27 juillet 2010

À quoi sert la Bourse ?

Une entreprise a toujours besoins de capitaux. Une entreprise publique trouve ceux-ci auprès de l’État, c’est-à-dire du contribuable. Une entreprise privée fait appel à des investisseurs. Ces derniers prêtent leur argent à l’entreprise qui reconnaît avoir une dette envers eux. Cette reconnaissance de dette s’appelle une (ou plusieurs) action(s). Une action est donc un avoir sur les capitaux de l’entreprise. Bien entendu, personne ne prête son argent sans demander un intérêt. Pour le prêteur, devenu actionnaire, cet intérêt est représenté par la valeur de l’action le jour où cet actionnaire décidera de la revendre. Ce titre financier qu’est l’action est donc une promesse de revenus futurs. Avec le temps, la valeur de l’action varie en fonction de ce que la majorité des acteurs peut prévoir de l’avenir de l’entreprise. Celle-ci a, en principe, un objectif unique : croître et prospérer. Cet avenir supposé donne une vision positive de l’avenir qui se concrétise généralement par une augmentation de la valeur des actions. Mais pour qu’effectivement l’avenir de l’entreprise se présente positivement, celle-ci doit, bien entendu, investir dans de nombreux domaines pour résister à la concurrence. Pour investir, elle a besoin de capitaux. C’est pourquoi elle fait appel à des investisseurs en leur proposant d’acheter ses actions. Pour qu’un investissement produise un effet visible sur l’activité de l’entreprise, il faut évidemment un certain temps. Par exemple, l’achat d’un nouveau matériel de production demande quelques mois avant que son efficacité améliorée ait un effet sur le chiffre d’affaires de l’entreprise. L’innovation demande généralement beaucoup de temps avant qu’elle ne produise un effet. C’est-à-dire que l’actionnaire investit dans le moyen terme, voire dans le long terme. C’est un contrat qu’il passe avec l’entreprise. Le lieu où s’achètent et se vendent les actions d’entreprises s’appelle La Bourse. Le rôle essentiel de La Bourse est donc de permettre aux entreprises de trouver les capitaux dont elles ont besoin pour investir dans le moyen terme. Puisqu’en Bourse s’achète et se vend un « produit » appelé action, il s’agit bien d’un marché. Cette levée de capitaux destinés à l’investissement s’appelle le marché primaire de La Bourse. Mais la cupidité des hommes étant sans limites, un certain nombre d’acteurs ont vu dans ce marché des actions un moyen de générer des profits rapidement en achetant et revendant les actions dans l’unique objectif de réaliser un profit maximal à court terme. C’est ainsi que s’est créé un marché secondaire que l’on peut appeler la spéculation. Les acteurs qui sévissent sur ce marché secondaire n’agissent pas pour permettre aux entreprises de se moderniser mais uniquement pour s’enrichir le plus rapidement possible. Si le marché primaire est directement relié à l’activité réelle du pays par la création de nouvelles richesses matérielles, le marché secondaire en est totalement déconnecté. Sur ce marché, l’argent n’est plus un moyen, mais est devenu un produit comme un autre dont on attend une rentabilité maximale. Les organismes spécialisés dans la spéculation recherchent un profit de plus en plus important de plus en plus rapidement. Pour cela, ils exercent une pression considérable sur les entreprises pour que celles-ci prennent toutes les mesures possibles pour augmenter la valeur de leurs actions et l’importance des dividendes versés aux actionnaires. D’où la compression acharnée des coûts de production (licenciements, délocalisations). Comme ce qui est rare est cher, certaines entreprises diminuent le nombre de leurs actions sur ce marché secondaire en rachetant leurs propres actions, ce qui se fait nécessairement au détriment de leurs investissements. Enfin, pour enrichir l’offre de ce marché secondaire, certains organismes financiers (dont les banques) ont inventé de nouveaux produits financiers pour élargir la spéculation à autre chose que les seules actions d’entreprise, ce qui a plongé le monde dans la crise que nous connaissons aujourd’hui et dont nous ne sommes pas certains de sortir. Pendant l’expansion économique des « trente glorieuses », la rentabilité des actions était de quelques pourcents. Aujourd’hui, les fonds spéculatifs exigent des rentabilités de l’ordre de 15% et les économies sont en récession. On peut légitimement se poser la question de savoir quelle est la cause et quel est l’effet. La Bourse qui devait être un outil de développement est devenu un véritable danger. Elle est devenue le bras armé de ce que le Capitalisme a de plus néfaste.

25 juillet 2010

Paradoxes

Jusque vers les années 1900, les théories scientifiques ont évolué guidées par un même principe : la généralisation de théories antérieures. Ainsi, la mécanique des milieux continus généralise la Résistance des Matériaux, la Relativité Générale est une extension de la mécanique newtonienne. Ce principe préserve la continuité des constatations dans le champ de l’expérience en supprimant les contradictions ou les paradoxes. Une rupture est survenue lorsque, en 1900, Planck a donné naissance à la théorie des quanta qui portait en elle-même les sources d’une discontinuité. Dès Démocrite, la continuité de la matière avait déjà vécu avec la théorie atomiste. Beaucoup plus tard, la continuité de l’énergie a volé en éclats avec la théorie des quanta. Il s’est alors produit un phénomène plus préoccupant. En effet, la continuité dans le comportement de la matière entre les mondes microscopique et macroscopique a succombé sous les coups de la mécanique quantique. Le comportement étrange du monde microscopique ne se constate pas dans le monde macroscopique qui nous entoure. Et cette rupture est à la base de la plus grande énigme de la science actuelle. En effet, cette étrange mécanique quantique, dont les succès prédictifs et explicatifs sont indéniables, dont les applications industrielles sont nombreuses, est incompatible avec la Relativité Générale, dont la validité n’a plus à être prouvée – du moins en apparence. En effet, ces deux théories divergent quant à l’utilisation qu’elles font des notions de base que sont l’espace et le temps. La Relativité Générale repose sur le principe de la localisation de la matière, c’est-à-dire qu’une particule – quelle qu’elle soit – est située localement et précisément dans l’espace. Par contre, le temps est une notion qui perd la généralité qu’elle avait en mécanique classique, puisque chaque objet a son temps propre qui n’est pas celui d’un autre objet en déplacement relatif. Par contre, en mécanique quantique, le temps est absolu, comme en théorie newtonienne. Toutes les particules partagent le même temps. Mais la notion de localisation perd son sens. Il est impossible de localiser de façon unique une particule dans l’espace, non pas parce qu’il est impossible de l’observer, mais parce que la particule se trouve potentiellement partout en même temps. Ainsi, les deux grandes théories physiques du moment ont une vision du monde radicalement différente. Pour l’une la localisation est un principe de base et le temps relatif, pour l’autre le temps est absolu et la localisation probabiliste. Depuis le début du siècle dernier, les physiciens s’acharnent à résoudre ce paradoxe, de moult façons plus ou moins heureuses : gravité quantique, supersymétrie, théories des cordes, théories des supercordes, théorie des twisters, géométrie non commutative, etc … Actuellement, aucune de ces théories n’est satisfaisante et leur contradiction reste, à ce jour, infrangible. Elles vivent, chacune de leur côté, parce qu’à l’échelle du quotidien observable, la force de gravitation reste négligeable devant les forces du monde microscopique (électromagnétique, nucléaires faible et forte). Il n’en est plus de même à l’instant de la création de l’Univers où le confinement extrême des particules initiales est tel que la gravité a la même importance que les autres forces. La science ne sait donc pas expliquer ce qui s’est passé. À cette discordance entre deux des plus grandes théories scientifiques modernes, s’ajoute un paradoxe complémentaire qui se concrétise dans une contradiction avec le second principe de la Thermodynamique. En effet, ce dernier décrit le fonctionnement des processus irréversibles grâce à la fonction Entropie qui signifie, entre autres choses, que le temps ne peut s’écouler que du passé vers l’avenir. Or tant la Relativité Générale que la Mécanique Quantique sont basées sur des équations dans lesquelles le temps est réversible, c’est-à-dire qu’un phénomène s’écoulant du présent vers l’avenir peut tout aussi bien se produire du présent vers le passé. D’ailleurs, certains tenants de la mécanique quantique suggèrent que l’anti-matière n’est autre que de la matière subissant des processus remontant vers le passé (un anti-proton se déplaçant dans le temps n’est autre qu’un proton remontant le temps). Le Graal de la « Théorie du Tout » reste donc encore inaccessible. Cela a au moins un mérite : on n’entendra plus jamais dire que la science est aboutie.

17 juillet 2010

Utopie ?

Sous l’impulsion courageuse de leur Président, les États-Unis viennent d’établir un corpus de règles destinées à encadrer les pratiques des organismes financiers afin d’éviter que leurs comportements irresponsables et immoraux entraînent à nouveau le pays, et le Monde, dans une crise extrêmement grave. La plus grande banque mondiale, Goldman Sachs, vient d’être lourdement sanctionnée pour avoir trompé ses clients. Pendant ce temps, les pays européens, derrière des rodomontades ridicules, continuent de tergiverser, soumis qu’ils sont à leurs égoïsmes nationaux et aux lobbys financiers. Tous les G2, G7, G20 n’ont encore abouti à rien de concret et les pratiques spéculatives ont repris de plus belle. L’économie américaine recouvre peu à peu la santé, les économies européennes continuent de stagner, voire de se dégrader. Et, pendant ce temps-là, la Chine s’amuse et continue de vampiriser le monde. L’Europe est décidément malade de sa gouvernance inefficace et empêtrée dans le court terme. Les compromis, qui sont davantage des demi-mesures, ne permettent aux responsables politiques que de préserver les demandes populistes de leur électorat et leur réélection. Pendant que les Américains prennent des mesures courageuses, les Français continuent de ratiociner sur l’usage du mot « rigueur ». Peut-être faut-il se rendre à l’évidence et admettre que l’Europe puissance est une utopie. La raison principale en est peut-être que les peuples européens, fatigués par plus de deux milles ans d’histoire faits de guerres, de révolutions, de massacres, sont sur la voie de l’assoupissement et, à terme, de la disparition ?

15 juillet 2010

Le plus beau tableau du monde

C’est le petit matin. La pluie, lourde et froide, vient juste de s’arrêter. L’air est transparent, nettoyé des poussières de la ville, soulevées par les chevaux du chemin de halage. Traversant les gros nuages, vestiges de l’averse, un rayon de soleil vient frapper la tour de la nouvelle église et les maisons voisines ainsi que le petit pan de mur jaune qui a tant frappé Marcel Proust, laissant dans l’ombre celles qui s’alignent le long du quai de Lange Geer. Le vent est tombé et l’eau du canal a retrouvé son calme, précisant les reflets bleutés de la ville et de ses remparts. La transparence de l’air donne au dessin des toits et des pignons crénelés une netteté surprenante. Rien n’arrête le regard qui traverse sans obstacle le vide du clocher de la nouvelle église. Les villageois, un moment calfeutrés pendant l’averse, sortent à nouveau et viennent, au gré des rencontres, discuter sur les bords du canal. Le chant des oiseaux matinaux, un moment interrompu, a repris et souligne le calme et la lenteur de l’instant. Le grincement des accastillages des lourds bateaux en partance pour Rotterdam et accostés sur l’autre rive du canal rebondit sur le miroir de l’eau. La journée commence…
C’est le plus beau tableau du monde.

13 juillet 2010

Mouvement perpétuel

Le libéralisme économique a un credo : tout peut faire l’objet d’un marché. L’argent peut donc faire aussi l’objet d’un marché. Sur un marché, un produit est acheté à un certain prix, il est transformé et revendu à un autre prix. C’est la même chose avec l’argent (ou avec le stockage des matières premières), à ceci près qu’il n’y a aucune transformation : c’est la marque de la spéculation. Les banques ont développé la spéculation financière avec les fonds spéculatifs anglo-saxons et se sont enrichies. Pour augmenter leurs gains, elles ont inventé des produits financiers « pourris » mais à fort rendement (par exemple, la spéculation à la baisse) que les agences de notation ont approuvé sans réserve pour avoir participé à leur création. Elles ont aussi inventé la titrisation qui leur a masqué à elles-mêmes le risque qu’elles encouraient. Finalement, les banques ont fini par être rattrapées par les résultats d’une spéculation frénétique et ont frôler la faillite.
Les banques ayant aussi un rôle majeur dans les transactions commerciales et économiques normales (ce pour quoi elles ont été créées), les États ont été dans l’obligation d’empêcher leur faillite. Les contribuables les ont donc renflouées au détriment de la dette nationale et, donc, du niveau de vie de leurs enfants. Comme des pompiers pyromanes, les agences de notation ont alors montré du doigt les états endettés (la Grèce pour commencer, puis le Portugal et l’Espagne).
Ayant été renflouées, les banques ont aussitôt recommencé à spéculer mais, cette fois, contre les États en difficulté financière et, toujours, avec la complicité des agences de notation moutonnières qui condamnent sans vergogne et avec précipitation. C’est-à-dire que les banques spéculent contre ceux-là même qui les ont sauvées. Les agences de notation dégradent la Grèce, le Portugal, l’Espagne, qui, obligés d’emprunter auprès des banques, voient immédiatement les taux d’intérêt demandés par celles-ci s’envoler, ce qui met les pays endettés dans l’impossibilité d’emprunter et donc de rembourser. Les pays de la zone euro n’ayant pas encore été dégradés par les agences de notation, ils empruntent auprès des banques pour pouvoir prêter eux-mêmes aux pays en difficulté.
Les banques gagnent encore. Les organismes financiers ont inventé le mouvement perpétuel !

12 juillet 2010

A-t-on besoin de Mediapart ?

En 1972, deux journalistes du Washington Post, Carl Bernstein et Bob Woodward, débutent une enquête journalistique qui devait aboutir, deux ans plus tard, à la démission du Président des États-Unis. Depuis, de façon récurrente, des journalistes rêvent d’obtenir une notoriété équivalente de la même façon. C’est ainsi que l’objectif de la chute d’un homme politique ou connu est devenu une sorte de TOC journalistique. Malheureusement, cette pratique crée des dégâts collatéraux insoutenables. Que l’on se rappelle les « affaires » P. Bérégovoy, DSK, J. Dray, D. Baudis, les « accusés » d’Outreau, et d’autres. Toutes affaires dans lesquelles la réputation, l’avenir, la vie d’un homme ont été mis en danger sans aucun scrupule. Et, lorsque des critiques s’élèvent sur de telles pratiques, immédiatement la corporation journalistique, unanime, s’indigne que l’on ose telles critiques au nom de la liberté d’expression de la presse et des médias et déploie le drapeau de l’atteinte à la démocratie. La presse se présente comme un contre-pouvoir au pouvoir politique, mais qui ne supporte aucun contre-pouvoir à son propre pouvoir. Ce faisant, elle se substitue à la Justice, seul contre-pouvoir légitime au pouvoir politique. Il y a plus grave. En effet, un certain nombre de médias, présents sur Internet, se servent des informations qui remontent de leurs lecteurs de terrain. Certes, nous disent-ils, toutes précautions sont prises pour ne pas construire une information sur des rumeurs. Mais, lorsque l’on examine les commentaires qui accompagnent les articles en lignes de ces médias, on ne peut qu’être consterné par l’absolue médiocrité, vulgarité, violence, qui suinte de ces écrits où le « tous pourris » est l’ingrédient de base. Et l’on est, à juste titre, très inquiets devant le risque que les « informations de terrain » dont se servent ces médias soient de la même eau. Lorsque le discours journalistique utilise des expressions telles que « tout le monde sait » ou « tout le monde connaît », on est déjà dans le domaine de la rumeur. Lorsque l’on est animé d’une aversion quasi-physique pour un homme politique, il est à craindre que l’on se laisse aller à accepter et à diffuser des approximations hâtives. Cela ne s’appelle plus du journalisme. Une démocratie a besoin d’une presse libre avec de véritables journalistes d’investigation. Malheureusement, cette race de journalistes est en voie d’extinction. La remplacer par les ragots qui remontent par Internet permet peut-être de trouver une solution rapide de remplacement, mais cette façon de faire est contraire à toute déontologie. Une démocratie a besoin d’une presse libre. C’est pourquoi on ne peut pas se passer de Médiapart, mais on peut se passer de Mr. Edwy Plenel.

09 juillet 2010

MMS

« J’admettrais volontiers que les femmes nous sont supérieures si elles ne voulaient être nos égales en tout » disait Sacha Guitry. Qu’il se rassure, l’égalité homme-femme restera à jamais une utopie. Tout du moins dans un domaine qui tient une place majeure dans la vie humaine, le domaine des relations sexuelles. L’homme doit supporter une énorme injustice, celle de savoir que ses possibilités en la matière, malgré le soutien de l’industrie pharmaceutique, sont inexorablement appelées à disparaître. En complément de l’énigme du Sphinx d’Œdipe, on pourrait ajouter la parabole du MMS (qui ne veut pas dire Multimedia Messaging Service). À l’aube de la vie, MMS signifie Matin, Midi et Soir. Vers 17 heures, Mardi, Mercredi, Samedi. À 20 heures : Mars, Mai, Septembre. Enfin, à 22 heures : Mon Meilleur Souvenir ! Heureusement, je n’ai pas de montre et je ne sais pas l’heure qu’il est…

06 juillet 2010

Tous pourris !

La nature a horreur du vide et les hommes ne supportent pas l’incertitude. Devant une crise qui s’aggrave et dont les signes de mauvaise augure se multiplient, l’angoisse de l’avenir grandit chez les citoyens. L’avenir devient incertain et chacun a peur pour lui-même et pour ses enfants. Les explications entendues, ou attendues, ne satisfont personnes car elles sont contradictoires ou construites dans une langue de bois qui ne trompe personne. Les difficultés à venir s’amoncellent et l’inquiétude grandit. Or l’homme est ainsi fait qu’il lui faut toujours trouver un responsable à ses propres difficultés, même si cette recherche est irréfléchie et purement instinctive. De toutes les sortes d’échecs, chacun cherche celui qui compromet le moins son orgueil. D’où le si facile « tous pourris » concernant les élus et, plus largement, les responsables et dirigeants. « Si les difficultés existent, cela provient non seulement du fait que ceux qui nous gouvernent sont des incapables mais, de plus, des exploiteurs qui profitent de leur situation pour se mettre eux-mêmes à l’abri du péril ». Voilà grand ouvert le portail du populisme qui offre une voie royale au Front National et à l’extrême droite. Le discours de l’opposition qui reste exclusivement centré sur la critique systématique, parfois violente, du gouvernement participe fortement à la croissance dangereuse de ce populisme. Et la place inconsidérée que certains médias donnent à la « chasse aux affaires » concourre à ce danger. Lorsque l’on en est à reprocher à François Fillon de faire le trajet Le Mans – Paris en avion plutôt qu’en train, c’est bien le signe que la vie politique française est tombée bien bas. La médiocrité a, partout, pris le pouvoir. Alors que le bateau France menace de couler, l’équipage et les passagers tirent sur le capitaine !

04 juillet 2010

Faillite ?

Commençons par un état des lieux. L’entreprise France a une production annuelle dont la valeur est de l’ordre de 2100 milliards d’Euros. Pour fonctionner, cette entreprise dépense annuellement 1100 milliards d’Euros et « gagne » (impôts et contribution sociales) environ 910 milliards d’Euros. Cette entreprise perd donc, chaque année, près de 200 milliards d’Euros, soit près de 10% de son chiffre d’affaires ! Et ceci depuis près de cinquante ans. Le résultat en est que les déficits cumulés ont été compensés par des emprunts qui représentent aujourd’hui une dette de 1700 milliards d’Euros, soit environ 83% du PIB. Bien évidemment, l’entreprise France se doit de rembourser ses emprunts, ce qu’elle fait (capital + intérêts) pour un montant de près de 45 milliards d’Euros annuels, soit 5% de ses recettes totales. Voilà une situation qui alarmerait n’importe quel dirigeant d’entreprise. D’autant plus qu’il s’agit d’une situation qui s’aggrave chaque année. L’avenir le plus probable d’une telle entreprise, si elle ne prend pas immédiatement des mesures drastiques pour redresser la situation, est la faillite. C’est la situation de la France. Elle est donc en grand danger. C’est-à-dire que l’horizon probable, si rien de sérieux n’est fait, est l’effondrement de son système social (cessation des redistributions sociales, cessation de paiement des retraites), précarisation extrême des salariés, chômage en hausse rapide. Il faut donc impérativement et rapidement prendre des mesures difficiles, voire douloureuses, qui réduisent fortement les dépenses (réduction des prestations sociales, réduction drastique du budget de fonctionnement) et qui augmentent les recettes (augmentation des impôts, soutien aux exportations). Et que constatons-nous ? Que tous les responsables, en particuliers les syndicalistes et les élus locaux, continuent imperturbablement, de réclamer des augmentations de moyens dans tous les domaines alors que la France n’en a pas les moyens. Que ceux qui nous gouvernent, plutôt que de rechercher un consensus urgent sur des mesures nécessairement impopulaires à prendre, restent les yeux fixés sur l’horizon des prochaines élections présidentielles et se complaisent dans des petits combats dérisoires. Les médias s’en font le reflet, avec ses incessantes « révélations » sur « l’affaire Bettencourt ». Les parlementaires ne parlent plus que de cela, pas un journal télévisé ou radiodiffusé qui n’évoque cette affaire. Cela donne l’impression angoissante que le bateau, non seulement n’a plus de capitaine, mais qu’il n’a pas d’équipage non plus. Nous sommes embarqués sur le Titanic avec un sentiment grandissant de déréliction.

02 juillet 2010

Pouvoir et contre-pouvoir

A-t-on le droit de confondre impunément irrévérence et grossièreté, humour et injures ? Surtout lorsque l’on s’exprime sur un média de masse ? Le « statut » d’humoriste permettrait-il de dire n’importe quoi au nom de la liberté d’expression ? Le pouvoir de s’exprimer ne comporterait-il aucun contre-pouvoir ? Peut-on admettre qu’il n’existe aucune limite à la liberté d’expression pour ceux qui s’attribuent le titre d’humoriste ? Qui a la légitimité de décider s’il existe des limites et ce qu’elles sont ? Dans toute entreprise, un salarié qui se permet d’injurier un actionnaire ou son manager est immédiatement sanctionné. Pourquoi les soi-disant humoristes seraient-ils à l’abri d’une telle sanction au prétexte que leurs propos sont humoristiques ? Qui a la légitimité pour dire qu’un discours est humoriste ou injurieux ? Le statut auto-proclamé de l’auteur est-il suffisant ? Comment se fait-il qu’il existe des humoristes que l’on ne peut suspecter de connivences avec les pouvoirs et qui ont su exercer leur talent reconnu unanimement sans jamais verser dans l’injure et tout en exprimant leurs convictions ? Voilà un certain nombre de questions qu’il aurait été bon de se poser avant d’aller manifester devant la maison de Radio France en réclamant la démission de ses managers. On regrette la disparition de Pierre Desproges !

29 juin 2010

L’affaire Ecric Woerth

L’affaire Ecric Woerth est particulièrement édifiante à plusieurs titres. Tout d’abord, comment ne pas se poser la question première de l’étonnante coïncidence entre la sortie de cette affaire et la présentation prochaine au parlement de la réforme du régime des retraites ? Dans une démarche purement démagogique, l’opposition s’est avancée imprudemment en annonçant son intention de revenir sur la disposition-phare de cette réforme, à savoir le recul de l’âge légal. Il est d’une évidence aveuglante que, si l’opposition parvient au pouvoir en 2012, elle ne pourra pas revenir sur cette disposition comme elle n’a pu revenir, en son temps, sur les réformes d’Edouar Balladur. Alors, pourquoi ne pas faire en sorte que la réforme portée par Éric Woerth échoue en obtenant la démission du ministre avant le terme ? Voilà qui éviterait de se désavouer … Le déchaînement médiatique n’est pas sans rappeler celui qui s’est abattu en son temps sur Julien Dray qui fut, par la suite, lavé de tous les odieux soupçons qui l’obligèrent à quitter ses fonctions. Par contre, il est tout aussi évident que le ministre aurait dû se poser la question de la compatibilité de sa responsabilité de ministre du budget et de celle de sa femme, consistant à conseiller la plus grosse fortune de France pour minimiser ses impôts. Le soupçon de délit d’initié vient immédiatement à l’esprit de tous ceux qui sont à la recherche compulsive du scandale, en se parant d’une indignation dolosive. Bien entendu, profitant de cette agitation médiatique, la bête immonde n’a pas tardé à pointer le bout de son nez nauséabond : l’antisémitisme pointe du doigt un ministre dont les racines juives sont mises en exergue en utilisant le Web, riche de sites qui se vautrent dans l’ignoble. Enfin, le monde politique de tous bords n’a pas encore compris que nous changeons d’époque. Le peuple sait, confusément ou non, que le temps des efforts est venu et qu’il ne s’agit pas d’un simple épisode mais d’un changement profond dans la manière de vivre. Dans ce contexte, où il devra accepter des efforts importants, il lui est devenu insupportable de voir que certaines catégories de la population se croient à l’abri de sacrifices. Or, tous les pouvoirs sont naturellement perméables les uns aux autres. Le pouvoir infuse la connivence. Le pouvoir politique est en relation permanente avec les pouvoirs économique, médiatique, juridique et autres. Il est alors devenu indispensable que les relations entre le pouvoir politique et tous les autres soient strictement codifiées et respectées. Cela est devenu une exigence populaire. Ne pas la respecter risque d’entraîner toutes les dérives. Cette exigence s’applique à tous les politiques, qu’ils soient au gouvernement, simples parlementaires ou responsables locaux.

22 juin 2010

Spleen

« Celui qui se bat peut perdre, mais celui qui ne se bat pas a déjà perdu » (B.Brecht). C’est ce que l’on aurait dû rappeler aux joueurs (?) de football de l’équipe de France. Lorsque l’on voit ces coffres-forts ambulants, dopés aux millions d’Euros, se comporter en dilettantes sur le terrain de la compétition, on ne peut ressentir qu’écœurement pour le monde footballistique, où l’argent a pris la place de l’effort et de la volonté de réussir. Le football amateur a sa grandeur, le football professionnel n’est plus que morgue et suffisance (savez-vous que Ribery va gagner 10 millions d’Euros par an au Bayern de Munich !! Si, si !!). Décidément, je ne m’intéresserai plus jamais à ce soi-disant « sport ».
Le journal Libération a organisé une réunion mondaine à Grenoble, appelée États généraux du renouveau, avec des sommités intellectuelles pour déterminer les attentes de la société française d’aujourd’hui. Belle et grande idée ! L’institut Médiascopie a choisi un échantillon de 300 personnes, qu’il a qualifié de représentatif ce qui, sur le plan statistique, paraît déjà douteux. Ces personnes ont été « coachées » et interrogées pendant une semaine pour leur faire exprimer leur vision de la société présente et celle de la société souhaitée. Il en ressort que les finalités les plus attendues sont, quelle surprise ! une société « du bien-être » ! Tiens, tiens … il me semble que j’ai déjà entendu ce concept, il n’y a pas longtemps au sein de discours politiques. Une telle société est jugée importante et positive. Le contraire eut été étonnant. Une société du mal-être aurait-elle quelques chances de séduire ? On se demande à quoi peut bien servir une telle étude pour déboucher sur de telles évidences. La protection et le progrès social, la réduction des inégalités et l’amélioration des services publics accompagnent cette société du bien-être. Je ne crois pas que cela va bouleverser l’idée que l’on pouvait se faire des attentes des Français. Par contre, on découvre dans les résultats de cette étude que les partis politiques et les syndicats, toutes tendances confondues, sont jugés plutôt négativement. Ainsi, si l’on veut résumer cette magistrale étude, on peut dire que les Français sont des adeptes du « tous pourris » et de l’État protecteur (le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux est jugé comme ayant un impact important et négatif, au même titre que la perte des acquis sociaux !). On a beaucoup de mal à distinguer ce qu’il y a de nouveau !
Les villages du Var ont été dévastés à cause de la furie de la nature mais aussi de l’inconscience humaine. Les habitants sont sonnés, dépouillés, en perdition. Et voilà qu’une horde de touristes abominables et voyeuristes, appareils photo en bandouillère, viennent respirer l’odeur du désespoir et de la dévastation. Le malheur des uns a toujours fait le bonheur des autres.
Le parti socialiste s’est rangé derrière son coupeur de tête, Monsieur Montebourg. Ce dernier a oublié le sort de Robespierre !
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai tout d’un coup un sentiment de spleen.

12 juin 2010

Démiurge

À la crise économico-financière majeure qui sévit sur le monde, s’ajoute maintenant une crise écologique d’une ampleur jamais connue, à savoir la marée noire du Golfe du Mexique. Lorsque nous portons un regard un peu attentif aux espèces vivantes qui peuplent la planète, toutes – sauf l’homme – vivent grâce à un équilibre permanent qu’elles maintiennent en permanence avec leur environnement et la planète. Seul l’homme, se prenant pour un démiurge, fait fi des désordres qu’il introduit dans le milieu où il vit au risque de le détruire et de se néantiser lui-même. Cela relève d’une stupidité confondante qui pourrait bien être « le propre de l’homme » et non pas le rire, comme semblait le penser naïvement Rabelais ! La course aux armements nucléaires est déjà un signe que la destruction de l’humanité ne fait pas reculer l’homme dans ses instincts meurtriers. La folie de l’argent est un autre signe, qui voit des individus ne pas hésiter à semer la panique, la pauvreté, la révolte, la catastrophe pour pouvoir accumuler des richesses dont ils n’auront jamais l’occasion de jouir totalement. Cette même frénésie de l’accumulation de richesses pousse les hommes à des activités follement dangereuses comme de percer des réservoirs d’énergies fossiles dans les endroits les plus inaccessibles, en encourant tous les risques et en les camouflant par le mensonge, qu’il soit réel ou par omission volontaire, faute d’être capable de les maîtriser. À vrai dire, le propre de l’homme c’est un mélange mortel d’égoïsme forcené, de xénophobie (la peur des autres), et de cupidité. C’est ce qui explique le mieux l’impossibilité qu’ont les responsables politiques de tous pays de s’entendre sur des règles qui s’imposeraient à tous. Oubliant volontairement que la mondialisation existe, non seulement dans le monde de la finance, mais également dans l’extension de la crise et de la dépression (la pollution des côtes américaines impacte le montant des retraites des Britanniques !), chacun se croyant (ou faisant semblant de croire être) à l’abri des autres, fait des choix de gouvernement de court terme et uniquement nationaux voire protectionnistes, repoussant par là même toute chance de résoudre la crise mondiale. Pour le moment, tout le monde se drogue d’enthousiasme footballistique pour éviter de voir lucidement l’avenir.

11 juin 2010

La résurrection, une calembredaine

Il existe en physique un immense mystère. Les théories physiques qui tentent d’expliquer le fonctionnement du monde comportent un certain nombre de constantes dont la valeur numérique est seulement constatée, sans que l’on sache expliquer le « pourquoi » de cette valeur. En dehors des 5 constantes universelles, il faut ajouter 2 constantes électromagnétiques, la constante gravitationnelle, une douzaine de constantes physico-chimiques, une vingtaine de constantes atomiques et nucléaires. Cette simple énumération montre que l’on est encore loin de comprendre les lois de l’Univers et que la recherche de la Théorie du Tout a encore de beaux jours devant elle. Or, il suffirait que l’une quelconque de ces constantes prenne une valeur numérique différente pour que la vie, telle que nous la connaissons sur Terre, soit impossible. Cette incroyable précision laisse perplexe et sans justification. Mais l’imagination des hommes est sans limites et n’a d’équivalent que son besoin d’expliquer. D’où, depuis toujours, l’appel aux religions ou aux superstitions, l’invention d’un riche panthéon de divinités. Les scientifiques, se voulant cartésiens, ont cherché, eux aussi, à trouver une justification à l’inexpliqué. Ne pouvant établir scientifiquement et objectivement les valeurs particulières prises par ces constantes, certains d’entre eux sont passés du domaine de la démonstration à celui de l’hypothèse. Puisqu’on ne sait pas justifier le pourquoi de ces valeurs, il suffit de faire l’hypothèse que ces « constantes » peuvent prendre toutes les valeurs possibles et qu’à chaque ensemble de valeur correspond un univers « parallèle » et inaccessible. Il est alors normal que nous vivions dans l’Univers où les constantes ont pris les valeurs nécessaires à l’apparition de la vie. C’est la théorie du multivers. C’est aussi ce qu’on appelle un tour de passe-passe. En effet, une hypothèse scientifique doit, pour être sérieuse, être falsifiable et vérifiable. C’est-à-dire qu’elle doit permettre de faire des prévisions qui, soit permettent de vérifier l’hypothèse, soit permettent de la réfuter. Or la théorie du multivers ne permet ni l’un ni l’autre. Il existe une autre voie, celle qu’empruntent les créationnistes, intégristes chrétiens, qui prennent au pied de la lettre les textes bibliques et évangéliques en rejetant violemment la théorie de l’évolution : le monde est comme il est car c’et ainsi que Dieu l’a voulu. Cette posture a un avantage, celle de permettre de croire dans la résurrection sans tomber dans l’impasse où se trouvent les chrétiens traditionnels. En effet, pour tout chrétien non créationniste, qui accepte la théorie de l’évolution, la croyance dans la résurrection des corps devrait le plonger dans un abîme de perplexité : les hommes de Neandertal, qui sont apparemment bien plus que de simples cousins, vont-ils bénéficier de cette résurrection ? Nous avons, en effet, un ancêtre commun, « l’homo heidelbergensis ». Imaginez la stupéfaction de nos contemporains lorsqu’ils se réveilleront en compagnie de tous leurs ancêtres et cousins préhistoriques ! L’Australopithèque sera-t-il de la fête ? Si oui, pourquoi les grands singes ne seraient-ils pas, eux aussi, ressuscités ? Jusqu’où faut-il remonter ? Jusqu’à LUCA (Last Ultimate Common Ancestor) ? Pourquoi existerait-il une discrimination faisant frontière dans l’arbre continu de l’évolution des espèces ? Vous imaginez-vous serrer la main de votre cousin Toumaï ou rencontrer votre ancêtre Tirex au coin d’une rue du Paradis ? Devant cette absurdité, la raison s’impose : la résurrection des corps est une utopie. N’hésitez donc pas à vous faire incinérer, cela fera gagner de la place dans les cimetières !

08 juin 2010

Ils nous trompent

Ils nous trompent. Leur démagogie est criminelle. Je parle des politiques de tous bords, de la majorité et du gouvernement comme de l’opposition. Le gouvernement nous fait croire qu’en « rabotant » les niches fiscales de 10%, tout en disant que les impôts n’augmenteront pas (sic), le pays arrivera à résorber une dette abyssale. Bien évidemment, c’est totalement faux, cette mesure étant parfaitement insuffisante. Elle ne permettra pas de tenir l’engagement que le Président de la République a pris de ramener le déficit de 8% à 6% du PIB en 2011. La dette sociale est immense (sécurité sociale, retraites, indemnités de chômage, prestations familiales) et reste financée par l’emprunt, le budget est en déséquilibre avec un déficit de l’ordre de 8% du PIB, les décisions tardent. Le gouvernement continue à nous faire croire à la reprise d'une croissance économique fictive. Quant au discours de l’opposition, il verse dans la démagogie la plus pure en faisant croire qu’elle mettra en place une société de rêve (le « care »), ou « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », où le temps de travail continuera à diminuer, où l’argent nécessaire existe et qu’il n’y a qu’à le prendre dans la poche des riches (?) en supprimant le bouclier fiscal, où les prestations sociales seront améliorées, le chômage diminuera et la crise s’effacera par miracle. La vérité est ailleurs et bien différente. Nous sombrons peu à peu dans une crise qui n’aura rien à envier à celle de 1929. Le pouvoir est passé des États au monde de la finance, monde qui fonctionne selon ses propres règles dangereuses et immorales. Tellement dangereuses qu’elles ont permis de remplacer, au grand bénéfice des financiers, la dette privée de ces derniers par la dette publique des contribuables. De plus, l’économie réelle européenne ne va pas bien pour avoir confondu investissements productifs et spéculation financière. L’Europe est gravement malade et, en son sein, la France continue de vivre comme si rien n’avait changé. Alors que le chômage croit, que les retraites sont en grand danger, que les impôts augmentent et que le citoyen souffre et s’inquiète, les élus sont vent debout contre la réforme des collectivités locales, véritable gouffre de dépenses, parce que préoccupés de préserver leur poste.

01 juin 2010

Soupçons

Il s’agit d’un crime, sans conteste. Mais a-t-on le droit de se poser quelques questions sur les morts survenus en mer au large d’Israël ? Peut-on ressentir quelques réserves en face d’une indignation unanime et violente ? A-t-on le droit de constater qu’une fois de plus, à l’orée d’une négociation naissante, survient un incident qui torpille un fragile processus de paix? Ne peut-on se demander si, une fois de plus, les extrémistes radicaux n’ont pas remporté une victoire ? Ne peut-on soupçonner ces mêmes extrémistes d’avoir volontairement envoyé à la mort un certain nombre de citoyens, persuadés qu’ils étaient que la réaction d’Israël serait violente en face de la menace de réarmer le Hamas sous le couvert d’une opération humanitaire ? Est-il inconvenant de se demander pourquoi la réaction des militaires israéliens a été aussi violente si les passagers du bateau accosté n’étaient pas armés comme on le dit ? Comment se fait-il que deux soldats israéliens aient été blessés par balle par des gens soi-disant non armés ?Les militaires israéliens sont-ils si dépourvus de réflexion qu’ils ne pouvaient imaginer les réactions mondiales à la suite de ces assassinats ? Ont-ils été manipulés par un gouvernement hostile aux négociations que la communauté internationale cherche à lui imposer, par un gouvernement raidi dans une attitude intransigeante à cause des actes terroristes dont il est victime ? Cette région du monde est décidément la proie des extrémistes de tous bords. Et l’histoire nous a appris qu’il fallait se méfier des mouvements de foule.

30 mai 2010

Un livre salutaire

Avez-vous lu le livre intitulé « L’arnaque ou La finance au-dessus des lois et des règles » de Jean de Maillard ? C’est un ouvrage effrayant et salutaire que tout le monde devrait lire, en particulier les hommes qui nous gouvernent. Ce livre explique les mécanismes utilisés par le monde de la finance, et particulièrement le monde anglo-saxon, qui nous ont plongés dans la crise profonde que nous connaissons aujourd’hui. Si vous n’avez pas compris comment se sont développées la crise des Caisses d’Épargne américaines, la bulle Internet, la crise des subprimes, la crise des produits toxiques financiers, l’inflation galopante de la masse monétaire, vous trouverez dans cet ouvrage toutes les explications nécessaires. Mais surtout il met en évidence que le monde financier secrète des comportements délinquants en toute impunité car la mondialisation financière a créé un environnement où de tels comportements deviennent, non seulement incontournables, mais restent légaux pour la simple raison que ce monde fabrique ses propres lois dans le vide réglementaire que les hommes politiques ont laissé se développer par incompétence ou lâcheté (à vous de choisir). En quelque sorte, il y a consubstantialité entre la mondialisation financière et la fraude à grande échelle car celle-ci est devenue une variable d’ajustement et un mode de gestion de l’économie. Après la lecture de ce livre salutaire, tous les discours des G20 et autres instances politiques internationales, toutes les rodomontades gouvernementales nous assurant que plus rien ne sera comme avant, on comprend que rien ne change et ne changera jamais. Nous sommes entraînés malgré nous dans une machine infernale où un tout petit nombre de décideurs financiers pillent le monde à leur seul et colossal profit. À croire que les marcionistes avaient raison !

17 mai 2010

Qui croire ?

Les journaux sont emplis jusqu’à plus soif d’articles comminatoires de soi-disant experts en économie qui nous expliquent à longueur de colonnes les raisons de la crise profonde dans laquelle plonge peu à peu toute l’Europe. Une fois de plus, cette prétendue expertise consiste à regarder dans le rétroviseur, décrire le passé étant nettement plus commode que de prévoir l’avenir. Encore que ! Les explications sont bien loin d’être concordantes et les conseils encore plus variés. Allant de la dissimulation grecque à la gabegie budgétaire, de l’obligation d’une rigueur extrême jusqu’à la nécessité absolue d’une dévaluation de l’Euro, chaque expert y va de son analyse et de ses pronostics. On commence par nous expliquer que les marchés, inquiets de l’ampleur de la dette, réclament des plans de rigueur au sein des pays endettés, puis on nous assure que les marchés s’inquiètent du fait que les plans de rigueur adoptés par ces mêmes pays n’entravent la croissance. On comprend que les gouvernements ne sachent à quel saint se vouer en cette matière, les conseils dont ils sont abreuvés relevant davantage d’un discours de Diafoirus que d’une analyse crédible. Il n’y a qu’une vérité en la matière : l’économie n’est pas une science, à peine une suite de conjectures.

15 mai 2010

Des topinambours dans nos assiettes !

La dette publique mondiale atteint, à l’heure actuelle, la somme effarante de 38.000 milliards de dollars ! La dette française, quant à elle, atteint 2.130 milliards de dollars. Elle va bientôt atteindre 100% du PIB national. Et, tous les autres pays européens sont à la même enseigne. L’euro est attaqué et se déprécie chaque jour. Les spéculateurs ont déclaré la guerre à la zone Euro. Bref, nous sommes au bord d’un précipice dont il est impossible de voir le fond. Et que se passe-t-il ? Lorsque la Commission Européenne, étrangement silencieuse depuis le début de la crise financière, suggère enfin de mettre en place un mécanisme de collaboration budgétaire, tous les responsables politiques, toutes tendances confondues, crient, comme des vierges effarouchées, au viol de la souveraineté nationale, ceux-là même qui nous expliquaient que toutes nos difficultés proviennent de l’inexistence d’un gouvernement économique européen ! Lorsque les gouvernements se trouvent dans l’obligation d’envisager la possibilité éventuelle de, peut-être, mettre en œuvre quelques mesures d’économies, tous les syndicats et la majorité des hommes politiques s’insurgent devant ces mesures. Les mots mêmes leur font peur, les politiques s’interdisant d’employer le terme de « rigueur » et les syndicats faisant des poussées de fièvre en entendant ce mot. Pourquoi une telle attitude irresponsable ? À cause de préoccupations uniquement électorales. Les ambitions électorales suppriment aux responsables politiques et syndicaux la capacité de raisonner à moyen terme, c’est-à-dire pour l’intérêt général. Comme ces mêmes responsables imaginent que la démagogie est le seul discours que peut entendre la majorité des citoyens, il ne faut pas d’étonner de voir les attitudes et les discours populistes faire flores. Depuis la fin des « trente glorieuses », cette attitude nous a conduit dans la situation dramatique où nous sommes aujourd’hui. Cela fait presque quarante ans que le monde dit développé vit au-dessus de ses moyens, c’est-à-dire qu’il dépense plus qu’il ne crée et qu’il couvre son déficit par l’emprunt. Nous sommes aujourd’hui sommés de rendre des comptes. Et cela sera douloureux pour tous. L’économie mondiale est devenue un véritable casino, dont les bourses sont les tables de jeux, où les spéculateurs (les banquiers et les responsables de fonds spéculatifs anglo-saxons) sont systématiquement gagnants et les contribuables systématiquement perdants. C’est ainsi que les citoyens grecs paient durement aujourd’hui les résultats du jeu malsain et immoral que la banque américaine Goldman Sachs a joué avec leur gouvernement. Une dernière idée : le monde occidental s’est développé sans vergogne au détriment du reste de la planète et ce à quoi nous assistons maintenant n’est que le début d’un nécessaire réajustement. La France vit depuis des années avec un modèle économique basé sur la consommation (antienne des politiques de gauche et des syndicats), elle-même aidée par une redistribution sociale financée par la dette. Ainsi, un effort important de désendettement conduit inévitablement à une restriction de la consommation. Attendons-nous donc à enfiler un pull-over plutôt que d’ouvrir un radiateur, à fondre les bouts de savon usagés pour reconstituer un savon neuf, à voir dans nos assiettes rutabagas, salsifis et autres topinambours !

13 mai 2010

Poker menteur

Que n’a-t-on entendu les politiques et les économistes nous expliquer abondamment que la solution de la crise passait par un gouvernement économique européen, que son absence était pratiquement incompatible avec l’existence de la monnaie unique ? À tous, cela paraissait frappé au coin du bon sens. Or, quelle est la première tâche et responsabilité d’un gouvernement, dans le domaine économique, si ce n’est l’établissement du budget annuel ? Donc, proposer un gouvernement économique européen pour résoudre la crise et empêcher qu’elle ne se reproduise, veut dire que les nations délèguent l’établissement, ou du moins le contrôle, de leur budget à un organe européen. Or, que constate-t-on (je dirais une fois de plus) ? Lorsque la Commission européenne propose que les budgets nationaux soient soumis à l’approbation des ministres des finances réunis en comité européen, tous les responsables politiques, toutes tendances confondues, refusent cette proposition au prétexte qu’il s’agirait d’un abandon inadmissible de la souveraineté nationale. Actuellement, les gouvernements envoient à la Commission européenne un document résumant leur budget, une fois celui-ci adopté par leur Parlement. C’est en envoyant ce résumé que le gouvernement grec a dissimulé la vérité de ses dépenses et du déséquilibre inadmissible de ses budgets successifs. Comment ne pas penser que tous les gouvernements ne font pas, plus ou moins, la même chose ? Qui pourrait croire qu’un gouvernement n’a jamais rien à cacher dans l’établissement de son budget ? De plus, a-t-on jamais entendu parler d’une critique formulée par la Commission européenne à la lecture de ces documents ? La vérité est qu’une fois de plus les paroles des politiques n’ont rien à voir avec leurs actes. Comment le citoyen pourrait croire que le pire n’est pas devant lui lorsque la rigueur (au vrai sens du terme !) n’est pas considérée, par les responsables politiques, comme indispensable dans la gouvernance européenne ?