molécules extrêmement coûteuses payées par les systèmes de protection sociale et finalement par le contribuable, molécules parfois dangereuses, et qui refusent de s'engager dans des recherches qui permettraient de découvrir des molécules beaucoup moins onéreuses et donc accessibles aux malades du tiers-monde. Ou encore qui refusent d'engager des recherches dans les domaines où il n'y a pas assez de malades, abandonnant les victimes de maladies orphelines à leur sort ! Dans le même temps, utilisant la libre circulation des capitaux et les paradis fiscaux, ces entreprises soustraient leurs profits à l’impôt. Les entreprises du CAC 40 ont un taux réel d’imposition sur les bénéfices de 14% alors que les PME supportent le taux légal de 33%. Impuissants, les politiques n’ont pas le pouvoir d’empêcher un tel comportement. Qui peut croire que les décisions de ces capitalistes de l'extrême soient dictées par la recherche du bonheur du plus grand nombre qui subit, plus qu'il ne demande, les fusions, restructurations, destructions de leur outil de travail ?
La mondialisation tend à l'uniformité. Celle des économies, celle des comportements, celle des cultures. Peut-être même, à terme, celle des religions et des croyances. À moins que l'uniformisation de ce qui s'échange ne laisse de côté justement ce qui ne s'échange pas, c'est-à-dire les religions, les ethnies, les régionalismes. Les communautés vont alors se replier sur des valeurs qui vont devenir conflictuelles car nécessairement passionnelles. Et la mondialisation va ainsi s'accompagner d'un régionalisme intégriste dangereux. Une alternative est que la mondialisation envahissant le domaine de la culture et, poussée à l'extrême, gomme et efface toute l'histoire des hommes. Or, nier et effacer l'histoire revient, en fait, à nier toute différence entre les nations d'aujourd'hui et, à terme, entre chacun d'entre nous. Seule la différence entre les nantis et les autres, les repus et les affamés, perdurera sans aucune possibilité de correction car cela irait à l'encontre d'une valorisation maximale de la valeur de l'action de la société "monde". Oublier l'histoire, c'est oublier ses parents, c'est nier le devoir de mémoire, c'est accepter que l'on dise "Hitler, connais pas !".
La mondialisation est celle de la dictature du marché mondial qui se constitue indépendamment des droits de l'homme et, souvent, de la morale. La mondialisation du marché a une vitrine, l'O.M.C., et une armée, les entreprises et les mafias internationales. Celles-ci recherchent, par la délocalisation de leurs productions, les pays où la (dé)réglementation sociale leur est la plus favorable, c'est-à-dire où elle est le plus en décalage avec les droits de l'homme les plus élémentaires. C'est ainsi que, grâce au travail – à l'esclavage – des femmes et des enfants, il leur est possible de fabriquer des boissons, des vêtements, des chaussures, des jouets, des produits électroniques à des coûts de fabrication les plus bas possible, garantissant leurs profits et donc les dividendes à verser aux actionnaires, véritables maîtres du jeu que sont les investisseurs institutionnels comme les fonds de pension anglo-saxons.
La mondialisation n'empêche pas les guerres qui deviennent des guerres ethniques ou de religion, seule possibilité restante, dont l'histoire, justement, a montré – et montre encore aujourd'hui – combien elles peuvent être meurtrières et résistantes aux interventions des gouvernements. D'autant que la mondialisation pourrait entraîner celle de ces guerres religieuses. Peut-on concevoir ce qu'auraient été les croisades à l'échelle mondiale et l'hécatombe qu'elles auraient provoquée au nom de Dieu ? Imagine-t-on ce que serait une guerre islamique organisée, au nom d'Allah, à l'échelle mondiale ? La sourde concurrence agressive, parfois terroriste, que se livrent les intégristes musulmans et évangélistes fanatiques sur toute la planète en sont, peut-être, les prodromes. La chasse aux coptes déclenchée par les premiers et la mise sous influence de G.W.Bush par les seconds afin d’engager la guerre en Irak en sont des indices.
La mondialisation donne l’image d’un monde entraîné vers un avenir où les hommes ne maîtriseront plus rien et où le pire devient possible. Comment s’étonner du pessimisme des citoyens ?

07 janvier 2011

Indignez-vous encore

Lors de l’émission du 7 Janvier 2011, dans le Grand Journal de Canal+, un journaliste de Marianne annonce, sans coup férir, que les seniors des maisons de retraite servent clandestinement de cobayes aux laboratoires pharmaceutiques pour l’essai de médicaments nouveaux. Cette déclaration, sans preuve, sans démonstration, a laissé de marbre le responsable de l’émission. Une telle déclaration ressemble pourtant, à s’y méprendre, à la théorie du complot avancée par tous les dictateurs de la planète, lorsqu’ils n’ont aucun argument pour justifier leurs forfaits. Le journaliste, qui s’abaisse au même procédés, ne mérite plus le nom de journaliste. Donc, boycottez Marianne, jusqu’à ce que ce journal apporte la preuve de ce que son journaliste a avancé. De deux choses l’une. Où bien ce journaliste est sûr de ce qu’il avance et il doit en apporter immédiatement la preuve, compte tenu de l’énormité de l’accusation. Où bien il a simplement recherché le sensationnel et le vedettariat au sein d’une émission de grande écoute et il appartenait alors au responsable de l’émission de recadrer des propos inacceptables. Cette émission était, de toute façon, indigne !

04 janvier 2011

Indignez-vous

Indignez-vous, nous exhorte Stéphane Hessel. L’année commence à peine et, déjà, un sujet d’indignation s’offre à nous. Le Premier Ministre Hongrois Viktor Orban prend la présidence de l’Union Européenne pour 6 mois. Or, le gouvernement hongrois vient de faire voter une loi qui assassine la liberté de la presse en menaçant d’une sanction financière létale tout organisme de presse qui publierait des informations qui ne seraient pas de son goût ! L’OSCE a qualifié, prudemment, cette réforme de « menace pour la liberté de la presse ». Les responsables européens sont restés, par contre, scandaleusement silencieux. L’Europe a été construite sur les valeurs de la démocratie et elle ne manque pas de dresser ce drapeau lorsqu’elle prétend donner des leçons au monde entier. Et voilà qu’elle accepte que le pays qui préside à sa destinée pendant 6 mois bafoue ouvertement une des libertés fondamentales d’une démocratie. Il y a là quelque chose de totalement intolérable. Et il est incompréhensible que les responsables européens n’aient pas refusé une telle présidence dans de telles conditions. Cela démontre, en tout cas, l’inutilité absolue de Mr. Van Rompuy !

23 décembre 2010

Les agences de notation

La crise financière majeure qui secoue le monde entier depuis des mois est comme un opéra tragique guidé par un chef d’orchestre, véritable monstre à trois têtes : les agences de notation que sont Fitch Ratings, Moody’s et Standard & Poor’s. Ces organismes, s’érigeant en deus ex machina et hissant haut le drapeau de la transparence et de l’information objective, donnent leur avis (le fameux AAA) sur la confiance que les investisseurs et les spéculateurs peuvent avoir envers des entreprises, des produits financiers, des capacités des États à rembourser leur dette. Le problème est que ces agences sont rémunérées (achetées ?) par ceux-là même qu’elles évaluent. Leur objectivité peut alors être sérieusement mise en doute. Le fâcheux et scandaleux précédent d’Eron est là pour nous rappeler à la prudence, ces agences ayant maintenu une bonne notation de l’entreprise jusque quatre jours avant la faillite ! Avec leur bénédiction, les organismes financiers et les banques ont développé une économie de casino s’appuyant sur des produits structurés complexes utilisant les concepts de titrisation et de dérivés de crédit qui ont tenu un rôle central dans l'accélération des effets de la crise. Dans cette véritable catastrophe, les agences ont joué un rôle majeur dans le développement du marché, à tel point que les banques ont utilisé les modèles développés par les agences elles-mêmes pour faire leurs montages financiers douteux, ce qui a permis à Moody's de donner la notation la plus haute à ces produits structurés. Après la déconfiture tragique des « subprimes », Moody’s et Standard & Poor’s ont conseillé la banque Goldman Sachs, principal responsable de la crise, afin de trouver les meilleures voies pour tirer profit de la débâcle ! S’abritant derrière l’argument que leurs notations ne sont que des opinions, les agences ne garantissent rien à personne et se disent non responsables des conséquences de décisions prises d'après ces opinions. Mais la malfaisance de ces organismes ne s’arrête pas là. En effet, les pays endettés empruntent sur les marchés financiers pour rembourser (ou essayer de rembourser) leur dette, extravagante pour certains d’entre eux. Les organismes emprunteurs décident alors du taux de remboursement en tenant compte de l’avis des agences de notation. Or, celles-ci viennent d’appliquer le principe de la double peine. En effet, après avoir pénaliser les États pour cause de dette excessive, elles pénalisent ces mêmes États pour avoir pris des mesures tendant à réduire leur dette au prétexte que ces mesures risquent d’entraver la croissance. Quelle confiance peut-on avoir dans ces organismes qui manient de façon aussi virtuose et sans vergogne mensonge et hypocrisie ? Quelle crédibilité ont-elles encore ? Le monde ne se porterait-il pas mieux si ces agences n’existaient pas ? On peut le croire.

11 décembre 2010

Où sont les hommes d’État ?

Y a-t-il des pilotes responsables dans l’avion Terre ? Après les réunions de Kyoto en Décembre 1997 et de Copenhague en Décembre 2009, la conférence de Cancun qui a lieu en Décembre 2010, désertée par les chefs d’État, ne débouchera que sur des déclarations d’intention assez vagues pour que tout le monde puisse renter tranquillement chez lui sans se sentir engagé à quoi que se soit de sérieux. Encore une fois, les égoïsmes nationaux et les préoccupations électorales de court terme auront prévalu sur l’intérêt général. Peut-il en être autrement lorsque les plus grands pollueurs de la planète ne veulent s’engager sur la moindre mesure concrète que se soit ? Les catastrophes climatiques se multiplient avec une cadence alarmante depuis 1998, année des plus grandes inondations que le Bengladesh ait connues. En 1999, un cyclone a fait 30.000 victimes en Inde, une tempête exceptionnelle a accompagné la France dans son passage au vingt et unième siècle, des glissements de terrain gigantesques font 30.000 morts au Venezuela. C’est au Printemps 2000 que l’on assiste au détachement du plus grand iceberg antarctique jamais vu (une superficie équivalent à la Belgique), à une sécheresse meurtrière en Afrique de l’Est. En 2001, la Sibérie connaît des crues cataclysmiques obligeant à l’évacuation de 25.000 personnes, le Texas et la Louisiane sont sous les eaux, pendant qu’une sécheresse sans précédent s’abat sur la Corée, le Honduras, le Nicaragua, le Guatemala et le Salvador, alors que l’Inde connaît également la sécheresse durant l’été 2002. Toujours en 2002, des inondations exceptionnelles s’abattent sur l’Europe centrale. Qui ne se souvient de la canicule qui a sévi en France durant l’été 2003 ? Des incendies gigantesques surviennent en l’an 2000 aux USA, en 2009 en Australie et en 2010 en Russie (qui ne sont d’ailleurs peut-être pas terminés). En 2005, Katrina détruit La Nouvelle Orléans et fait 1800 morts. Les glaciers reculent partout dans le monde, le phénomène El Nino prend des proportions de plus en plus importantes, la banquise arctique disparaît presque totalement en été. Etc, etc … Qui peut nier que nous assistons à un changement climatique majeur aux conséquences déjà visibles et imprévisibles dans le futur proche ? Ne peut-on attendre d’un véritable homme d’État que l’intérêt général l’emporte sur tout autre considération ? Où sont donc passés les véritables hommes d’État ? Une certitude : ils ne sont pas à Cancun !

08 décembre 2010

Pauvre Afrique

Décidément, les Africains sont soumis à une malédiction épouvantable. Après avoir été pillés de leurs ressources, réduits en esclavage, subissant famine et sécheresse, avoir servis de poubelle pour les industries occidentales,les voilà soumis à la folie destructrice de leurs dirigeants. La démocratie reste un rêve inaccessible. Le pouvoir, l’enrichissement personnel sont des drogues auxquelles succombent leurs gouvernants et leurs affidés. La caricature d’élection présidentielle qui vient de se dérouler en Côte d’Ivoire en est une illustration paradigmatique. Détournant les profits de la filière du cacao à son profit par l’intermédiaire de sa femme, faisant assassiner par l’armée Guy André Kieffer pour s’être intéressé de trop prêt aux détournements de ces profits, Laurent Gbagbo, dont le quinquennat aura duré dix ans en reportant pour de mauvaises raisons et par cinq fois les élections, vient de réaliser un véritable coup d’État en s’auto-proclamant vainqueur des élections présidentielles malgré sa défaite électorale. L’Afrique se meurt du comportement de ses dirigeants assoiffés de pouvoir, conduisant les peuples de coups d’état en coups d’état menés par des militaires de seconde zone, plus proche de chef de guerre et de tribus que de chef d’État. Le détournement des richesses par les nervis du pouvoir laisse les Africains dans une pauvreté sans issue qui fait naître des révoltes débouchant sur des guerres civiles, des massacres ou utilisant les seuls moyens terroristes qui leur restent. Certains de ces dirigeants, comme Robert Mugabe au Zimbabwe, prospèrent sur la famine du peuple. La colonisation a découpé arbitrairement ce continent en fonction des ambitions territoriales des colonisateurs, sans se préoccuper des espaces ethniques et des répartitions culturelles existantes. Le départ inorganisé de ces derniers a laissé derrière eux des populations déchirées qui ont sombré dans des luttes ethniques tournant parfois aux massacres épouvantables comme ceux du Rwanda ou de la République Démocratique du Congo, aux guerres civiles récurrentes comme en Angola. Dans l’Afrique francophone, sous un faux-nez démocratique, se cachent des dictateurs sans scrupule qui manipulent leur loi constitutionnelle pour conserver un pouvoir à vie. Les faits sont sensiblement différents dans les pays africains anglophones où une véritable démocratie existe chez certains d’entre eux. Pourquoi cette différence ?

03 décembre 2010

La Transparitude

La publication dans les médias des informations piratées par Wikileaks a ouvert une vive polémique sur la « transparence ». Ceux qui soutiennent l’action de Wikileaks justifient leur avis au prétexte que tout doit se savoir, que démocratie et transparence sont inséparables, que cette action doit se juger comme un juste contre-pouvoir nécessaire en démocratie. Ce point de vue fait donc du secret un lourd défaut de la société, suggère que tout a vocation à être mis sur la place publique. Exit donc la protection de la vie privée et de ses secrets d’alcôve, exit la confidentialité des négociations politiques, commerciales et économiques, vive l’espionnage dans tous les domaines de la vie publique et privée ! Qui peut sérieusement soutenir un tel point de vue ? Par une étrange coïncidence, cette « fuite » monstrueuse, dont les sources sont anonymes même si l’on soupçonne aujourd’hui l’identité de l’auteur, s’est produite dans un pays dont on ne peut soupçonner un seul instant qu’il ne soit pas démocratique. Rien de semblable ne risque de se produire en Chine ou en Iran !! Ainsi donc, au nom d’une soi-disant défense de la démocratie, on cherche à porter un coup potentiellement dangereux à la plus grande démocratie mondiale. Un parfum d’anti-américanisme primaire se dégage d’un tel comportement. De plus, lorsque l’on examine le contenu des « révélations » de Wikileaks, on ne peut que constater qu’il s’agit beaucoup plus de rumeurs de comptoirs de bar que d’informations sérieuses et utiles, même si leur diffusion peut créer ici ou là quelques difficultés. Qu’apprend-on de vraiment nouveau sur l’américanisme de Nicola Sarkozy ou sur l’existence d’une corruption généralisée en Russie ? La seule leçon à retenir de cet épisode est que l’administration américaine a sérieusement besoin de reconsidérer la protection de ses services. Le journalisme d’investigation a, certes, la mission de rendre publiques des informations qui permettent de comprendre et de juger les faits. Le monde aurait grandement gagné si des informations avaient circulé sur les pratiques bancaires scandaleuses des banques américaines avant que n’éclate la bulle des subprimes ! Nous serions tous plus protégés si des informations étaient fournies sur les pratiques actuelles de Goldman Sachs qui conduisent à nouveau le monde vers d’énormes difficultés. Mais, comme tout acteur, le journaliste doit posséder une déontologie qui lui interdise de confondre information et délation. Les magistrats et avocats devraient bien réfléchir à cela et de respecter davantage le secret de l’instruction si souvent violé ; la justice y gagnerait en sérénité. Le secret défense actuellement opposé par le Gouvernement aux demandes d’informations des juges sur l’affaire de Karachi ou des frégates de Taiwan aurait tendance à faire regretter un manque de transparence et un Wikileaks à la française ! Aucun système n’est et ne sera jamais parfait et un compromis sera toujours obligatoire. Imaginons ce qui pourrait se passer si le secret défense n’existait pas et si tout ce qui touche réellement à la sécurité du pays était public ? Ne confondons pas transparence et transparitude !

30 novembre 2010

L’affaire Karachi-enlit

« L’incompréhension du présent naît de l’ignorance du passé » disait Marc Bloch. Pour éviter qu’il en soit ainsi de « l’affaire » Karachi, il est bon de rappeler les faits qui tiennent en seize points.
1 – En 1988, a lieu la réélection de François Mitterrand à la Présidence de la République.
2 – En Mai 1989 débute l’affaire des frégates de Taiwan.
3 – En Août 1991, signature du contrat de vente de 6 frégates militaires pour 16 milliards de Francs.
4 – En 1994, sévit la cohabitation. Édouard Balladur est alors Premier Ministre et Nicolas Sarkozy est Ministre du Budget. La signature d’un contrat de vente de 3 sous-marins au Pakistan a lieu en Septembre. Alors que le contrat semble bouclé, E.Balladur impose deux intermédiaires, Ziad Takieddine et Abdulrahman El Assir, avec versement de 33 millions de Francs de commission. Il est impossible de croire que cela s’est fait sans l’aval de François Mitterrand.
5 – En Mai 1995, pendant la campagne électorale qui verra l’élection de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy est porte-parole d’Édouard Balladur tandis que Nicolas Basile est son directeur de campagne. Après l’élection de J. Chirac, Dominique de Villepin est nommé Secrétaire Général à l’Élysée. Le Conseil Constitutionnel, avec la voix prépondérante de Roland Dumas alors Président du Conseil, valide les comptes de campagne des deux candidats, malgré l’opposition des quatre membres de gauche et la présence de 13 millions de Francs en espèces et d’origine inconnue sur les comptes d’E. Balladur.
6 – En 1996, Jacques Chirac suspend le versement des commissions. La véritable raison n’en est pas connue.
7 – En Mai 2001 s’ouvre le procès des frégates de Taiwan à la suite d’une enquête entreprise par le juge Éva Joly.
8 – En Juin 2001, la France vend 3 sous-marins à l’Inde, au moment de tensions fortes entre ce pays et le Pakistan.
9 – En Mai 2002 a lieu la réélection de Jacques Chirac et le 8 Mai se produit l’attentat de Karachi, provoquant la mort de onze français appartenant à la DCN.
10 – En Janvier 2004, Dominique de Villepin demande au juge Van Ruymbeck le lancement d’une enquête sur la vente des frégates de Taiwan pour connaître les détails des conditions de cette vente.
11 – Au mois de Mai 2004, le juge Van Ruymbeck reçoit anonymement des listings de comptes secrets de Clearstream sur lesquels apparaissent des personnalités politiques dont Nicolas Sarkozy qui sont soupçonnées d’avoir reçu des rétro commissions.
12 – En 2006, Nicolas Sarkozy se porte partie civile et porte plainte au mois de Décembre.
13 – En Mai 2007, Nicolas Sarkozy est élu Président de la République.
14 – En Juillet 2007, Dominique de Villepin est mis en examen.
15 – En Septembre 2009, débute le procès Clearstream au cours duquel il est démontré que les listings Clearstream sont des faux. En Octobre, Dominique de Villepin est relaxé, mais le procureur fait appel du jugement.
16 – En Novembre 2010, Villepin, Million, Giscard d’Estaing font état de fortes suspicions portant sur des rétro commissions dans la vente des sous-marins au Pakistan.

À l’examen de ces faits, On peut alors identifier deux affaires distinctes. La première porte sur l’existence de rétro commissions ayant servi, peut-être, à financer des partis politiques, voire la campagne d’Édouard Balladur en 1995. Cette affaire pourrait alors être l’occasion saisie par Dominique de Villepin pour assouvir sa haine viscérale et se venger de Nicolas Sarkozy, à la suite du procès Clearstream associé lui aussi à des soupçons de rétro commissions. Pour l’instant, tous les accusateurs, politiques ou médiatiques, ne parlent que de fortes suspicions sans apporter la moindre preuve.
La seconde affaire porte sur les raisons de l’attentat de Karachi. Sur celle-ci on peut alors faire quelques hypothèses, sans qu’aucune d’elles ne puisse également être étayée par des preuves. Première hypothèse : l’attentat est la conséquence de l’arrêt du versement des commissions dues au contrat des sous-marins. Cela suppose que les intermédiaires aient des accointances avec le terrorisme. Dans ce cas, on peut s’interroger sur les raisons qui ont poussé Édouard Balladur à les mettre dans le circuit. Seconde hypothèse : l’attentat est l’œuvre d’Al Qaida, mais cette organisation ne l’a jamais revendiqué, ce qui est en contradiction avec tous les autres attentats dont elle est l’instigatrice. Troisième hypothèse : l’attentat est l’œuvre des services secrets pakistanais en répression de la vente de trois sous-marins à l’Inde, ce qui, compte tenu de l’attitude pour le moins ambiguë du Pakistan vis-à-vis du terrorisme, est plausible.
Reste à comprendre l’attitude du gouvernement et de l’Administration au sujet du secret Défense dont ils ont entouré tout ce qui touche à la vente des frégates de Taiwan, des sous-marins au Pakistan et à l’attentat de Karachi. Que chacun se fasse une opinion sans oublier que des suspicions n’ont jamais fait une preuve.

26 novembre 2010

Incertitude ?

Les grandes manœuvres se déploient au sein du Parti Socialiste qui veut nous faire croire que, pour les élections présidentielles de 2012, les jeux sont démocratiquement ouverts. L’écran de fumée des primaires cherche à nous aveugler et nous faire croire que les choix ne sont pas arrêtés. À y regarder de plus près, on s’aperçoit qu’il n’en est rien. Les candidats à la candidature se multiplient qui pourraient nous faire accroire que la démocratie règne au sein du parti alors qu’en fait les jeux sont (pratiquement) faits. On peut, en effet classer toutes ces candidatures en deux catégories. La première regroupe les trois candidats « poids lourds », à savoir DSK, Martine Aubry et Ségolène Royal. La seconde agglomère tous les autres candidats, déclarés ou non. En ce qui concerne le trio de tête, l’entente est manifeste (et déclarée) pour que le candidat officiel soit DSK. Celui-ci ne peut actuellement se déclarer officiellement candidat sans démissionner aussitôt de son poste de directeur du FMI. Or, cette fonction participe de façon primordiale à sa crédibilité. Il doit donc la préserver le plus longtemps possible. Il ne se déclarera officiellement qu’au second trimestre 2011, c’est-à-dire un an avant la fin de son mandat au FMI. Il se peut même que Martine Aubry se déclare candidate au début des primaires pour conserver la place « au chaud » et démissionner afin de laisser la pace à DSK trois mois avant les élections présidentielles, ce qui permettrait ainsi à DSK de conserver sa position internationale presque jusqu’à la fin de son mandat. Quant aux autres candidats, leur seule ambition est de « se placer » pour les élections suivantes, à savoir celles de 2017. L’indignation qu’ils manifestent devant l’entente de fait entre les trois premiers n’est que pure façade. Ils savent pertinemment qu’ils doivent se construire une crédibilité et une visibilité nationales pour avoir la moindre chance d’être élu. Les primaires leur offrent cette possibilité, du moins l’espèrent-ils. Tous ne gagneront pas à ce jeu. Il n’y a, dans tous les cas, aucune incertitude réelle sur le nom du candidat officiel du Parti Socialiste.

22 novembre 2010

L’Univers a-t-il une origine ?

Le grand problème actuel de la Cosmologie est d’expliquer l’origine de l’Univers. Le chemin suivi est d’utiliser les outils de la mécanique quantique pour chercher à établir une « Théorie du Tout », Graal de la physique contemporaine, capable d’expliquer la naissance et l’évolution de notre Univers. La Relativité Générale prédit un Univers en expansion, ce qu’a confirmé les observations d’Edwin Hubble en 1929 : les galaxies s’éloignent les unes des autres à une vitesse d’autant plus grande qu’elles sont plus éloignées, signe d’une expansion de la géométrie de l’Univers dans toutes les directions de l’espace (ce qui est différent du déplacement des galaxies les unes par rapport aux autres). Comme les équations de la physique sont symétriques par rapport au temps, il est possible de mettre en évidence un monde de plus en plus petit, dense et chaud en remontant le temps. C’est de cette façon que l’on démontre qu’il y a environ 13,7 milliards d’années, l’Univers se réduisait à une singularité, c’est-à-dire un point infiniment dense et chaud. Mais la physique a toujours eu horreur des infinis, ce qui fait soupçonner qu’il se passe autre chose à l’instant zéro. De plus, ce point « zéro » se trouve nécessairement situé dans le « néant » (qui n’est pas le « vide »), ce qui pose quelques problèmes métaphysiques : en effet, dès que l’on cherche à concevoir ce « néant », on donne lui donne une réalité qui exige que l’on se pose la question de savoir « dans quoi » est situé ce néant.
La théorie quantique décrit les phénomènes du monde de l’infiniment petit, la relativité générale décrit les phénomènes gravitationnels de l’infiniment grand. La mécanique quantique définit les interactions par échange de particules (bosons) entre les particules constituant la matière (fermions). La relativité générale, quant à elle, attribue la force de gravité à une déformation géométrique de l’espace due à la présence de la matière, ce qui fait disparaître le paradoxe d’une interaction qui se propagerait instantanément, c’est-à-dire plus vite que la lumière. Il s’agit de deux visions incompatibles du monde. Le modèle standard du monde des particules élémentaires décrit trois des quatre interactions fondamentales (électromagnétique, nucléaire faible, nucléaire forte) en délaissant la gravité. Dans le monde qui est le nôtre, ces deux domaines sont bien distincts, ce qui permet de les traiter séparément. Mais il n’en est pas de même lorsque les dimensions spatiales de l’Univers sont de l’ordre de la longueur de Planck (10 puissance (-35) cm), la matière et l’espace-temps étant alors tellement enchevêtrés qu’aucune méthode de calcul ne sait traduire cette situation qui consisterait à prendre en compte simultanément les quatre interactions fondamentales. Lorsque l’Univers est réduit à ces dimensions, c’est-à-dire à 10 puissance (-43) seconde avant le « temps » zéro (temps de Planck), les équations dégénèrent, l’espace-temps se dissout. Tant que l’Univers n’a pas atteint l’âge du temps de Planck, le temps et l’espace tels que nous les connaissons n’existent pas. En deçà du temps de Planck, la Relativité Générale et la physique quantique deviennent incompatibles car les quatre forces fondamentales sont du même ordre de grandeur et il n’est plus possible d’en négliger une seule. Donc, en-deça du temps de Planck, on ne sait pas ce qui se passe, le prétendu temps zéro n’a pas de sens. Pour essayer de mettre en équation cette « durée » de Planck, les physiciens ont essayé d’élaborer des hypothèses. D’où une floraison de théories (les supercordes, les branes, les multivers, …) , débouchant sur un « événement » initial donnant naissance à notre Univers, qui font disparaître la singularité et, du même coup, l’instant zéro ce qui signifie que l’Univers n’a pas d’origine, au sens temporel du mot. L’inconvénient majeur de ces théories est qu’elles sont invérifiables (au sens de Karl Popper) et qu’elles ne sont donc, à ce jour, que des conjectures et risquent bien de le rester. De plus, aucune théorie n’est et ne sera capable de répondre à l’ultime question : POURQUOI y a-t-il quelque chose plutôt que rien.
Cf. l’ouvrage d’E. Klein : Discours sur l’origine de l’Univers (Éditeur Flammarion)

17 novembre 2010

Colère

Certes, il ne s’agit pas d’un événement considérable. La prestation du Président de la République à la télévision ne porte pas, en elle-même, une révolution ni une révélation. Qui d’ailleurs s’y attendait ? Cependant, il faut constater avec tristesse, que la prévisibilité de ce qui s’est passé est absolument consternante. Le discours pro domo du Président s’est déroulé devant un trio de journalistes pratiquement au garde-à-vous qui, dans un réflexe corporatiste attendu, n’ont trouvé un peu de pugnacité que sur le sujet des journalistes. Le sujet le plus important du moment,à savoir la dette colossale du pays n'a été abordé que pendant 3 minutes. Les commentaires sont aussi d’une navrante prévisibilité et d’une répétitivité consternante. Les commentaires de la majorité parlementaire se contentent de navrantes louanges qui se ressemblent à chaque intervention du Président. Quant aux commentaires de l’opposition de tous bords, ils sont encore plus répétitifs et creux que d’habitude : le président ne parle pas des vrais problèmes, il ne dit pas la vérité, il n’a pas de vision. Combien de fois n’a-t-on entendu cette antienne ? On pourrait croire qu’il s’agit d’un copier-coller des commentaires des interventions de Jacques Chirac. Il y a de quoi hurler de colère !

16 novembre 2010

Continuité

Décidément, rien ne changera jamais au Parti Socialiste. Rappelez-vous quelques morceaux choisis. Pendant deux ans, nous avons été bercé par la critique de l’hyper-présidence et l’omnipotence de Nicolas Sarkozy (président omnipotent, omniprésent, omniscient !). Les ministres « d’ouverture » ont été immédiatement traités de traîtres et leur nomination de manœuvre grossière. Les injures ont plu sur Bernard Kouchner et Éric Besson. La nomination des ministres de « la diversité » a été jugée comme une simple opération de communication. Pendant les quelques heures qui ont séparé la démission du Premier Ministre et sa nouvelle nomination, le Parti Socialiste s’est écrié, de façon ridicule, « à la carence du pouvoir ». À la présentation des nouveaux ministres, le gouvernement a été jugé immédiatement « clanique », les anciens ministres d’ouverture n’ayant pas été reconduits. La reconduite de François Fillon a été le prétexte pour, soudainement, traiter le Président de la République d’hypo-président ! Après l’avoir tant vilipendé, Ségolène Royal ouvre maintenant ses bras à Bernard Kouchner. Tout cela est la marque d’une attitude pavlovienne qui cherche à cacher, sans succès hélas, que le Parti Socialiste n’arrive pas à incarner un parti de gouvernement. Pourquoi crier au retour de la « droite dure », c’est-à-dire faire semblant de s’étonner du fait que N. Sarkozy soit de droite ? À force de vouloir s’opposer à toute force, sans même craindre les contradictions les plus criantes, les hommes du Parti Socialiste en paraissent puérils. Confondre la critique systématique et immédiate avec une attitude politique responsable est une profonde erreur dont ce parti n’est pas sorti. Le parti présidentiel s’est mis en ordre de marche pour les futures élections, les centristes vont s’agiter pour le faire à leur tour, les écologistes se préparent. Il serait temps que le Parti Socialiste en fasse de même et cesse de cacher ses querelles internes sous le tapis de ses soi-disant et fallacieuses primaires dont la véritable raison est de retarder le plus possible le choix de leur candidat. Il est temps qu’il accepte le fait que c’est au candidat d’avoir un projet et non pas au parti d’imposer un carnet de route au futur Président. Il est temps que la vie politique prenne un peu de hauteur et que nous sortions de ces attitudes récurrentes et préfabriquées qui lassent le citoyen.

15 novembre 2010

La différence

Le quarantième anniversaire de la mort de Charles de Gaulle a été l’occasion d’une commémoration médiatique de sa vie et un rappel de tout ce qui a fait la grandeur exceptionnelle de cet homme qui a vécu imprégné « d’une certaine idée de la France ». Animé d’une immense ambition pour son pays qui trouvait ses racines dans l’Histoire, il fut pratiquement le seul chef d’État de la Cinquième République ayant eu une action qui a changé profondément le pays. Tant à la Libération (droit de vote aux femmes, sécurité sociale, nationalisation de grandes entreprises stratégiques) que pendant ses septennats (la Constitution, l’assainissement des finances, la reconnaissance internationale, la décolonisation, l’indépendance nucléaire civile et militaire, le Concorde prodrome d’Airbus, la réconciliation franco-allemande, l’entrée de la Chine sur la scène internationale, le TGV, les autoroutes…), le Général De Gaulle, animé d’une véritable vision pour son pays, a toujours recherché avec succès les voies de la grandeur de la France. Il n’a jamais eu besoin d’un cénacle bavard pour lui bâtir un programme de développement nécessaire au pays. Toujours conscient du rôle éminent du Président de la République, son attitude a été faite de droiture pointilleuse, de grandeur prise souvent pour de la froideur mais conforme à ce qu’il avait écrit sur « le rôle du chef » et d’autorité incontestée. Le rapprochement avec la présidence actuelle fait cruellement ressortir la médiocrité de l’époque. L’inconsistance des discours et la vulgarité des attitudes des politiques actuels qui, en lieu et place d’une certaine idée de la France, n’ont qu’une idée certaine de leurs ambitions personnelles, nous dressent un contraste saisissant avec « l’homme du 18 Juin ». À la recherche permanente de la dignité collective, se sont substitués l’état et l’image actuels déplorables de la présidence, le manque de vision des politiques, un discours des acteurs de tous bords toujours tentés par le populisme, les petites phrases en lieu et place d’idées et de volonté, une image internationale dégradée de la France. De Gaulle parlait de la France lorsque les politiques d’aujourd’hui parlent de « ce pays ». Cela fait toute la différence.

12 novembre 2010

La guerre monétaire

Au début était le troc. Puis est venu l’étalon or. Dans ce système, toute émission de monnaie se fait avec une contrepartie et une garantie d'échange en or. Les parités de deux monnaies différentes sont donc fixées par rapport à l'or, et les taux de change sont stables entre pays participants.
La seconde guerre mondiale a fait naître les accords de Bretton Woods qui ont organisé le système monétaire mondial autour du dollar américain, mais avec un rattachement nominal à l'or. Toutes les monnaies sont définies en dollar et seul le dollar est défini en or. Ce système servira de cadre aux Trente Glorieuses de 1945 jusqu’au premier choc pétrolier de 1974. Aucun contrôle n’ayant été instauré sur la quantité de dollars américains émis par rapport à la quantité d’or possédée, les États-Unis ont la possibilité de ne pas respecter leurs engagements envers les comptes extérieurs. La République Fédérale d’Allemagne, très sensible en matière d'inflation depuis l’hyper-inflation conséquence de la première guerre mondiale (en 1923, les prix doublaient toutes les 48 heures !), mettra fin aux accords de Bretton Woods en cessant de mettre en œuvre ses dispositions provoquant des demandes de remboursements des dollars excédentaires en or. Les États-Unis, qui ne veulent pas voir disparaître leur encaisse-or, suspendent la convertibilité du dollar en or le 15 Août 1971. Le système des taux de change fixes s'écroule définitivement en Mars 1973 avec l'adoption du régime de changes flottants, c'est-à-dire que les monnaies deviennent des marchandises comme les autres, créant un marché monétaire sans régulation. L’économiste Milton Friedman s’est fait le chantre de ce système des changes flottants. Les États européens chercheront cependant à maintenir une certaine stabilité entre leurs monnaies en inventant le Serpent Monétaire Européen dans les années 1970. De leur côté et depuis les années 1950, les pays asiatiques, dont la Chine, maintiennent leurs taux de change sous-évalués, afin d’encourager la croissance par les exportations, au détriment de la demande intérieure. La Banque Centrale Européenne est une institution indépendante (ne relevant pas de l’autorité des gouvernements) qui a pour mission d’éviter l’inflation dans la zone Euro, ce qui l’incite à maintenir des taux d’intérêt élevés. À l’inverse la Fed, banque centrale américaine, joue la dévaluation du dollar en injectant de la monnaie papier pour relancer la consommation intérieure en augmentant la masse monétaire et en dopant les exportations par la dévaluation du dollar. C’est ainsi qu’elle vient de faire fonctionner la planche à billets à hauteur de 600 milliards de dollars, provoquant une dévaluation de fait de la monnaie américaine entraînant à sa suite celle de la monnaie chinoise. Il s’agit d’un dumping financier qui ne dit pas son nom et l’Europe en est la première victime. Ainsi, les deux plus grandes puissances économiques actuelles ont lancé une guerre monétaire dont l’Europe et les pays en développement seront les victimes. Il est à craindre que naissent des tentations protectionnistes dont les conséquences seront dévastatrices. Comme prévu, hélas, le G20 (vain ?) se termine sur un communiqué ronflant et creux, sans aucune mesure réelle et renvoyant à plus tard (aux Calendes Grecques ?) toute évolution en matière de régulation financière et monétaire. Les égoïsmes nationaux sortent sans surprise grands vainqueurs de ce sommet (de la médiocrité).

10 novembre 2010

Un monde incompréhensible

Dans un passé récent, les scientifiques s’émerveillaient que l’on puisse expliquer le comportement du monde physique. Einstein disait : « Ce qui est le plus incompréhensible est que l’Univers soit compréhensible ». Toutes les sciences avaient une loi commune et incontournable : celle de la vérification. Une théorie, pour être crédible, devait impérativement être vérifiable et falsifiable. Cela veut dire qu’une théorie doit pouvoir permettre de tirer des conséquences qui soient expérimentalement vérifiables et qu’il soit possible de réaliser des expériences permettant de mettre éventuellement cette théorie en défaut. Ainsi, par exemple, la théorie de la Relativité Générale prévoit la courbure de l’espace sous l’influence de la matière. Cette courbure permet de prévoir, comme conséquence, qu’un rayon lumineux doit être courbé par la matière. L’alignement de la Terre, d’une galaxie lointaine et d’une étoile massive a pu permettre, grâce aux télescopes modernes, de vérifier cette assertion en constatant que la masse de la galaxie courbait effectivement les rayons lumineux en provenance de l’étoile, celle-ci restant visible malgré la présence de la galaxie (lentille gravitationnelle). Il en est de même avec l’équivalence entre la matière et l’énergie dont l’éclatante vérification se nomme bombe atomique ! Mais, depuis les succès de la mécanique quantique et le développement de la cosmologie, la physique s’est aventurée dans des terrains mouvants pour essayer d’expliquer l’infiniment petit et l’infiniment grand. Par exemple, la notion de localité a disparu de la mécanique quantique sans pouvoir expliquer pourquoi la réalité globale des particules élémentaires se transforme en réalité locale du monde macroscopique qui nous entoure. C’est ainsi également que sont nées les théories des supercordes, des multivers, des branes, toutes hypothèses invérifiables à jamais. La vérification expérimentale de l’existence des cordes, particules élémentaires ultimes supposées, demanderait des accélérateurs de particules accédant à des niveaux d’énergie inaccessibles et de dimensions équivalentes au système solaire. La théorie des multivers, cherchant à expliquer pourquoi la quinzaine de constantes physiques fondamentales possède les valeurs constatées, stipule l’existence d’Univers multiples et inaccessibles, possédant toutes les valeurs possibles pour ces constantes. La théorie des branes cherche à expliquer l’origine de l’Univers par le « choc » entre deux univers différents, ce qui restera à jamais invérifiable. Qui plus est, pour pouvoir développer ces hypothèses, les physiciens, ne trouvant pas les outils mathématiques nécessaires, ont « inventé » de nouveaux outils, ce qui se produit pour la première fois dans l’histoire des sciences. A-t-on le droit de parler encore de théories scientifiques sous prétexte de les avoir habillées de mathématiques idoines ? Mais la physique n’est pas la seule à chercher dans l’invérifiable l’explication de l’inexplicable. En biologie, par exemple, un des grands mystères est la morphogenèse, c’est-à-dire la capacité d’une cellule à se transformer en cellule spécifique d’un organe et à trouver sa place dans l’organisme vivant. Pour tenter d’expliquer cet extraordinaire phénomène, Jacques Monod a « inventé » la téléonomie, c’est-à-dire la capacité qu’aurait une cellule d’avoir un « projet » qui la guide dans la totalité de son évolution. Bien entendu, cette propriété supposée restera à jamais invérifiable. Elle relève de ce que la systémique appelle « les propriétés émergentes », concept permettant de justifier une propriété possédée par un organisme et qu’il est impossible d’expliquer à partir des propriétés de ses composants. Le cerveau humain comporte cent milliards de neurones (autant que d’étoiles dans la Galaxie) et chaque neurone possède entre mille et dix mille connexions. Dans l’impossibilité de comprendre, et encore moins d’expliquer, le fonctionnement d’un organe aussi complexe, le neurologue « invente » l’existence de mémoires spécialisées par type de problèmes. C’est ainsi que l’on parle de mémoire procédurale, mémoire à court terme, mémoire à long terme, mémoire visuelle, mémoire auditive, etc …. Il est, aujourd’hui, impossible d’expliquer le fonctionnement de ces mémoires et, donc, leur réelle existence. Après la physique et la biologie, voici l’économie. L’économie est cette science où l’on ne sait pas de quoi l’on parle et où l’on ne sait pas non plus si ce qu’on dit est vrai ! Dans cette discipline, qui ne manque pas de théories, il n’en est pas une qui n’ait été mise en défaut. Certes, des explications à posteriori ont été données par les experts en économie pour justifier pourquoi ils s’étaient trompés ou avaient été incapables de prévoir. Dans cette « science », en dehors des évidences, aucune théorie n’est capable de fournir des hypothèses aux conséquences reproductibles. C’est pourquoi l’économie n’est pas une science. Nous vivons dans un mode devenu incompréhensible, le comble de l’incompréhension étant le comportement humain même si, dans ce domaine, il est certain que le pire est toujours sûr. Einstein peut être rassuré.

06 novembre 2010

L’argent et les principes

On a le droit de manifester et celui d’exprimer ses opinions et ses convictions. La venue en France du Président chinois a poussé certains défenseurs des droits de l’homme à demander une protestation officielle et publique du Président de la République Française, c’est-à-dire une humiliation publique du Premier ministre chinois. Pourquoi devrait-on faire subir à ce dernier ce que nous ne supportons pas lorsque la même protestation nous vise ? Rappelons-nous la réaction française indignée après la comparaison douteuse d’une commissaire européenne entre l’évacuation des roms en situation illégale et les comportements nazis envers les juifs. D’autre part, l’attitude de donneur de leçons en matière de droits de l’homme que la France aime tant afficher est-elle compatible avec l’état des prisons françaises, la situation des gens du voyage et des exclus dans le pays ? N’oublions pas, non plus, l’histoire et gardons en mémoire, avant de condamner les autres, l’attitude de certains Français pendant la seconde guerre mondiale qui ont piétiné scandaleusement les droits de certains hommes, au seul prétexte de leur appartenance à une minorité. N’ayons pas, non plus, des indignations sélectives. Donne-t-on des leçons aux USA devant leur comportement envers les populations noire et mexicaine et la persistance de la peine de mort dans ce pays ? La nature de nos relations de toutes nature et particulièrement commerciales nous en empêche et explique notre retenue. Peut-on croire qu’une humiliation publique de la Chine n’aurait pas immédiatement des conséquences ? Autrement dit, le gouvernement peut-il renoncer à commercer avec la Chine au nom des principes ? Ceux qui réclament à grands cris une position de matamore sont ceux qui ne risquent pas de perdre leur métier du fait d’une réaction chinoise violente. Les intellectuels s’indignent, mais qu’en est-il des chômeurs, des précaires, des exclus ? Au nom de quels principes peut-on refuser d’avoir des relations économiques avec la puissance en passe de devenir à court terme la première puissance mondiale ? Déjà aujourd’hui la Chine crée tous les ans plus d’ingénieurs que l’Europe et les USA réunis. La France importe tous les ans 30 milliards de dollars de produits chinois dont beaucoup sont fabriqués par des entreprises européennes implantées sur place. L'énorme dette de la France se nourrit chaque année du déficit budgétaire annuel qui, lui-même s'alimente à la balance commerciale déficitaire. Tout ce qui peut favoriser les exportations est donc indispensable. Encore une fois, le réalisme politique gouvernemental n’empêche pas la liberté d’expression du citoyen mais l’efficacité est, parfois, plus grande dans la discrétion. Entre hétaïre et rodomont, il existe une juste attitude.

02 novembre 2010

Le Port de Marseille se meurt

Les activités de transit portuaire ont subi une double révolution vers les années 1970 dans les ports de fret : l’arrivée du conteneur et l’informatisation de la manutention. Cette révolution a eu évidemment des conséquences sur la gestion des ports par son impact très fort sur le coût du transit. Une réforme était devenue indispensable. Cette réforme, qui a fait l’objet d’une loi en Juillet 2008 seulement, prévoit que les ports abandonnent leurs activités de manutention des marchandises, des conteneurs et du pétrole, à des entreprises privées. Mais, exception à la généralité, les terminaux pétroliers de Marseille ont été classés « activités d’intérêt stratégique » ce qui permet au Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) de créer une filiale, Fluxel, détenue à 60% par GPMM et à 40% par des partenaires privés, où doivent être transférés les 220 salariés des terminaux, avec une garantie de salaire (même en cas de baisse de l’activité de raffinage) et d’emploi à vie, garantie de retour au sein du port en cas où Fluxel connaîtrait des difficultés économiques et financières. Mais la CGT a toujours refusé cette réforme. Comme, contrairement à toutes les règles, la CGT Marseille a un monopôle syndical qui s’impose aux dockers, elle profite de cette position abusive pour imposer ses revendications par tous les moyens. Il s’est installé, dans la population des dockers, une ambiance mafieuse, dont le chef d’orchestre est le représentant local de la CGT, où le métier se transmet par cooptation voire de père en fils et où le docker ne reconnaît aucune autorité autre que celle du syndicat. L’action négative de la CGT Marseille qui perdure depuis des années et déjà conduit la SNCM au bord de la faillite, a donné au port de Marseille une réputation détestable due aux grèves et aux conflits sociaux répétitifs. Une partie de la clientèle est allée chercher ailleurs une meilleure fiabilité de manutention. Ceci a eu un impact très fort sur l’activité du port qui, comparé aux autres ports méditerranéens, a perdu depuis 1980 le tiers de sa part de marché en termes de trafic global et la moitié en termes de trafic de conteneurs. La dernière entreprise Marseillaise de réparation navale a été liquidée en Mars 2009. La dernière grève de 36 dockers a duré 33 jours, obligé 78 navires de fret à attendre en rade de Marseille (combien d’entre eux iront maintenant à Anvers ou Gènes plutôt qu’à Marseille ?) et coûté de 20.000 à 30.000 Euros par jour à chaque affréteur et plus de 600 millions d’Euros au pays. Elle s’est terminée après que la CGT a obtenu le versement d’une « prime de stress » (sic !) de 150 Euros à chaque docker avec, comme d’habitude, un étalement dans le temps des retenues sur salaire pour fait de grève. Comme la mafia en Calabre, la CGT Marseille impose sa loi par la force en faisant fi de l’intérêt général. Il est vrai que rien ne l’arrête, ayant déjà pratiqué la piraterie en 2005 !

31 octobre 2010

N’oublions pas l’Histoire

« L’incompréhension du présent naît de l’ignorance du passé » disait Marc Bloch. Cette citation prend aujourd’hui tout son sens lorsque l’on écoute les revendications des manifestants et des syndicats depuis plusieurs semaines. La vie des Français devient difficile, ces derniers protestent pour préserver leur niveau de vie et leurs avantages acquis. La question qui se pose est de savoir si cette revendication, aussi naturelle soit-elle, est raisonnable voire légitime. Il faudrait rappeler aux citoyens français que ces avantages et leur niveau de vie ont été rendus possibles parce que les états développés ont construit depuis longtemps leur richesse en exploitant le reste du monde. N’oublions pas que la traite des noirs a fourni depuis le XVème siècle une main d’œuvre corvéable à merci. N’oublions pas que l’abolition de l’esclavage n’a été promulguée en France qu’en 1817, en Angleterre en 1807, aux USA en 1808, au Brésil en 1850 et n’a définitivement disparu qu’en 1867. L’empire colonial français qui a perduré de 1546 à 1962 a permis au pays d’approvisionner à bon compte les ressources nécessaires à son développement (personnel, pétrole, minerais divers, ressources alimentaires). L’industrialisation de la France date du début du XIXème siècle comme dans beaucoup d’autres pays développés. Mais, aujourd’hui, les pays dont les ressources ont permis le développement des sociétés industrielles occidentales se font une place de plus en plus grande dans le monde. Ils consomment eux-mêmes leurs ressources et deviennent des compétiteurs des pays développés pour celles qu’ils ne possèdent pas. Le transfert de richesses est inéluctable et les pays développés ne devraient pas oublier qu’ils doivent leur niveau de vie actuel à l’exploitation de pays qui, aujourd’hui, revendiquent leur place dans le monde moderne. Le Monde étant un système fermé à ressources limitées, ce transfert se fait obligatoirement au détriment de ces pays développés. La France n’y échappe pas. La désindustrialisation du pays en est un signe évident. Entre 1980 et 2007, la France a perdu 36% de ses emplois industriels et la part de l’industrie dans le PIB est passée de 24% à 14% durant la même période. Certes, la désindustrialisation a plusieurs causes et les délocalisations sont, quant à elles, dues le plus souvent à la recherche d’une proximité avec de nouveaux marchés. Il n’en reste pas moins vrai que la concurrence des pays émergents est une cause importante de cette désindustrialisation. Le pays s’appauvrit et l’activité financière et spéculative ne peut que cacher un temps cette vérité en nous conduisant de crise en désastre. La seule façon de résister à ce tsunami est d’innover et d’augmenter notre quantité de travail. Courage et imagination sont nos seules armes. Depuis un demi-siècle, nous vivons au-dessus de nos moyens en empruntant et en laissant aux générations futures le soin de régler une dette qui s’élève actuellement à 1900 milliards de dollars (les lycéens et étudiants qui manifestent feraient bien de ne pas l’oublier). Nos systèmes sociaux dont nous sommes si fiers ne fonctionnent que grâce à l’emprunt. Ne pas accepter cette évidence relève du suicide collectif. « L’obligation de subir donne le droit de savoir » a dit Jean Rostand. La pédagogie semble manquer en France.

26 octobre 2010

Le retour de manivelle


Rappelez-vous Dunkerque ! C’est une raffinerie que Total voulait fermer. Les syndicats, dans leur rôle, ont réussi à obtenir une décision judiciaire qui a exigé la reprise du fonctionnement de la raffinerie. En Mars 2010, Total a réaffirmé sa volonté de fermer la raffinerie, la France important de plus en plus de pétrole raffiné. Et puis, les mouvements de grèves sont arrivés et certains leaders syndicaux locaux ont organisé le blocage des raffineries. La conséquence est double : la France a augmenté ses importations de pétrole raffiné et Total profite de ce mouvement pour fermer définitivement quelques unes de ses raffineries, en confirmant celle de Dunkerque et en annonçant celle de Reichstett. Quel retour de manivelle ! Au bout du compte, les grévistes ont scié leur branche ! La culture économique est décidément ce qui manque le plus aux Français. Pendant ce temps, 36 dockers à Marseille bloquent le port qui meurt à petit feu depuis des dizaines d’années, ce qui coûte 36 millions d’Euros par jour à la Ville. Qui va payer ? Le conflit a déjà coûté à la ville 600 millions d’Euros. Le combat des travailleurs pour leurs conditions de travail est légitime et le droit de grève est constitutionnel. Mais le recours systématique à ce dernier le rend inopérant. En France, contrairement à bien des pays européens, le mot « consensus », qui veut dire réelle négociation, est une injure et est traduit comme étant une « compromission » inadmissible. Ceci mesure le chemin à parcourir pour obtenir une gestion du pays où existe une réelle volonté de négociation entre les acteurs économiques.

20 octobre 2010

Indigne ou ridicule ?

L’indignité des comportements se répand comme une traînée de poudre.
Entendre des (ir)responsables syndicaux « jusqu’au-boutistes » appeler au blocage de l’activité économique du pays par des salariés protégés, sachant pertinemment que cela provoquera la fermeture d’entreprises petites et moyennes et donc du chômage pour des salariés non protégés, est absolument stupéfiant et révoltant.
Faire descendre les lycéens dans la rue pour pouvoir claironner que le nombre de manifestants est en augmentation, tout en sachant pertinemment que c’est un appel d’air pour les casseurs et les voyous, est indigne.
Avoir refusé de signer le décret d’application de la loi sur le CPE rend J. Chirac responsable de cette propension des politiques de l’opposition et des syndicats d’en appeler au dictat de la rue, piétinant ainsi sans vergogne la démocratie représentative.
Quoi de plus indigne que d’incendier un établissement scolaire ?
Quoi de plus ridicule que de voir l’agitation déclenchée par ceux qui ne sont pas concernés par la réforme des retraites ?
Quoi de plus indigne que de voir des leaders syndicaux irresponsables avoir fait de Marseille un port de seconde zone pour longtemps, alors que cette ville a été pendant longtemps le second port européen ?
Quoi de plus ridicule que d’entendre tous les syndicats de branches faire de la surenchère et courir après la notion de pénibilité pour leur métier, afin de se mettre à l’abri d’une modification de l’âge du départ en retraite ? N’entend-on pas les salariés du secteur bancaire, toute honte bue, parler de la pénibilité « morale » de leur métier !!!
Quoi de plus ridicule que de voir des lycéens, à l’inculture économique abyssale, reprendre, sans comprendre, des slogans qui portent en eux une contradiction complète avec leurs propres intérêts ?
Quoi de plus indigne que d’entendre les lycéens reprendre les mêmes slogans utilisés contre l’extrême droite lors de la dernière élection de J. Chirac !
Quoi de plus ridicule que cette référence à Mai 1968 ?
Quoi de plus ridicule que cette guerre picrocholine des chiffres entre les syndicats et le ministère de l’Intérieur !
Quoi de plus attristant que de voir un peuple regarder le travail comme un asservissement ?
Quoi de plus consternant que de voir les acteurs responsables de cette situation dangereuse pour tous n’avoir plus qu’une seule préoccupation : comment sortit de là sans « perdre la face » !!
Quoi de plus indigne pour des responsables que le déni de réalité ?
Dans un moment d’accablement, Einstein s’est écrié : « Il n’y a que deux infinis : l’Univers et la bêtise humaine … Et encore, pour l’Univers, je n’en suis pas sûr » !!!