30 mai 2010

Un livre salutaire

Avez-vous lu le livre intitulé « L’arnaque ou La finance au-dessus des lois et des règles » de Jean de Maillard ? C’est un ouvrage effrayant et salutaire que tout le monde devrait lire, en particulier les hommes qui nous gouvernent. Ce livre explique les mécanismes utilisés par le monde de la finance, et particulièrement le monde anglo-saxon, qui nous ont plongés dans la crise profonde que nous connaissons aujourd’hui. Si vous n’avez pas compris comment se sont développées la crise des Caisses d’Épargne américaines, la bulle Internet, la crise des subprimes, la crise des produits toxiques financiers, l’inflation galopante de la masse monétaire, vous trouverez dans cet ouvrage toutes les explications nécessaires. Mais surtout il met en évidence que le monde financier secrète des comportements délinquants en toute impunité car la mondialisation financière a créé un environnement où de tels comportements deviennent, non seulement incontournables, mais restent légaux pour la simple raison que ce monde fabrique ses propres lois dans le vide réglementaire que les hommes politiques ont laissé se développer par incompétence ou lâcheté (à vous de choisir). En quelque sorte, il y a consubstantialité entre la mondialisation financière et la fraude à grande échelle car celle-ci est devenue une variable d’ajustement et un mode de gestion de l’économie. Après la lecture de ce livre salutaire, tous les discours des G20 et autres instances politiques internationales, toutes les rodomontades gouvernementales nous assurant que plus rien ne sera comme avant, on comprend que rien ne change et ne changera jamais. Nous sommes entraînés malgré nous dans une machine infernale où un tout petit nombre de décideurs financiers pillent le monde à leur seul et colossal profit. À croire que les marcionistes avaient raison !

17 mai 2010

Qui croire ?

Les journaux sont emplis jusqu’à plus soif d’articles comminatoires de soi-disant experts en économie qui nous expliquent à longueur de colonnes les raisons de la crise profonde dans laquelle plonge peu à peu toute l’Europe. Une fois de plus, cette prétendue expertise consiste à regarder dans le rétroviseur, décrire le passé étant nettement plus commode que de prévoir l’avenir. Encore que ! Les explications sont bien loin d’être concordantes et les conseils encore plus variés. Allant de la dissimulation grecque à la gabegie budgétaire, de l’obligation d’une rigueur extrême jusqu’à la nécessité absolue d’une dévaluation de l’Euro, chaque expert y va de son analyse et de ses pronostics. On commence par nous expliquer que les marchés, inquiets de l’ampleur de la dette, réclament des plans de rigueur au sein des pays endettés, puis on nous assure que les marchés s’inquiètent du fait que les plans de rigueur adoptés par ces mêmes pays n’entravent la croissance. On comprend que les gouvernements ne sachent à quel saint se vouer en cette matière, les conseils dont ils sont abreuvés relevant davantage d’un discours de Diafoirus que d’une analyse crédible. Il n’y a qu’une vérité en la matière : l’économie n’est pas une science, à peine une suite de conjectures.

15 mai 2010

Des topinambours dans nos assiettes !

La dette publique mondiale atteint, à l’heure actuelle, la somme effarante de 38.000 milliards de dollars ! La dette française, quant à elle, atteint 2.130 milliards de dollars. Elle va bientôt atteindre 100% du PIB national. Et, tous les autres pays européens sont à la même enseigne. L’euro est attaqué et se déprécie chaque jour. Les spéculateurs ont déclaré la guerre à la zone Euro. Bref, nous sommes au bord d’un précipice dont il est impossible de voir le fond. Et que se passe-t-il ? Lorsque la Commission Européenne, étrangement silencieuse depuis le début de la crise financière, suggère enfin de mettre en place un mécanisme de collaboration budgétaire, tous les responsables politiques, toutes tendances confondues, crient, comme des vierges effarouchées, au viol de la souveraineté nationale, ceux-là même qui nous expliquaient que toutes nos difficultés proviennent de l’inexistence d’un gouvernement économique européen ! Lorsque les gouvernements se trouvent dans l’obligation d’envisager la possibilité éventuelle de, peut-être, mettre en œuvre quelques mesures d’économies, tous les syndicats et la majorité des hommes politiques s’insurgent devant ces mesures. Les mots mêmes leur font peur, les politiques s’interdisant d’employer le terme de « rigueur » et les syndicats faisant des poussées de fièvre en entendant ce mot. Pourquoi une telle attitude irresponsable ? À cause de préoccupations uniquement électorales. Les ambitions électorales suppriment aux responsables politiques et syndicaux la capacité de raisonner à moyen terme, c’est-à-dire pour l’intérêt général. Comme ces mêmes responsables imaginent que la démagogie est le seul discours que peut entendre la majorité des citoyens, il ne faut pas d’étonner de voir les attitudes et les discours populistes faire flores. Depuis la fin des « trente glorieuses », cette attitude nous a conduit dans la situation dramatique où nous sommes aujourd’hui. Cela fait presque quarante ans que le monde dit développé vit au-dessus de ses moyens, c’est-à-dire qu’il dépense plus qu’il ne crée et qu’il couvre son déficit par l’emprunt. Nous sommes aujourd’hui sommés de rendre des comptes. Et cela sera douloureux pour tous. L’économie mondiale est devenue un véritable casino, dont les bourses sont les tables de jeux, où les spéculateurs (les banquiers et les responsables de fonds spéculatifs anglo-saxons) sont systématiquement gagnants et les contribuables systématiquement perdants. C’est ainsi que les citoyens grecs paient durement aujourd’hui les résultats du jeu malsain et immoral que la banque américaine Goldman Sachs a joué avec leur gouvernement. Une dernière idée : le monde occidental s’est développé sans vergogne au détriment du reste de la planète et ce à quoi nous assistons maintenant n’est que le début d’un nécessaire réajustement. La France vit depuis des années avec un modèle économique basé sur la consommation (antienne des politiques de gauche et des syndicats), elle-même aidée par une redistribution sociale financée par la dette. Ainsi, un effort important de désendettement conduit inévitablement à une restriction de la consommation. Attendons-nous donc à enfiler un pull-over plutôt que d’ouvrir un radiateur, à fondre les bouts de savon usagés pour reconstituer un savon neuf, à voir dans nos assiettes rutabagas, salsifis et autres topinambours !

13 mai 2010

Poker menteur

Que n’a-t-on entendu les politiques et les économistes nous expliquer abondamment que la solution de la crise passait par un gouvernement économique européen, que son absence était pratiquement incompatible avec l’existence de la monnaie unique ? À tous, cela paraissait frappé au coin du bon sens. Or, quelle est la première tâche et responsabilité d’un gouvernement, dans le domaine économique, si ce n’est l’établissement du budget annuel ? Donc, proposer un gouvernement économique européen pour résoudre la crise et empêcher qu’elle ne se reproduise, veut dire que les nations délèguent l’établissement, ou du moins le contrôle, de leur budget à un organe européen. Or, que constate-t-on (je dirais une fois de plus) ? Lorsque la Commission européenne propose que les budgets nationaux soient soumis à l’approbation des ministres des finances réunis en comité européen, tous les responsables politiques, toutes tendances confondues, refusent cette proposition au prétexte qu’il s’agirait d’un abandon inadmissible de la souveraineté nationale. Actuellement, les gouvernements envoient à la Commission européenne un document résumant leur budget, une fois celui-ci adopté par leur Parlement. C’est en envoyant ce résumé que le gouvernement grec a dissimulé la vérité de ses dépenses et du déséquilibre inadmissible de ses budgets successifs. Comment ne pas penser que tous les gouvernements ne font pas, plus ou moins, la même chose ? Qui pourrait croire qu’un gouvernement n’a jamais rien à cacher dans l’établissement de son budget ? De plus, a-t-on jamais entendu parler d’une critique formulée par la Commission européenne à la lecture de ces documents ? La vérité est qu’une fois de plus les paroles des politiques n’ont rien à voir avec leurs actes. Comment le citoyen pourrait croire que le pire n’est pas devant lui lorsque la rigueur (au vrai sens du terme !) n’est pas considérée, par les responsables politiques, comme indispensable dans la gouvernance européenne ?

10 mai 2010

Indigne

Les régimes de retraites sont au bord de la faillite et les discours des syndicats n’y changeront rien. Martine Aubry nous dit que le Parti Socialiste est conscient du problème et qu’il a des solutions. Lesquelles ? Nous n’avons pas le droit de le savoir !! L’urgence attendra ! Courbée sur sa feuille, Martine Aubry a peur qu’on la copie ! Quel enfantillage ridicule ! Arc-boutée sur son opposition systématique au Président de la République, elle en oublie l’intérêt général. Garder dans sa main quelques cartes plutôt que de servir le pays, est-ce là un comportement de politique responsable ? Cette attitude indigne montre que Martine Aubry est, peut-être, une politicienne, mais sûrement pas un homme d’Etat. Que chacun s’en souvienne en 2012 !

La débâcle !

Un immeuble de bureaux de la City ou de Wall Street. Une immense salle où s’alignent des écrans d’ordinateurs dans une atmosphère conditionnée. Devant chaque écran, un homme d’une trentaine d’années, chemise blanche et cravate, lunettes cerclées, observe le défilé continu des chiffres. Soudain, l’un d’entre eux presse quelques touches de son clavier … et il y a trois morts à Athènes. Certes, c’est un raccourci quelque peu subjectif, direz-vous. Pourtant, les traders des fonds spéculatifs et des organismes financiers et bancaires ont spéculé à la baisse les bonds de rachat de la dette grecque sans aucun état d’âme. Comme les marchés financiers ne fonctionnent pas selon la loi de l’offre et de la demande, mais selon des prévisions auto-réalisatrices, la spéculation à la baisse a effectivement entraîné la baisse des bonds de rachats grecs. Immédiatement, les taux d’intérêt des prêts bancaires à la Grèce se sont envolés et atteints des niveaux mettant ce petit pays dans l’impossibilité de rembourser ne serait-ce que les intérêts de sa dette. Obligée de réduire de façon dramatique ses dépenses pour éviter d’être en cessation de paiement, la Grèce a mis en œuvre un drastique plan de rigueur touchant brutalement les salaires, la redistribution sociale, les retraites, les investissements, les impôts, etc… Sous le choc, le peuple grec s’est révolté … et il y eut trois morts. C’était donc bien un raccourci, mais parfaitement objectif. Voilà presque trois mois que la situation se dégrade et que les responsables européens passent leur temps en discussions stériles et en atermoiements. Pendant ce temps perdu, la spéculation mondiale s’en ait donné à cœur joie ! Les européens expliquent que l’on prête de l’argent à la Grèce, mais il faut que cet argent rapporte ! On aide, mais on punit ! Les marchés rigolent !! et en profitent. Décidément, l’Europe manque de dirigeants d’envergure. Qui a entendu le « président » de l’Europe depuis que nous sommes dans la plus grave crise que l’Europe ait connue ? Lorsque l’Allemagne garde les yeux fixés sur les élections plutôt que sur le risque d’éclatement de l’Europe, on peut douter de l’avenir de celle-ci. D’ailleurs, A.Merkel a perdu sur tous les tableaux : non seulement ses hésitations et ses interventions intempestives n’ont pas arrêté la spéculation, mais elle a également perdu les élections et sa majorité gouvernementale. W. Churchill disait déjà, en son temps : « Vous aviez le choix entre la guerre ou la honte. Vous avez choisi la honte et vous aurez la guerre ! ». Mac Arthur disait également: « Ce qui distingue une défaite d’une victoire ? Deux mots : trop tard ». Où est la solidarité européenne lorsque A.Merkel dit « il faut punir les Grecs » ? On peut légitimement se demander si les Allemands sont sincèrement européens. Les résultats des élections partielles allemandes en Rhénanie semblent démontrer que la réponse est négative, la majorité des Allemands étant hostiles à toute aide à la Grèce. La croissance repart dans le monde entier … sauf en Europe. Les marchés s’en vont logiquement ailleurs ! Ils quittent une Europe vieillissante, sans réaction, sans volonté et endettée au-delà du raisonnable. Rien de plus normal ! Les marchés financiers sont des prédateurs immoraux, mais qui ne sont pas idiots : ils constatent et jouent sur l’incapacité des dirigeants européens à mettre en œuvre une politique commune, cohérente, compréhensible et qui se confinent dans des discours rodomonts. Jamais l’Europe n’a été plongée dans une telle crise. Nous avons au moins 10 ans de souffrances et de privations devant nous avec une déflation sévère. La pauvreté nous guette. L’Europe est déjà coupée en 2 : la zone Euro et les autres qui, aujourd’hui, insistent sur leur choix de ne pas en faire partie. Quelle vision ont donc les dirigeants européens lorsque leur seul moteur est la réaction des marchés financiers ? Tout, dans cette crise, montre que les égoïsmes nationaux sont majoritairement à l’œuvre dans les règles de fonctionnement de l’Europe. La Commission européenne se cantonne dans une technocratie tatillonne et le « président de l’Europe » est parfaitement inaudible. L’Europe est en perpétuel déficit, c’est-à-dire en dysfonctionnement économique, depuis plusieurs décennies et vieillissante. A-t-elle encore un avenir ? On peut en douter. Jamais l’Europe n’a été plongée dans une telle crise. Nous avons au moins 10 ans de souffrances et de privations devant nous avec une déflation sévère. La pauvreté nous guette.

07 mai 2010

Krach ?

Depuis vingt ans, faute d’investissements productifs, les entreprises ont perdu le combat de la compétitivité sur le plan mondial. Le résultat en est la désindustrialisation de la France, les délocalisations, le déficit de plus en plus grand de la balance commerciale. Faute de pouvoir jouer sur le levier de la croissance par les exportations, les gouvernements successifs, suivis ou poussés par les syndicats, se sont appuyés sur le seul levier qui leur restait, à savoir la consommation interne et les emplois aidés. Cette politique démagogique à long terme produit aujourd’hui ses effets, c’est-à-dire une dette colossale qui nous menace de connaître le sort de la Grèce. L’effondrement économique nous guette, accompagné par une crise sociale dont l’ampleur peut être catastrophique. La finance spéculative, immorale et sans scrupule, est à l’affût de la plus petite brèche pour enfoncer un coin destructeur dans l’économie du pays. Nous sommes en grand danger, malgré les discours faussement rassurants des hommes politiques de tous bords. Lorsque ces acteurs hors contrôle que sont les agences de notation auront créé la panique au Portugal (ce qu’elles s’apprêtent à faire), puis en Espagne et en Italie, la France sera leur prochaine victime. Notre seul salut passe par une cure d’austérité sévère qui ne manquera pas de créer des mouvements sociaux soutenus et alimentés par les syndicats et une partie de l’opposition politique, toujours prêts à verser dans la démagogie facile. L’État doit, à moyen terme, trouver 50 milliards de recettes nouvelles ou d’économies de fonctionnement. Les 5 milliards sur 3 ans, annoncés par le gouvernement, ne sont pas à la hauteur du problème. La petite Grèce cherche à faire 30 milliards d’économies alors qu’elle ne représente que 10% du PIB européen. Attendons-nous donc à voir les impôts augmenter fortement, au-delà du « rabotage » des niches fiscales, et les prestations sociales se réduire de façon importante. Espérons que les politiques auront le courage de mettre de côté leur hubris et leurs ambitions égoïstes pour prendre des décisions impopulaires que vont contester tous les syndicats. Il faut, dès maintenant, expliquer aux citoyens la réalité de la situation et prendre des mesures complémentaires permettant de remettre le pays sur la voie du développement. Malheureusement, la France ne peut sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve, sans l’Europe. Nous partageons avec un grand nombre de pays européens une monnaie commune. Et, toujours à l’affût de mauvais coups, les spéculateurs financiers ne manqueront pas de jouer l’Euro à la baisse si la situation ne s’améliore pas rapidement, entraînant dans la crise toute la zone Euro. Les responsables européens sauront-ils laisser de côté leurs égoïsmes nationaux et repousser l’horizon de leurs réflexions au-delà de leurs échéances électorales ? On peut en douter lorsque l’on constate qu’il a fallu plus de trois mois pour que ceux-ci trouvent un langage commun pour limiter la crise grecque, trois mois de trop qui ont suffi pour plonger celle-ci dans la tourmente sociale et toute l’Europe dans les remous financiers.

03 mai 2010

La burka infâme

Aux frontons de nos établissements publics, brille la devise de la République Française avec, en premier lieu parce que le plus symbolique, la Liberté. La République donne les libertés indispensables au citoyen : liberté d’entreprendre, liberté d’expression, liberté de circuler, liberté de culte … La liberté du citoyen est l’essence même de la République. Au nom de cette liberté, peut-on interdire le voile intégral porté par certaines femmes ? A-t-on le droit d’interdire la liberté de se vêtir comme on l’entend ? Il faut chercher la réponse dans le fait que nous vivons en communauté, c’est-à-dire qu’il y a nécessairement des limites aux libertés du citoyen. La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. L’égoïsme individuel a pour limite la fraternité collective. Il y a donc obligatoirement des règles du « vivre ensemble ». Ces règles sont fixées, dans une démocratie, par celle de la majorité. Une règle choisie et acceptée par la majorité des citoyens s’impose à tous. Sans cette règle, point de démocratie. Il y a donc une frontière entre la liberté et la contrainte de la vie collective. Cette frontière s’appelle « l’ordre public ». Tout citoyen est libre à condition de ne pas porter atteinte à l’ordre public. C’est la raison, par exemple, pour laquelle un citoyen n’a pas le droit d’être nu dans l’espace public, en dehors des lieux réservés à cet effet (hôpitaux, cabinets médicaux, …). Circuler nu dans l’espace public est une atteinte à l’ordre public, appelée attentat à la pudeur. Au nom de quelle atteinte à l’ordre public peut interdire le port de la burka dans l’espace public ? Une première réponse est simple : au nom du combat contre l’intégrisme, responsable de la montée mondiale du fanatisme et du terrorisme. La burka s’épanouit dans des pays où la femme est considérée comme un être inférieur et qui exportent ce comportement dans les démocraties où l’égalité de l’homme et de la femme reste un combat de chaque jour. Accepter la burka est un retour en arrière dans ce combat difficile. Une deuxième raison est que la burka signifie que vous êtes considéré comme indigne de tout contact, même visuel, avec la femme voilée. La burka est donc un comportement injurieux, voire raciste, vis-à-vis de tout interlocuteur. Une troisième raison est qu’une femme à qui l’on a imposé le port de ce voile infâme ne pourra jamais s’en plaindre sans risquer des représailles. La seule justification qu’elle pourra donner est qu’il s’agit d’une expression de sa seule volonté, de sa propre relation à sa religion. Comment pourra-t-on savoir si cette justification est sincère ? Même s’il en était ainsi, accepterait-on qu’au nom d’une quelconque religion, un individu se promène nu dans l’espace public ? Certainement pas, au nom de l’atteinte à l’ordre public. C’est exactement la même chose pour le voile intégral. De même qu’en France il est interdit de se promener avec une arme sans autorisation spéciale, il est naturel d’interdire le port du voile intégral dans la totalité du domaine public. Comment imaginer que l’on interdise le voile uniquement dans certains lieux et qu’on l’accepte ailleurs ? Imagine-t-on que l’on puisse demander à une femme voilée d’enlever son niqab en entrant dans une banque pour lui permettre de le remettre en sortant ? Devra-t-on mettre un agent de la force publique devant chaque banque, chaque poste, dans chaque bus pour interdire l’accès à une femme entièrement voilée ? Une loi dans ce sens serait parfaitement ridicule et inapplicable. Soutenir qu’une loi interdisant la burka dans les seuls établissements publics est l’unique solution pour des raisons d’applicabilité n’est qu’une hypocrisie.

01 mai 2010

Une époque formidable

Depuis deux ans, le monde entier n’en finit pas d’expérimenter l’effet papillon et son fonctionnement chaotique. Non seulement des causes d’importance moyenne voire anecdotique provoquent des conséquences inimaginables que personne n’a anticipées, mais le nombre de ces accidents augmente dans des proportions étonnantes. En l’espace d’un an et demi, on peut compter au moins six accidents majeurs et planétaires de ce type.
Tout d’abord, en Octobre 2008, s’est produite la crise bancaire et financière puis économique qui a pris naissance à partir de la faillite d’une banque anglo-saxonne de moyenne importance et dont les conséquences ont été, et sont encore, mondiales. Tout le monde a mis la main à la poche pour sauver des établissements financiers au bord de la faillite et dont les sacro-saintes agences de notation nous vantaient les mérites. Puis, à la fin de l’année 2009, l’Europe s’aperçoit que la Grèce a trompé son monde pour pouvoir bénéficier sans vergogne de l’aide du contribuable européen. Cette tromperie a amené à son tour la Grèce au bord de la faillite et ceux-là mêmes qu’elle a trompés sont obligés de lui porter secours pour éviter un catastrophique effet domino. Les pays européens, endettés au-delà du raisonnable, vont devoir s’endetter encore un peu plus pour enrayer cet effet papillon. Puis, en Janvier 2010, un séisme important, mais nullement extraordinaire, manque de rayer de la carte du monde un pays tout entier, Haïti. Les hommes sont étrangement attirés par les zones dangereuses de la planète et s’entassent sur les failles tectoniques, sur les flans volcaniques, dans les deltas submersibles, dans les zones inondables. C’est ainsi qu’en Avril 2010, la conjugaison improbable mais loin d’être impossible d’une tempête et d’une grande marée a provoqué une inondation littorale majeure qui tue 65 personnes en France en quelques heures et imposera la destruction d’environ 1500 maisons dans quelques communes. En Mars 2010, un petit volcan islandais lance dans l’atmosphère ses expectorations cendreuses et cloue au sol la presque totalité de la flotte aérienne mondiale, provoquant une désorganisation complète du transport du fret et des passagers, ce qui coûtera à la communauté mondiale plusieurs milliards de dollars. En Avril de la même année, on s’aperçoit qu’un trader mathématicien français, salarié de Goldman Sachs, une des plus grandes banques mondiales, a imaginé un processus spéculatif consistant à tromper les clients de la banque tout en enrichissant scandaleusement celle-ci. La conséquence en fut l’expropriation de plusieurs milliers de foyers américains et le début de la crise financière mondiale évoquée ci-dessus. Comme pour prouver que l’apparition des accidents chaotiques s’accélère, toujours en Avril 2010, un accident industriel sur une plateforme off-shore pétrolière provoque une pollution qui va s’avérer une des plus catastrophiques que le monde ait connue. Une fuite de deux millions de litres de pétrole par jour pollue une surface grande comme la Belgique et qui va, non seulement détruire les centaines de milliers d’animaux et de plantes des mangroves mais va également ruiner des milliers de pêcheurs. Ainsi, depuis le début de l’année, une demi-douzaine d’évènements, apparemment d’importance négligeable ou moyenne ont eu des conséquences que personne n’a anticipées. Que nous réservent les mois à venir ? Décidément, nous vivons une époque formidable !!

29 avril 2010

On croit rêver !!

Le feu est en train de prendre dans l’ensemble des économies européennes. La Grèce est au bord du dépôt de bilan, qui entraînera dans sa chute le Portugal, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie puis la France. L’Euro, et donc l’Europe, est en danger d’éclatement. Pendant ce temps, le Président français est parti inaugurer une exposition en Chine avec quelques détours touristiques qui l’occupera pendant trois jours. Le Parti socialiste, de son côté, concocte son projet de gouvernement centré, nous dit-il, sur le bonheur (sic !). La crise qui s’annonce promet du sang et des larmes, mais Martine Aubry nous parle d’une société française du bonheur ! Elle voudrait nous dire : « Dormez, braves gens », elle ne s’y prendrait pas autrement. En Allemagne, les rodomontades de la Chancelière n’arrivent pas à cacher que ses seules préoccupations sont égoïstes, nationales et électorales. Cerise sur le gâteau, le Conseil de l’Europe s’occupe d’un sujet fondamental au milieu de la tourmente : faut-il oui ou non supprimer la fessée. Il n’y a pas de doute, nous pouvons être rassurés : les politiques qui nous gouvernent s’occupent décidément de choses sérieuses ! Bandes de clowns !!

27 avril 2010

N’ayez pas peur ?

« N’ayez pas peur … Ouvrez les frontières … » s’exclame Jean-Paul II le 22 Octobre 1978 lors de son premier discours pontifical, donnant ainsi aux Polonais de Solidarnosc le courage de résister au pouvoir communiste. Cette phrase a fait le tour du monde. Son acception courante est une exhortation à ne pas craindre ses adversaires ou ses ennemis. Et cela est une erreur. Nous vivons une époque et dans un monde où nous devons avoir peur car la compréhension du fonctionnement de ce dernier nous échappe de plus en plus. L’exhortation papale ne peut être acceptée qu’en la complétant par la condition indispensable « …si vous avez identifié et si vous connaissez votre adversaire ». Sans cette connaissance et cette compréhension indispensables, nous ne pouvons qu’avoir peur. Or, aujourd’hui, la compréhension du monde devient pratiquement impossible. Avant que l’homme ne vienne la perturber, la nature a toujours fonctionné grâce à des processus complexes mais déterministes. Le but unique de ces processus, moteur de l’évolution, est de doter les espèces vivantes des moyens de protection contre leur environnement pour permettre la reproduction. Avant l’apparition et le développement anarchique de l’espèce humaine, seuls ces processus déterministes organisaient le fonctionnement du monde. Par exemple, pour éviter la destruction de leurs œufs par les prédateurs, les mammifères ont « inventé » la gestation « in vivo ». De même, les plantes à fleurs ont multiplié les moyens d’attirer les insectes pollinisateurs par une profusion de couleurs, de formes et de parfums. Les dinosaures ont « inventé » la course aux armements, les herbivores devenant de plus en plus gigantesques pour intimider leurs prédateurs carnassiers, ces derniers répliquant en devenant eux aussi de plus en plus grands. Mais l’apparition des hommes a tout changé. Ces derniers, en sophistiquant de plus en plus leurs processus de fonctionnement et en perturbant ceux de la nature, ont introduit le chaos son sein. La complexité du monde est, non seulement, devenue plus grande mais elle repose maintenant sur des processus chaotiques. Et ceux-là sont caractérisés par le fait qu’il est presque impossible de prévoir le résultat d’une modification ou d’un dysfonctionnement de l’un d’entre eux. De plus, un petit dysfonctionnement peut provoquer un grand désordre. Cette première décennie du XXI ème siècle nous en a apporté plus d’une preuve. Ainsi, la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en 2008, que personne n’avait prévue, a failli provoquer l’effondrement du système bancaire de la planète tout entière. L’éruption du volcan islandais Eyjafjöll a entraîné l’arrêt du transport aérien sur la moitié de la planète, provoquant des pertes économiques encore aujourd’hui difficiles à estime, mais dépassant plusieurs milliards de dollars. Le laxisme et le mensonge du gouvernement Grec dans sa gestion économique provoquent de tels remous dans l’économie mondiale que l’Euro et l’Europe elle-même sont en danger d’éclatement. Qui, aujourd’hui, peut dire quelles seraient les conséquences d’une faillite de la Grèce et de sa sortie du système monétaire de l’Euro ? Personne. On voit bien qu’actuellement tout dysfonctionnement surprend par l’ampleur de ses conséquences et que, jamais, nous n’y sommes préparés. Le lent réchauffement atmosphérique produit des effets majeurs sur le continent Antarctique, notamment sur les plateformes de la péninsule qui sont en train de se disloquer sous nos yeux. Nous sommes bien au sein d’un système chaotique qui n’a plus rien de déterministe. Et c’est de cela dont nous devons avoir peur. Si nous voulons éviter de vivre dans la peur, il nous faudra être sérieusement à l’écoute de notre monde pour discerner et interpréter les signaux faibles (il y a longtemps que l’on aurait dû s’apercevoir que la Grèce jouait au poker menteur), annonciateurs avancés de dysfonctionnements, et d’en envisager le plus en amont possible les conséquences. N’ayez pas peur, si vous avez identifié et si vous connaissez votre adversaire. C’est l’unique façon de vivre dans une société qui présenterait une qualité extrêmement précieuse et qu’elle n’a pas aujourd’hui : la capacité d’une adaptation préventive et anticipée. Vous êtes inquiet, mais n’ayez pas peur … le pire est à venir.

24 avril 2010

Care : un tour d’illusionniste

On sait que le marketing politique est devenu incontournable. En ce domaine et à l’approche des prochaines élections présidentielles, l’imagination devient débordante. Après « l’ordre juste », voici le « Care » ! Qu’est-ce ? C’est un nouveau concept proposé à Martine Aubry par des esprits malins et qui l’a aussitôt adopté en le déclinant dans son programme présidentiel en gestation. Pour donner à une vielle idée une apparence de nouveauté, il n’est rien de mieux que d’utiliser un néologisme à l’allure savante. « Care » est un mot anglais, utilisé par les anglo-saxons pour définir leur politique de solidarité et de santé (Health care). Dès lors que l’on donne la traduction du terme, viennent à l’esprit deux réflexions. La première est de se demander pourquoi on ne garde pas le mot français de solidarité (le souci des autres) ? La publicité est riche de concepts fumeux à l’aspect faussement scientifique dont on ne sait s’il s’agit de calembredaines ou de carabistouilles. La pauvreté de la nouveauté se cache derrière un vocabulaire pompeux cherchant à faire illusion. L’invention du mot n’est pas nouvelle. Certains gourous du conseil aux entreprises ont fait fortune avec un mot. Le plus bel exemple est « Le prix de l’Excellence », inventé par T. Peters, pour évoquer ce que doit faire une entreprise pour être plus performante que ses concurrentes. De même, le « reengineering » de Michael Hammer. Il en est manifestement de même en politique, ce qui ne surprendra personne. La seconde réflexion est de se désoler de la pauvreté de l’imagination en politique. Sous le mot, se cache en fait tout un cortège d’évidences.
« Care » veut dire, d’après ses inventeurs (?), le souci de fournir à chacun un salaire minimum, un accès aux soins correct, la possibilité de se loger convenablement, bref tout ce que peut espérer un citoyen pour mener une vie acceptable. On ne saurait être plus général et, donc, moins original. C’est justement le rôle du mot que de cacher ce manque d’originalité. La pêche aux rêveurs est à nouveau ouverte. La réalité est, cependant, tout autre. Rien ne sera possible sans une réindustrialisation de la France avec un développement urgent des exportations, sans une réduction drastique de la dette qui imposera de très gros sacrifices à tous les citoyens. Mais quel candidat aux futures élections présidentielles aura le courage de tenir un tel discours ? Il devient pourtant urgent que les politiques abandonnent la publicité partisane pour faire, enfin, de la stratégie politique, c’est-à-dire qu’ils abandonnent leurs petites vues à court terme pour des analyses et des choix engageant le long terme. Quand en auront-ils enfin le courage ?

21 avril 2010

Coupables et irresponsables

La grève de certains conducteurs et contrôleurs de la SNCF perdure maintenant depuis dix jours. Les citoyens, privés des moyens de transport aériens pour cause d’éruption volcanique, sont également privés, pour certains d’entre eux, de trains et se retrouvent ainsi dans des conditions de plus en plus difficiles à gérer. Car, si la cause de la grève à la SNCF est le projet de réorganisation de l’activité Fret, c’est bien l’activité Voyageurs qui est la plus perturbée par ce mouvement. Cela démontre clairement la volonté de nuire des syndicats qui portent leur action non pas sur l’activité concernée mais sur celle où le maximum de dommages sera obtenu. Le Fret est une activité en perte constante depuis plus de quinze ans. Chaque fois que le management de l’entreprise a voulu réformer l’organisation de cette activité, les syndicats s’y sont violemment opposés, supprimant ainsi toute chance au Fret d’être une activité viable face à la concurrence du transport routier. L’activité « wagons isolés » du Fret ne pourra jamais être concurrentiel en face des camions, plus souples, plus rapides, plus fiables, moins chers. Le transport routier fait du porte-à-porte en flux tendus, alors que les wagons dit isolés errent de façon erratique de gare de triage en gare de triage où ils dorment pendant un temps indéterminé pendant que leur destinataire se perd en conjecture sur leur date d’arrivée. C’est donc une évidence que cette activité doit disparaître et que le Fret doit recentrer son métier sur les transports de masse par trains entiers dans des couloirs ferroviaires dédiés, développer le transport des poids lourds et des containeurs. Aujourd’hui, une seule autoroute ferroviaire existe en France, reliant le Luxembourg à Perpignan. C’est donc à une transformation complète de son activité Fret que la SNCF est confrontée. Et c’est à cette transformation incontournable que s’opposent les syndicats, entraînés de plus dans une rivalité interne jusqu’au-boutiste et complètement absurde motivée par l’approche des prochaines élections syndicales. Ils portent ainsi la responsabilité du déficit chronique du Fret qui pèse lourdement sur la SNCF tout entière et font preuve d’une irresponsabilité majeure dans leur acharnement à poursuivre une grève complètement injustifiable. Aucune révolte de Canuts n’a jamais pu empêcher le développement du métier à tisser…

20 avril 2010

Nous sommes tous dangereux

Il y a quelque temps, j’évoquais certaines idées et réflexions sur les notions de pénibilité et de dangerosité du travail, montrant combien ces concepts étaient difficilement opératoires (titre de l’article : Un impossible concept – 31/03/2008). Or, aujourd’hui, la notion de dangerosité fait son apparition dans le monde de la justice à qui l’on demande de la prendre en compte avant de décider de la libération, anticipée ou non, d’un détenu. Apporter la preuve que quelqu’un est coupable est, en principe, totalement objectif puisque s’appuyant sur la possibilité de la preuve. Mais comment prouver qu’un individu est dangereux ? L’avis d’un expert psychiatrique peut-il être considéré comme une preuve ? Un juge ne peut que très difficilement réfuter une preuve objective, mais il lui est tout-à-fait possible de refuser l’avis d’un expert dont l’infaillibilité est utopique. Possible, mais sur quels critères ? Les jugements sur lesquels s’appuie un expert pour formuler son avis ne peuvent évidemment faire partie d’une liste exhaustive incorporée à la loi. Ce qui veut dire que la
« science » (?) qui s’appelle la criminologie se substitue à la loi et que le juge devra s’en remettre à elle. Est-ce raisonnable ? Ne sommes-nous pas tous suspectés d’être dangereux ? L’extension de la vidéosurveillance dans tout l’espace public ne montre-t-elle pas que tout individu mérite d’être contrôlé parce qu’intrinsèquement dangereux ? Significatif est, d’ailleurs, le glissement sémantique du vocabulaire puisque la vidéosurveillance est devenue la vidéo protection. Il ne s’agit pas de surveiller mais de protéger contre le danger que représente tout individu. Déjà, la possible et actuelle localisation de tout propriétaire de téléphone portable permet de suivre ce dernier presque pas à pas. Bientôt, chacun sera suivi en permanence, rendant ainsi possible la
« traçabilité » du citoyen comme n’importe quelle marchandise. Dans ce mécanisme, il est visible que le Ministère de l’Intérieur prend le pas sur celui de la Justice, que le policier devient plus important que le juge, que le droit cède le pas au soupçon. Dans une enquête, le juge d’instruction honnête (est-ce un pléonasme ?) se doit de mener son enquête à charge et à décharge en toute objectivité. Le projet de suppression du juge d’instruction prévoit de donner l’enquête à charge au Procureur de la République, laissant à l’avocat de la Défense le soin de mener l’enquête à décharge. On voit immédiatement le danger. Tous les prévenus n’auront pas les moyens de recourir aux services d’un avocat autre que commis d’office, instituant ainsi une « justice à deux vitesse ». D’autre part, puisque le Parquet dépend hiérarchiquement du Ministre de la Justice, donc du Gouvernement, l’impartialité du procureur n’est pas garantie lors d’affaires impliquant des personnalités gouvernementales ou proches de celles-ci. Ce risque s’accompagne d’ailleurs de la tendance à la dépénalisation des affaires avec l’introduction de la déclaration de culpabilité qui supprimerait le passage devant le Tribunal pénal. La suppression du juge d’instruction, si elle a lieu, doit nécessairement s’accompagner de l’indépendance du Parquet vis-à-vis du Gouvernement. La nomination du Procureur ne doit pas être le fait du Ministère de la Justice, mais doit relever de la responsabilité du peuple c’est-à-dire de ses représentants au Parlement.

02 avril 2010

Grèves illicites

Les syndicats ont déclenché une grève à la SNCF dont le motif est le refus des projets de réorganisation de l’entreprise. Ils ont également déclenché une grève à la SNCM dont le motif est le refus de la concurrence italienne sur les lignes maritimes vers la Corse. Deux exemples qui démontrent une dérive du comportement syndical français qui, au nom de la défense des intérêts des salariés, s’oppose de manière illégitime au rôle fondamental du management dans le premier cas, à la liberté d’entreprendre en Europe dans le second cas. Ce que l’on attend du management d’une entreprise est d’analyser, pratiquement chaque jour, l’évolution de son environnement concurrentiel pour adapter son fonctionnement afin d’être plus efficace que ses concurrents et pour, au bout du compte, préserver ses emplois. C’est ce que fait le management de la SNCF depuis toujours. C’est, en effet, en examinant le marché aérien métropolitain qu’elle a lancé un vaste programme d’études et de mise en œuvre de trains à grande vitesse avec le succès que l’on connaît. Le Fret est, peu à peu, devenu incapable de répondre aux besoins des clients industriels de la SNCF parce que manquant de fiabilité, de rapidité, de souplesse. Les syndicats se sont toujours farouchement opposés aux réorganisations nécessaires du Fret, ce qui a pour conséquence de faire perdre, depuis des années, des parts de marché à ce dernier, aujourd’hui au profit des transporteurs routiers, bientôt au profit de concurrents directs européens. Aujourd’hui, les syndicats s’opposent, une fois de plus, aux projets organisationnels de la SNCF et déclenche une grève parfaitement illégitime. La grève de la SNCM est encore plus révoltante car elle veut s’opposer au droit fondamental d’entreprise. L’Europe des affaires et des entreprises est une réalité. Tout entrepreneur a le droit d’exercer ses activités n’importe où, dans l’espace européen. Il est donc naturel, légitime et légal qu’un entrepreneur maritime italien cherche à exercer son activité en méditerranée en général et entre la France et la Corse en particulier. Refuser cette concurrence est parfaitement contradictoire avec la liberté d’entreprendre et s’appelle du protectionnisme. La grève de la SNCM, dont l’objet est de protester contre la concurrence italienne, est donc une stupidité parfaitement réactionnaire. Il est vrai que la CGT-Marseille n’en est pas à son premier forfait, s’étant opposé à la concurrence de Corsica Ferries en utilisant la piraterie maritime en 2005. Décidément, il serait temps que les syndicats français fassent leur révolution culturelle. Bien entendu, ces deux grèves n’ont rien à voir avec celles des salariés qui protestent à juste titre contre des délocalisations sauvages qui sacrifient sans vergogne leur emploi et leur vie comme s’ils étaient de vulgaires marchandises.

31 mars 2010

Paroles, paroles

« Le ton de l’orateur […], dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime » (Buffon).
Voilà un adage que N. Sarkozy ne doit pas connaître. En présence de la future élite américaine au mois de Mars 2010, au sein de l’Université de Columbia, et évoquant le succès de l’obstination du Président américain sur la protection sociale des plus démunis, le Président français a, en effet, tenu un long discours dont voici un court extrait :
« L’idée que ça fasse un débat d’une telle violence que de vouloir que les plus pauvres d’entre vous ne soient pas dans la rue sans un seul centime face à la maladie, excusez-moi, mais nous, ça fait jamais que cinquante ans qu’on a résolu le problème ».
Fasse le ciel qu'aucun auditeur ne comprenne le Français ! Le sabir du Président Français devant l’élite de la jeunesse américaine et les futurs managers des USA laisse sidéré et presque honteux. On attendrait une certaine hauteur et un peu d’élégance dans la langue utilisée par le premier des Français. Peut-on accepter que le Président parle comme un tenancier de bistrot sans se sentir honteux d’être français ? Ajoutons que cette gouaille consistant à évoquer les échanges avec le Président américain en utilisant sans retenue le tutoiement est le signe d’un « m’as-tu vu » insupportable et vulgaire. Décidément, le costume est beaucoup trop grand pour le personnage. Lorsque le général De Gaulle lançait son appel radiophonique du 18 Juin 1940, voilà ce qu’il disait :
« Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Toutes les fautes, tous les retards , toutes les souffrances n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis ».
Si l’on croit que Rivarol avait raison en disant que « La parole est la physique expérimentale de l’esprit », alors il y a un « bug » dans celui de N. Sarkozy.

23 mars 2010

Quel avenir ?


Prenons un peu de recul. Les élections régionales sont à peine terminées que le discours politique joue de sa langue de bois préférée. Pour la « majorité » défaite, « nous avons entendu le message des Français », mais on ne sait pas lequel. Pour l’opposition, « les Français ont demandé de changer de politique » mais on ne sait pas pour laquelle. Voilà pour l’analyse. La situation est, pourtant, simple. La France régionale était entièrement rose avant, elle l’est après. Il n’y a, en pratique, aucun changement. Il ne peut donc y avoir de surprise ou de découverte ! Il n’y a que les politiques pour découvrir un nouveau « message ». Aucun d’entre eux ne parlent du vrai problème de la France : celle de son appauvrissement. Depuis deux décennies, la France dépense plus qu’elle ne gagne. La balance commerciale du pays, qui mesure cet appauvrissement, est déficitaire aujourd’hui de près de 5 milliards d’Euros. Depuis plus de 30 ans, les budgets sont déficitaires pour atteindre cette année près de 8% du PIB (adieu les critères de Maastricht !). La dette, qui accumule ces déficits, s'envole vers un sommet depassant 1.500 milliards d’Euros, soit plus de 20.000 € par Français. Les caisses de retraites sont en danger de faillite avec un rapport actifs/retraités qui ne cesse de diminuer, la Sécurité Sociale est en déficit chronique mettant en danger le « modèle social français ». Le pays a une dépense publique qui atteint 53% du PIB. La France compte près de 8 millions de fonctionnaires, soit le quart de la population active alors que la moyenne européenne est de 15%. Depuis 15 ans, les effectifs de fonctionnaires ont augmenté de 35%. Le diagnostic est donc simplissime : la France vit au-dessus de ses moyens. L’ordonnance n’est donc pas compliquée : la France doit dépenser moins et travailler plus et mieux. Et le message que les Français ont envoyé lors de ces dernières élections, caressés dans le sens du poil par les syndicats, est le refus de toute politique d’austérité. Ne pas toucher aux retraites, ne pas augmenter les impôts, refuser toute diminution de fonctionnaires, continuer de réclamer « plus de moyens », tel est le sens de l’opposition au gouvernement qui s’est manifesté dans les bulletins de vote. La solution préconisée ? Il n’y a qu’à « piocher » dans la poche des plus riches, scandaleusement privilégiés. Discours en trompe-l’œil car, en supposant que l’on confisque le salaire et les stock-options de tous les patrons du CAC 40, cela permettrait de distribuer 350 € au 4 millions de Français les plus pauvres. Pas de quoi bouleverser leur niveau de vie ! Ceci veut dire que la suppression du bouclier fiscal peut être un symbole mais sûrement pas une thérapie.
L’indispensable politique de rigueur nécessiterait un minimum de consensus politique pour avoir une chance de réussite. Hélas, nous ne sommes encore qu’à mi-chemin du quinquennat que déjà tout le microcosme politique a le regard tourné (et fasciné !) par les élections présidentielles qui auront lieu dans deux ans. Il est malheureusement prévisible qu’une fois de plus l’intérêt général va succomber sous les assauts des ambitions personnelles qui ne vont pas tarder à se manifester (5 à gauche et 4 à droite). Le récent remaniement ministériel, essentiellement manœuvre politique, n’annonce aucun changement important dans la politique menée jusqu’à aujourd’hui. Il n’y aura pas de rigueur accrue et des réformes partielles qui ne seront pas menées au bout. Les nuages s’accumulent et le ciel s’assombrit.

20 mars 2010

Le monde de l’inutile

Plus que dans une société de consommation, nous vivons dans un monde de l’inutile. À vouloir forcer le citoyen à consommer, à vouloir susciter des besoins artificiels à tout prix, la société est parasitée par une invasion d’inutilités : associations inutiles, recherches inutiles, produits inutiles, compléments alimentaires parfaitement inutiles, livres inutiles, productions soi-disant artistiques inutiles, guerres inutiles, discours inutiles, grèves inutiles, lois inutiles, métiers inutiles, médicaments inutiles, etc …
Cette production effrénée de l’inutile crée un brouillard qui dissimule l’essentiel et détourne les esprits du fondamental. Cela conduit à privilégier la forme sur le fond, comme le démontrent les contestations de tous bords sur tous les sujets aussi futiles soient-ils, le discours électoral qui sombre dans les profondeurs de la médiocrité et de l’absence sidérale d’idées. Les revendications syndicales sont devenues purement catégorielles, sacrifiant toujours l’intérêt général à l’intérêt particulier et corporatiste, et se réduisant à la simplissime exigence de l’augmentation des moyens. Les soi-disant débats d’idées se réduisent à l’anecdotique, à la recherche de la petite phrase à la limite de l’injure, quand ils ne sombrent pas dans une confusion inaudible. Les réunions électorales sont le théâtre de discours qui n’ouvrent aucune réflexion, déroulant un florilège de mots creux que n’importe qui pourrait s’attribuer, se réduisant le plus souvent à la seule critique acerbe de l’adversaire. Là est la source de l’abstention qui ruine le fonctionnement démocratique. La télévision est inondée de séries qui se ressemblent toutes, d’émissions de soi-disant « télé-réalité » totalement artificielles et arrangées par avance, sans aucun intérêt autre que de flatter le peuple dans ce qu’il a de plus médiocre, de séries bâclées, décervelantes et jouées par des gens sans talent aucun. Les librairies sont envahies par d’innombrables ouvrages éphémères de non-écrivains, tout aussi éphémères, qui n’ont d’autres sujets qu’eux-mêmes et qui racontent leur vie dénuée de tout intérêt, mais qui leur permettent de distiller à longueur d’interviews le sacro-saint « Dans mon livre … ». La production musicale propose en permanence des « œuvres » d’une médiocrité confondante et prétentieuse et qui ne durent que le temps, pour la maison d’édition, de faire grossir quelque peu son chiffre d’affaires en jouant des effets de mode qu’elle crée elle-même. La parapharmacie met sur le marché une quantité considérable de crèmes soi-disant miracle et totalement inefficaces, mais profitant de la crédulité imbécile du chaland. Sur les rayons de supermarchés s’alignent des quantités de produits qui sont fondamentalement identiques, parfois en provenance du même producteur, et qui ne diffèrent que par leur présentation, leur prix et leur emplacement dans les rayons. Des salaires faramineux sont distribués aux footballeurs et aux traders, c’est-à-dire à des individus totalement inutiles, quand ils ne sont pas nuisibles, à la société. Nous sommes passés progressivement de la société d’abondance à la société de consommation puis à celle de l’inutile. Il est difficile de dire qu’il s’agit là d’une évolution positive. Dans le même temps, 4 milliards d’êtres humains vivent avec moins de 2$ par jour. Pour ceux-là, même ce qui est indispensable vient à manquer.
Critiquer la société de l’inutile, apanage des pays développés, ne justifie pas pour autant une politique de la décroissance. Comment peut-on souhaiter la décroissance alors que l’humanité comptera bientôt 3 milliards d’êtres humains supplémentaires ? Ceux qui prônent la décroissance font preuve d’un égoïsme démesuré en acceptant que les plus pauvres et les hommes à venir n’aient rien à eux. Pour pouvoir partager, quelle que soit la forme économique que peut prendre ce partage, il faut nécessairement avoir quelque chose à offrir. Les tenants de la décroissance oublient que tout système, social et économique, n’est pas isolé du reste du monde et que ce qui se passe chez nous a obligatoirement des conséquences ailleurs. Vivre dans l’inutile et l’égoïsme serait-il le propre de l’homo-économicus développé ?

18 mars 2010

Les grandes menaces

Les dangers qui menacent les hommes sont nombreux et variés. L’imagination des hommes et leur « hubris » débridé multiplient à l’envi les risques encourus. Mais parmi tous ceux-ci, il en est quatre principaux : la modification climatique, le terrorisme, le monde des nanotechnologies, l’endettement des pays riches et la financiarisation de l’économie.
Tout d’abord, le réchauffement dû à l’effet de serre. Il ne s’agit plus d’un hypothétique danger, les conséquences de l’élévation des températures se manifestant déjà. Les calottes glaciaires disparaissent, monde fragile s’il en est et tellement vital pour la diversité biologique de la planète. Au rythme actuel, les glaces polaires auront totalement disparu entre 2050 et 2080. La disparition de la glace de mer aura de terribles répercussions sur la faune, la fonte de la glace d’eau douce (les glaciers) alimentera la montée du niveau des océans et perturbera la circulation des grands courants marins. D’autres lieux seront affectés par ce réchauffement, en particulier tous les pergélisols, en Alaska et en Russie. Ce milieu contient du CO2 et du méthane dissous qui seront libérés avec le réchauffement du milieu. Le méthane est un gaz à effet de serre dix fois plus nocif que le dioxyde de carbone. Les fonds marins comportent d’immenses quantités d’hydrate de méthane qui deviendra instable avec l’élévation de la température des océans, libérant le méthane. Ces émissions ne feront qu’augmenter l’effet de serre et le réchauffement, ce qui accentuera celui des océans. Ce réchauffement important aura alors une double conséquence : l’élévation du niveau des eaux et la disparition des algues sous-glacières dans les zones polaires. Or, ces algues sont à la base de l’alimentation du plancton, nourriture du krill, lui-même nourriture des grands mammifères qui vont donc disparaître. La disparition des baleines, dont les cadavres servent de nourriture à toute la faune des abysses, entraînera la disparition de cette dernière. Quant à l’élévation du niveau des océans, elle va provoquer des migrations géantes depuis toutes les zones côtières menacées. Déjà Tuvalu et certaines îles du Pacifique sont sur le point de disparaître, chaque phénomène cyclonique inonde de plus en plus les terres du Bengladesh. À cette migration des peuples inondés s’ajoutera celle des populations soumises à une sécheresse de plus en plus grave. Au total, on peut envisager entre 100 et 200 millions de migrants climatiques. Un tel déplacement de population ne pourra avoir lieu sans avoir de terribles conséquences humaines.
Il y a ensuite le terrorisme. Le terrorisme idéologique se développe aujourd’hui sur un terreau confessionnel et civilisationnel. Le prosélytisme dont il fait preuve, basé sur la frustration et la haine, permet d’envisager, à juste titre, une expansion de son implantation et une radicalisation de son action. De nouveaux 11 Novembre sont à craindre. Le terrorisme mafieux, cherchant généralement une justification hypocrite dans le nationalisme, confond, avec moins d’envergure, ses actions avec celles du terrorisme politique. C’est ce que pratiquent les FARC en Colombie, certains indépendantistes corses, l’ETA en Espagne. Enfin, la raréfaction des matières premières non renouvelables va pousser certains pays propriétaires des gisements à exercer un chantage de plus en plus important sur le reste de la planète, chantage relevant du terrorisme d’Etat.
Il existe aune autre menace, celle que constitue la convergence des NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, techniques de l’information, sciences cognitives). Les nanotechnologies forment actuellement trois domaines principaux d’application : la nanobiologie, les nanomatériaux et la nanoélectronique. Ces nanotechnologies vont permettre de fabriquer et de marquer des éléments de plus en plus petits, de la taille de la cellule, permettant à tout moment de communiquer et de traiter des informations sur l’individu. Déjà, un laboratoire américain privé vient d’annoncer la fabrication d’un génome complet d’une bactérie. Cette possibilité ouvre la voie à la création en laboratoire de virus et de bactéries dont il n’est absolument pas certain que l’on soit capable de maîtriser les effets. La fabrication de machines à traiter l’information, de plus en plus rapides et utilisant la physique quantique et ses lois étranges (intrication, non-localité, …) va permettre le traitement d’un volume de plus en plus grand d’informations facilitant le « suivi » d’une population entière et entraînant la disparition progressive de « l’aire privée ». Ces machines seront capables d’utiliser les derniers progrès des sciences cognitives et, de ce fait, de gérer le comportement des humains qui vont y perdre leur libre-arbitre…sans même s’en apercevoir !
Enfin, il reste l’endettement des pays riches. Ces pays accumulent une dette qui prend des proportions effrayantes. Les USA empruntent 800 milliards de dollars par an et leur dette publique atteint les 8000 milliards de dollars. La dette allemande est de 1500 milliards d’Euros, la dette française dépasse les 1200 milliards d’Euros, la dette italienne avoisine les 106% de son PIB , la dette belge atteint 102% du PIB et la dette française représente 77% du PIB. En Europe, la moyenne de l’endettement atteint environ 80% du PIB européen. Comment les actifs futurs pourront-ils payer le service de la dette ? Beaucoup de pays dits développés ont appliqué une politique keynésienne, consistant à emprunter pour relancer la consommation, donc l’activité et la création de richesses. Mais ce processus ne fonctionne que si l’accroissement de richesses est plus grand que l’emprunt additionné des intérêts. Dans le cas contraire, la dette augmente. C’est ce qui s’est passé à cause du laxisme des pays dits développés. Les pays pauvres sont également, et par définition, endettés. Or, ils sont, pour beaucoup, incapables de payer les intérêts de leur dette.
Aggravant encore ce risque de faillite généralisée, l’activité financière est, depuis longtemps, beaucoup plus importante que l’activité industrielle, ce qui veut dire qu’une grande partie de la création de richesses est totalement artificielle. La financiarisation outrancière de l’activité se trouve à la merci d’une baisse du dollar, d’un crash immobilier, d’une baisse boursière (trois évènements qui sont en train de se produire), d’une défiance des banques envers les Etats entrainant un effondrement de la valeur des obligations. Voulant alimenter coûte que coûte (c’est bien le mot !) le marché financier et la spéculation, les organismes bancaires ont mis sur le marché des produits de plus en plus sophistiqués et risqués, sans que ne s’exerce le moindre contrôle ; ce qui a conduit à la crise récente des « subprimes » qui a plongé l’ensemble des économies occidentales dans la tourmente et menace leur population de difficultés importantes. Le monde occidental (des privilégiés) est plongé dans une frénésie de l’argent « à tout prix » qui le pousse à délaisser l’économie réelle pour un jeu qui ressemble de plus en plus à une économie casino. Et, dans un tel jeu, on sait bien que les joueurs sont toujours perdants.
Il est classique de dire que l’avenir est incertain. Il est aussi dangereux. Nous avons connu la crise financière, puis la crise économique, bientôt la crise sociale (la Grèce) et sociétale.

15 mars 2010

La vérité est ailleurs

Les élections régionales qui viennent d’avoir lieu ont désigné un incontestable vainqueur : l’abstention. Certes, la Gauche française clame son succès à grands cris et dépeint la France comme un peuple de gauche. La France, un peuple de gauche ? La vérité est ailleurs. Il faut tout d’abord constater que la majorité des abstentionnistes est droitière, ce qui nuance déjà fortement le cri de victoire de l’opposition. Ensuite, le Français est le parangon du citoyen qui brûle aujourd’hui ce qu’il a adoré hier, voire il y a juste une heure. Le Français est contestataire par construction. Le succès des soi-disant humoristes qui sévissent dans les médias en faisant fortune grâce à leurs ricanements à la limite de l’insulte faite aux politiques est un excellent indicateur du penchant français vers la critique systématique sans nuance. Ainsi, tout vote est l’occasion donnée au citoyen d’exprimer à bon compte son ire vis-à-vis de ceux qui le gouvernent. Les Français ne votent pratiquement jamais « pour » mais, le plus souvent, « contre ». Le regain du Front National s’explique ainsi. Il faut dire que c’est beaucoup plus confortable et sans risque. Lorsque l’on compare l’attitude abstentioniste des Français et la participation importante des Afghans aux dernières élections malgré le risque énorme encouru à cause du terrorisme, on reste confondu. Les Afghans considèrent le vote comme une exigence de leur démocratie naissante, les Français comme une corvée inutile de leur démocratie vieillissante. Comme d'habitude, pour l'opposition "la droite n'a rien compris", pour la majorité (?), "la gauche se trompe". Comme d’habitude, tous les politiques crient victoire ou démontrent, en utilisant une langue de bois parfaitement au point, que la défaite n’en est pas une mais l’occasion de « recevoir le message des Français », même s’il n’y a aucun message envoyé, hormis celui qui consiste à contester le pouvoir.