04 avril 2006

Hypocrisie et cloche merle

Je ne crois pas être complètement atteint par la maladie d’Alzheimer, mais il semble me souvenir que, lorsque le Premier ministre a présenté (si maladroitement) son projet de CPE, les faits étaient les suivants :
- le CPE n’est qu’un point parmi d’autres d’une loi plus générale sur l’égalité des chances,
- l’opposition a combattu vivement les points de l’article 8 de la loi qui lui paraissaient inacceptables à savoir :
• la durée de la période d’essai de 2 ans du CPE
• le licenciement sans explication du motif, attaché au contrat CPE.
J’ai encore souvenance des diatribes enflammées des politiques de l’opposition sur les bancs de l’Assemblée sur ces deux points (2 ans de période d’essai est une atteinte au droit de l’homme et le licenciement sans motif est une atteinte à la dignité de l’homme).
Aujourd’hui le gouvernement, sur injonction du Président, a reculé sur ces deux points. Mais la contestation ne change pas pour autant, sauf de discours. Il s’agit maintenant d’abroger l’ensemble de la loi sur l’égalité des chances alors qu’elle contient tout un dispositif que les contestataires étudiants ne connaissent absolument pas ! Cloche merle est au pouvoir !
Vue de l’étranger, la France est devenue incompréhensible et un tantinet ridicule en prônant la révolution pour ce qui n’est finalement qu’un point technique du code du travail.
Et personne ne parle du véritable problème qui est celui de l’adaptation du pays à un monde qui évolue sans la permission de la France… et qui s’en moque ! Les générations qui viennent ne vivront pas comme les générations des trente glorieuses, il n’y a rien à faire !! Les pays en voie de développement prennent leur place au détriment des pays développés parce qu’ils sont plus entreprenants et plus peuplés. L’Etat providence est mort sous le poids de la dette phénoménale du pays qui a vécu, par démagogie, facilité et pendant des décennies, très
au-dessus de ses moyens. Ainsi, le refus actuel des syndicats d’engager toute négociation est, à la fois, suicidaire et criminel. Rêver de faire tomber un gouvernement pour le remplacer par un autre qui ne sait absolument pas ce qu’il convient de faire, est une politique de gribouille.
La gauche en profite pour essayer de se refaire une santé en espérant que le désordre créé autour du CPE fera oublier le fait que le parti socialiste n’a aucune proposition dans aucun domaine. Il lui faut donc souffler sur les braises pour exister !
On entend dire partout, et dans tous les médias, que le Président a promulgué une loi en demandant de ne pas l’appliquer. La vérité est différente : le Président a promulgué la loi sur l’égalité des chances et a demandé de ne pas appliquer en l’état le seul article 8 de cette loi !
L’opposition et les syndicats sont en train de faire le lit de Le Pen.

01 avril 2006

Droite ou gauche, ça n’a aucune importance

Voilà maintenant 25 ans que le chômage ne cesse d’augmenter en France. C’est-à-dire que c’est un phénomène qui perdure quelle que soit la couleur du gouvernement. Vous rappelez-vous l’incantation de Pierre Mauroy : « nous allons surfer sur la crête des 2 millions de chômeurs » ! Depuis 25 ans, le taux de chômage en France est de l’ordre de 10% de la population active. Et les petites variations en plus ou en moins ne changent rien à l’affaire. La couleur politique n’est donc, en aucun cas, une explication ni un remède au problème du chômage. Alors ? Le chômage a augmenté sous Mitterrand, il a augmenté sous Giscard et n’a pas diminué sous Chirac. Alors ?
Alors la France est dans une impasse totale dont elle aura beaucoup de mal à sortir. Parce que le problème réside dans la mentalité même des Français. Le rêve de la majorité d’entre eux est d’être fonctionnaire dans un pays refermé sur lui-même pour être à l’abri de tout risque. A se vouloir à l’abri de tout risque, la France est hors jeu. Les gouvernements successifs, plutôt que d’avoir une vision et un projet pour la France, se contentent d’avoir un programme qui réponde, de façon démagogique, aux peurs successives des Français. Les Français ont peur des attentats et des désordres publics ? Le gouvernement leur promet, et ne s’occupe que de, la sécurité. Les Français ont peur de la mondialisation ? Le gouvernement se fait le chantre de la « troisième voie » anti-mondialiste et du « patriotisme économique ». Les Français ont peur du chômage ? Le gouvernement propose de partager le travail (les 35 heures) et de créer de faux emplois aidés et peu importe que ces emplois ne soient pas pérennes. Il ne s’agit pas là de pragmatisme mais de populisme.

31 mars 2006

Ils ne savent que dire non

Non à la flexibilité, non à la mondialisation, non au plombier polonais, non aux OGM, non à la constitution européenne, non à la réforme de l’Education Nationale, non au service minimum garanti, non à la réforme de la Sécurité Sociale, non au gouvernement, non aux licenciements, non au CPE, non à la réforme de la Justice, non à la sélection dans les universités, non à la réforme de l’Etat, non à la réforme de l’Unedic, …
Il est vrai qu’ils ont dit non à De Gaulle … mais oui à Pétain !
De qui s’agit-il ? Des Français, bien sûr.

30 mars 2006

Le ridicule tue

Lorsque j’écoute les protagonistes de l’affaire du CPE, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec l’attitude des Israéliens et des Palestiniens dans le conflit du
Moyen-Orient. La même attitude figée sur un amour-propre monstrueusement mal placé qui interdit toute discussion avant que l’autre ne soit terrassé et humilié. L’intransigeance du gouvernement répondant à celle, tout aussi bornée, de ceux qui réclament le retrait de la loi sur l’Egalité des chances, est comme un écho de la guerre qui se déroule en Palestine. Les Israéliens ne veulent pas se retirer des territoires occupés avant que les Palestiniens n’aient renoncé au terrorisme, les Palestiniens ne veulent pas stopper leurs actions meurtrières avant qu’Israël n’ait évacué les territoires. En France, les syndicats et les partis de gauche n’acceptent aucune discussion avant que le gouvernement n’ait retiré sa loi, le gouvernement ne veut rien changer tant que les syndicats n’auront pas accepté de discuter. Cette intransigeance a mené le Moyen-Orient à la catastrophe humanitaire, la même intransigeance conduit la France à la faillite. Cette intransigeance est le signe que l’aveuglement a pris la place de l’intelligence. La folie humaine envahit la planète en prenant de multiples visages. Arrafat est décédé et Sharon est plongé dans un coma irréversible, laissant derrière eux les hommes s’entretuer. Le ridicule tue.

26 mars 2006

La connerie est sans limites

Qu’est-ce donc que cette société qui a remplacé la discussion et l’imagination par l’affrontement ? Qu’est-ce que cette société qui recherche l’humiliation de l’autre plutôt que la solution ? On aurait envie de rire en écoutant les discours des différents protagonistes de l’affaire du CPE, mais les comportements sont tellement accablants de bêtise que l’on n’est pas loin de pleurer ! Les ultimatums, les refus de réunion, la démagogie, les discours irresponsables, les attitudes de bravaches, rien dans ce que l’on voit et que l’on entend ne permet de penser que les « responsables » de tous bords, qu’ils soient politiques, syndicaux ou seulement citoyens, possèdent un minimum de bon sens. Comment se fait-il qu’ »ils » n’aient pas encore compris ou expliqué que nous venons d’entrer dans une phase générale de décroissance et d’appauvrissement par le fait incontournable que des milliards d’hommes sont en train d’accéder à la société dite de consommation ? Comment ne pas comprendre qu’une partie de nos privilèges, que nous avons acquis en pillant les ressources de la planète avant les autres et à leur détriment, est irrémédiablement remise en cause par une redistribution des richesses à l’échelle de la planète ? L’affrontement auquel nous assistons, s’il peut s’expliquer par un réflexe d’autodéfense inconscient, n’en reste pas moins un combat de nantis ! À quoi sert cet affrontement stérile alors que la situation n’a jamais été aussi grave pour tous les pays développés en général, et pour la France en particulier, qui a toujours pris les trains en retard ?
La société française est peureuse, pleurnicharde, envieuse, irresponsable (« tout va péter !! » entend-on répéter avec jouissance !) ; les syndicats sont sclérosés et réactionnaires et ne représentent qu’eux-mêmes ; les politiques n’ont pas de vision et n’ont que des préoccupations de carrière. Et tous clament à qui veut l’entendre que la responsabilité de la situation ne leur incombe pas ! Nous sommes décidément en grand danger.

25 mars 2006

Combien vaut la vie d’un homme ?

C’est une question à laquelle on croyait qu’il était difficile de répondre. Mais, grâce à l’armée américaine en Irak, on a maintenant la réponse. Pour avoir tuer (assassiner ?) par erreur une quinzaine de civils désarmés, l’armée américaine a versé 15.000 dollars par tué aux familles !! Vive la démocratie lorsqu’elle s’exporte de cette façon !

20 mars 2006

Les syndicats sont ridicules et dangereux

À la recherche désespérée d’une légitimité mal en point, les syndicats ont enfourché le cheval du combat contre le CPE. Ne devrait-on pas rire de voir ces organisations, qui ne représentent véritablement que les fonctionnaires – quoi qu’ils en disent – bénéficiant de la garantie de l’emploi, dénoncer la « précarité » d’un projet de contrat de travail qui ne les concerne pas ?
On pourrait en rire. Mais lorsque ces mêmes syndicats, entraînés dans une surenchère non maîtrisée, posent un ultimatum au gouvernement, le rire s’efface au détriment de la stupéfaction !
Si, par malheur, le gouvernement cède à cet ultimatum, le pouvoir sera définitivement (ou presque) dans la rue et la démocratie sera mortellement atteinte !

17 mars 2006

L’internationalisation des marchés et les instances internationales

Les échanges commerciaux n’ont pas de frontière, et ceci depuis toujours (surtout depuis qu’existe la navigation marchande maritime). L’internationalisation des marchés n’est donc pas une caractéristique particulière de ce début du XXIe siècle. Ce qui a fondamentalement changé est la circulation sans contrôle des capitaux grâce aux technologies modernes informatiques et l’existence de zones de « non-droit » économique (les banques off-shore dans les « paradis » fiscaux). Cette circulation dite « libre » des capitaux crée une économie de spéculation entièrement déconnectée de l’économie réelle (de production de biens et services). Elle ne peut, évidemment profiter qu’aux possesseurs de capitaux importants, c’est donc une économie qui enrichit les riches (et donc qui pénalisent les moins fortunés). Si l’on a un peu le sens de la justice et de la moralité, on ne peut que souhaiter une circulation des capitaux moralisée en menant des actions visant à supprimer les paradis fiscaux (création d’une liste « noire » des banques ouvrant des guichets dans ces places financières – institution d’une taxe sur les mouvements de capitaux non directement liés à l’économie réelle – moralisation du fonctionnement des organismes financiers luxembourgeois Clearstream et Euroclear).
Le commerce mondial repose sur la non-protection douanière des pays. L’Europe fonctionne plus ou moins en respectant cette règle. Mais tout le monde ne joue pas ce jeu-là et il devrait exister un véritable contrôle au niveau mondial sur le respect de cette règle par tous les acteurs. Encore faut-il que ce contrôle fonctionne de façon démocratique et ne soit pas la « propriété privée » des plus puissants, comme c’est le cas aujourd’hui pour l’OMC, le FMI et la Banque Mondiale, soumis au lobbying des multinationales. Une redéfinition des missions de ces organismes est nécessaire, ainsi qu’une modification de leurs règles de fonctionnement. Cependant, l’ouverture douanière ne peut être une obligation, les pays en développement devant pouvoir protéger pendant un temps leur économie d’une concurrence à laquelle ils ne peuvent résister. Il est immoral d’imposer aux pays fragiles des règles de fonctionnement qui favorisent ouvertement les multinationales des pays développés qui ne respectent pas, eux-mêmes, ces règles en créant des protections déguisées de leur marché.
La mondialisation repose sur les échanges. En ce domaine, comme dans tous les autres, la nature humaine étant fondamentalement prédatrice, il est nécessaire d’instaurer des règles garantissant l’équité.

11 mars 2006

Le modèle social à la française

Les temps changent, mais les français restent … immobiles! La société est profondément malade, mais toute tentative de changement soulève des protestations corporatistes ou idéologiques : changer sans rien modifier, tel est la doxa populiste et syndicale. Pourtant, il est facile d’imaginer les grandes lignes des modifications à mettre en œuvre pour tenter (car rien n’est sûr) de sortir de l’impasse mortelle dans laquelle se trouve le pays. Les contraintes essentielles auxquelles est confrontée la société française sont, d’une part, l’adaptabilité rapide de son outil de production aux modifications (tout aussi rapides) de l’environnement économique et, d’autre part, le besoin de sécurité du monde salarié. Il faut pouvoir concilier flexibilité (certains disent précarité) et sécurité. Le pari semble impossible … et pourtant !
Pour entrevoir la solution, il suffit de comprendre qu’il n’est pas grave de perdre un travail si l’on en retrouve un autre rapidement et si, entre temps, les conditions d’indemnisation du chômage sont satisfaisantes.
Tout d’abord, il faut constater que les gisements d’emploi se trouvent beaucoup plus dans les PME que dans les grandes entreprises. En effet, ces dernières sont entrées dans le jeu de la mondialisation et, par le biais des délocalisations, elles trouvent des conditions de production moins coûteuses et elles se rapprochent de leurs nouveaux marchés. Elles créent donc des emplois ailleurs qu’en France. Par contre, les PME (souvent sous-traitantes des grandes entreprises) restent localisées et les créations d’emplois sont alors au bénéfices des salariés nationaux.
Pour retrouver un travail rapidement, il faut donc augmenter l’offre de travail. Pour cela, il faut que les entreprises aient la possibilité d’adapter leurs effectifs aux besoins économiques, sans entraves excessives et coûteuses : un entrepreneur n’embauche pas s’il sait qu’un licenciement lui coûtera très cher au moment même où il se trouve en difficulté, surtrout s’il s’agit d’une PME, particulièrement fragile. Par contre, si le licenciement se fait facilement (ce qui impose de modifier le code du travail), l’entreprise pourra adapter sans risque (en plus et/ou en moins) le volume de ses ressources humaines aux demandes de son marché. La flexibilité supprimera la réticence à embaucher. Il faut, bien entendu, que les syndicats changent profondément leur idéologie du fonctionnariat. C’est une première difficulté.
Bien sûr, les facilités de licenciement ne doivent pas pénaliser les salariés. Pour cela, il est nécessaire de les accompagner correctement pendant la (courte) période où ils se retrouvent sans travail. Il faut donc que les indemnisations soient correctes (de l’ordre de 80% du salaire perdu) et qu’un accompagnement de formation performant réoriente le chômeur vers les secteurs d’activité qui recherchent de la main d’œuvre. Les impôts sont là pour ça ! Mais c’est la seconde difficulté. Car cela demande un changement de mentalité des français qui, aujourd’hui, n’aspirent qu’à passer toute leur vie dans la même entreprise.
Encore une fois, le temps n’est plus où un salarié peut imaginer passer toute sa vie dans la même entreprise et dans le même emploi. De profonds bouleversements économiques vont se produire, dont nous ne voyons aujourd’hui que les prémisses. Pratiquement, toutes les entreprises de main d’œuvre des pays développés sont destinées à disparaître au bénéfice des pays en voies de développement où les conditions sociales sont moins avancées (pour longtemps encore !) et les coûts de main d’œuvre beaucoup moins élevés.
Donc, les évolutions du modèle social, évoquées ci-dessus, ne sont possibles qu’à une condition : réorienter la création de richesse vers les activités à haute valeur ajoutée. Il faut donc investir massivement dans la recherche publique et privée, dans les synergies entre l’enseignement, la recherche et l’industrie. Encore une fois, les impôts sont là pour ça ! Et la France est, comme d’habitude, en retard par rapport à ses voisins européens.

02 mars 2006

Des fonds de pension français ?

Les députés de gauche ont refusé par idéologie, les députés de droite ont écarté par pusillanimité la création de fonds de pension « à la française »(c’est-à-dire dont les actionnaires sont français). Avec quelles conséquences ?
Le capital des (grandes) entreprises est souscrit sous forme d’actions. Celles-ci sont négociables sur le marché boursier. En France, une partie importante des actions est souvent détenue par une multitude de petits actionnaires indépendants (c’est ce qui se passe à chaque opération de privatisation, c’est le cas d’Arcélor et de Suez). À l’étranger, notamment aux USA et en Grande-Bretagne, les actionnaires sont regroupés dans un collectif appelés fonds de pension qui se comporte vis-à-vis de l’entreprise comme un actionnaire unique dont l’importance est directement proportionnelle à la part de capital détenu. Ces fonds de pension gèrent le portefeuille d’actions de leurs mandants sur le marché boursier. C’est ainsi que la moitié environ du capital des entreprises françaises du CAC 40 est détenue par des fonds de pension anglo-saxons, ce qui limite sérieusement la pertinence du « patriotisme économique » ! Lorsqu’un spéculateur ou un industriel tente d’acquérir une part du capital d’une entreprise, pour en prendre le contrôle, il lui est beaucoup plus difficile de réussir lorsqu’il a en face de lui un fond de pension organisé que lorsque le capital est dispersé auprès d’une multitude de petits porteurs. Une entreprise qui se trouve dans ce dernier cas est ainsi beaucoup plus exposée à une OPA dite hostile, c’est-à-dire réalisée sans le consentement des dirigeants. La conséquence de l’attitude des députés français est d’exposer les entreprises nationales à ces OPA et de voir ainsi le capital industriel et, ce qui est plus grave, son management, passer dans des mains étrangères. Ainsi, l’avenir de l’industrie française est d’être dirigée par l’étranger. Merci, messieurs les parlementaires !
Mais, plus profondément, ces opérations et les mesures nationales de protection recherchées par les gouvernements (que ce soit en France ou en Espagne, par exemple) posent la question de la réalité du sentiment européen. Les sentiments nationaux sont toujours beaucoup plus forts que celui d’une appartenance à une entité unique et commune (l’Europe) et les égoïsmes nationaux seront toujours (en tout cas pour très longtemps encore) prioritaires sur les projets de construction d’une Europe politique (et donc, économique).
De façon plus particulière, la fusion Suez-Gaz de France, opération protectionniste à n’en pas douter, aura vraisemblablement lieu malgré l’opposition de principe et pavlovienne des syndicats. Le côté positif de cette opération est de doter le pays d’un des plus grands groupes mondiaux dans le domaine de l’énergie, secteur stratégique s’il en est. Il va cependant être instructif de voir comment va se dérouler la cohabitation des fonctionnaires (parmi les plus privilégiés de France) avec des salariés du secteur privé. Combien de temps va-t-il falloir aux syndicats pour réclamer l’alignement du statut des salariés de Suez sur celui des fonctionnaires ? Voilà qui nous promet des lendemains qui chantent !

27 février 2006

Flexibilité et précarité

Appauvri, le discours politique et syndical est focalisé aujourd’hui sur la notion de précarité. Interrogeons-nous sur cette notion. A-t-elle le même sens pour tout le monde ? La précarité décrite par les syndicalistes et redoutée par les salariés est-elle la même que celle du Medef ou de l’entrepreneur ?
Si le problème est complexe, il est nécessaire de l’aborder avec des idées simples (avant de dire que ceci est simpliste, sachez que cette phrase est de Charles de Gaulle).
• Le point de vue de l’entreprise se résume à la recherche des moyens de sa survie sous la pression de son marché et de ses actionnaires. Pour perdurer, elle doit trouver, en permanence, la meilleure façon de faire face à la concurrence sans merci des pays émergents. La meilleure réponse qu’elle ait trouvée s’appelle la flexibilité, c’est-à-dire une organisation qui lui permette de s’adapter le plus rapidement possible aux variations et aux difficultés de son marché. Il y a quelques années, le mot à la mode était l’adaptabilité. L’entreprise doit pouvoir dimensionner ses ressources à tout moment pour trouver la meilleure adéquation entre son organisation et les débouchés accessibles à son activité. Cette adaptation s’applique à toutes ses ressources, y compris à ses ressources humaines. Les moyens sont, principalement, au nombre de deux :
- faire varier le volume de cette ressource en débauchant et/ou en embauchant aussi rapidement que possible (il est impossible de rationaliser l’efficacité d’une unité de production sans qu’il y ait des répercussions sur les hommes),
- et utiliser des ressources moins coûteuses c’est-à-dire principalement en délocalisant.
Ces deux réponses ne sont pas, évidemment, déconnectées l’une de l’autre, la délocalisation entraînant souvent le licenciement dans le pays d’origine. La rapidité de l’adaptation est une condition de survie, faute de quoi l’entreprise disparaît à plus ou moins brève échéance, ce qui crée automatiquement un chômage plus grave encore, ainsi qu’une fragilité plus grande de la communauté nationale.
• Pour les syndicats et les salariés, la flexibilité ainsi pratiquée met en danger de chômage l’ensemble des salariés, c’est-à-dire porte une atteinte inacceptable à la sécurité de l’emploi. La flexibilité est ainsi la cause essentielle de la précarité de l’emploi. Si l’entreprise recherche une flexibilité maximale, les syndicats recherchent une sécurité de l’emploi maximale. Les syndicats se sont forgé une idée de la vie salariale basée sur le type de population dont ils sont natifs, c’est-à-dire les fonctionnaires pour lesquels la sécurité de l’emploi est garantie. Ils oublient simplement de prendre en compte que les fonctionnaires n’opèrent pas dans le domaine concurrentiel. Dans les fonctions de l’Etat, il n’y a pas de nouveaux entrants plus compétitifs (hélas !).
• Pour le salarié, ce qui compte, en fait, ce n’est pas la sécurité de SON emploi, mais la pérennité D’UN emploi. Dans le domaine concurrentiel, le temps est révolu où le salarié pouvait, avec raison, penser qu’il pourrait passer toute sa vie dans la même entreprise. Un salarié doit pouvoir, lui aussi, jouer le jeu de la flexibilité personnelle, et être capable de s’adapter à un changement d’entreprise et/ou de métier. C’est cette faculté d’adaptation que l’on nomme l’employabilité. Le salarié ne doit pas se tromper de combat et c’est sur ce terrain que, s’il est avisé, il doit se battre : son employeur du moment ne pouvant pas lui garantir un emploi à vie, il doit lui garantir son employabilité, c’est-à-dire sa capacité à évoluer et à changer de métier.
La véritable question est de savoir si la flexibilité est évitable. Nous vivons dans un monde dont les ressources sont limitées (en dehors des énergies dites renouvelables, qui sont encore aujourd’hui plus un rêve qu’une réalité). La raréfaction de ces ressources est concomitante avec un accroissement de la population mondiale, essentiellement dans les pays les plus pauvres. La crise est donc incontournable. La première crise est arrivée avec la disparition de l’exploitation du charbon, la seconde avec le renchérissement du pétrole. La troisième, qui se profile dès aujourd’hui, sera due au partage de l’eau. Un milliard d’hommes (soit 1/6 de la population mondiale) n’a pas accès à l’eau potable, 2,4 milliards d’hommes sont privés des services d’assainissement de base (87% des Africains et 82 % des asiatiques n’ont pas de système d’évacuation des eaux usées), en Afrique et en Asie les femmes parcourent 6 km en moyenne pour s’approvisionner en eau, 15.000 personnes (dont 6.000 enfants) meurent chaque jour de maladies liées au manque d’eau potable.
Dans cette succession de crises, les pays pauvres essaient de trouver leur place et leur juste part. Il est donc inévitable que la place de plus en plus importante que prennent ces pays en voie de développement (qui sont aussi les pays les plus peuplés) paupérise d’une façon ou d’une autre les pays qui ont déjà consommé, et qui consomment encore, une grande part de ces ressources limitées. L’effet le plus immédiatement visible est la disparition, dans les pays développés, des rentes de situation, contestées de plus en plus vigoureusement par les pays en voie de développement rapide. Et la première rente de situation est la pérennité de l’emploi des salariés des pays développés. Il est grand temps de se rendre compte que, les Etats-Unis mis à part qui vivent à crédit sur le dos de la planète, les pays en voie de développement sont en voie d’enrichissement et que les pays développés sont en voie de paupérisation !

Ainsi, l’entreprise qui demande que l’Etat lui octroie les moyens et les droits d’accroître sa flexibilité doit s’engager en contrepartie à garantir l’employabilité de ses salariés, c’est-à-dire leur capacité à accompagner l’entreprise dans son évolution voulue ou contrainte vers des marchés où ne sont pas encore entrés les pays émergents (toutes les industries de main d’œuvre sont destinées à moyen terme à être investies par ces pays émergents). Les allègements fiscaux accordés ne doivent pas servir uniquement à diminuer les coûts du travail, mais doivent être utilisés pour mettre en place les moyens d’une formation efficace tout au long de la vie pour l’ensemble de ses salariés. Il doit revenir à l’Etat de vérifier la possibilité, la réalité et l’efficacité de cette formation.

24 février 2006

Medias et psychose

Depuis deux semaines, les medias inondent le pays de soi-disant informations sur la grippe aviaire en France. On a retrouvé deux canards et quelques cygnes morts, atteints par le virus. Il n’est pas un journal radio ou télévisé qui ne parle de ces deux canards. La France entière ne pense plus qu’à la grippe aviaire et la vente des volailles s’effondre car psychose et bon sens sont totalement contradictoires. Pourtant, il doit bien y avoir plusieurs centaines de volatiles migratrices qui meurent chaque année sur notre territoire pour des raisons diverses : accidents, maladies diverses, épuisement, faim, vieillesse, etc … Mais voilà : ces deux canards sont devenus un prétexte idéal pour diffuser du sensationnel et courir après l’audimat ! Et tant pis si la population s’inquiète au-delà du raisonnable ! Ces deux palmipèdes ont provoqué plus de commentaires médiatiques que les milliers de victimes des moustiques à la Réunion. Il faut dire que les virus donnent la part belle aux médias : sida, sras, chikungunya, grippe aviaire ! Voilà de quoi alimenter la frénésie journalistique de sensationnel.
De même, pour horrible que soit le crime, pour justifiée que soit l’indignation, pour nécessaire que soit la justice rendue, le tumulte politico-médiatique autour de l’assassinat de Ilan Halimi contraste étrangement avec la relative indifférence qui a entourée le cas de cette petite « beurette » brulée vive dans une cave de banlieu. Il est vrai que l’on s’approche à grands pas de l’élection présidentielle.

22 février 2006

Le mammouth et le mandarinat

Quel que soit le type de réforme envisagée pour l’Education Nationale, les syndicats s’opposent en lançant le seul mot d’ordre qu’ils connaissent : augmenter les moyens. Le dernier exemple en est la réforme des zones d’éducation prioritaires. La liste de ces établissements date, en moyenne, de 25 ans (elle fut initiée par A. Savary). Ces établissements sont dotés de moyens supplémentaires parce qu’ils sont placés en zone socialement difficile avec des élèves en difficulté scolaire. Le gouvernement se propose de « revisiter » la liste de ces établissements, conscient du fait que les conditions sociales et économiques ont changé sur le territoire depuis 25 ans (point sur lequel de nombreux rapports insistent, y compris celui de la Cour des Comptes). La seule proposition avancée par les syndicats qui s’opposent à cette réforme est de maintenir en l’état la liste des zones d’éducation prioritaire… en augmentant les moyens ! Tout va bien à l’Education Nationale si rien ne change !! L’échec pédagogique relatif de ces zones particulières incite pourtant à se pencher sur ce problème. Il faut croire que les syndicats craignent par-dessus tout une mise en question de la compétence des enseignants. Cela rappelle l’attitude du Syndicat de la Magistrature qui ne supporte pas que l’on mette en cause la compétence d’un juge d’instruction dans l’affaire d’Outreau. Curieuse coïncidence !.
Personne ne remet en cause, pourtant, les difficultés que les enseignants rencontrent dans ces environnements particulièrement difficiles. Mais pourquoi ne se pose-t-on pas la question de savoir pourquoi les professeurs que l’on envoie dans ces établissements sont, pratiquement toujours, les plus jeunes et les moins expérimentés ? La réponse est simple : parce que les enseignants les plus anciens refusent d’aller dans ces établissements et ont mis au point un système qui leur permet d’échapper à ces affectations. Plus un enseignant possède de points de carrière, plus il est prioritaire dans le choix de son affectation et moins il est volontaire pour les lycées ou collèges difficiles. À ce jeu du mandarinat, les jeunes enseignants sont toujours perdants … et les élèves les moins bien encadrés sont ceux qui ont besoin du meilleur soutien. Encore une fois, la démonstration est faite qu’un système qui fonctionne « à l’ancienneté » est un mauvais système. Il y a longtemps que le secteur privé l’a compris. Mais remplacer critère d’ancienneté par celui du mérite et de la compétence efficace est quelque chose qui rebute profondément les syndicats. Ce refus est une des principales causes de l’inefficacité des organismes publics.

18 février 2006

Magistrature et démocratie

Les magistrats, par l’intermédiaire de leur syndicat ou de leurs représentants, s’insurgent de l’action de la commission d’enquête parlementaire concernant l’affaire d’Outreau. Leur grief principal avoué est que le fait que cette commission convoque et interroge un juge porte atteinte à l’indépendance de la justice ! Ces messieurs de la magistrature oublieraient-ils que nous vivons en démocratie et que les parlementaires représentent le peuple et non l’exécutif ? Oublieraient-ils qu’un des fondements du fonctionnement correct d’une démocratie est qu’à tout pouvoir, il est possible d’opposer un contre-pouvoir ? Or, justement à cause de l’indépendance de la justice et de l’exécutif, le seul contre-pouvoir est l’exercice d’un contrôle par le peuple, c’est-à-dire par ses représentants que sont les parlementaires. Le caractère corporatiste de l’indignation des magistrats ne peut surprendre personne mais ne grandit pas l’image de la Justice, déjà entamée à la suite de cette malencontreuse affaire d’Outreau où, il faut insister là-dessus, les responsabilités ne sont pas celles du seul juge d’instruction mais de tous les juges ayant eu à connaître du dossier, des policiers ayant mené l’enquête, des services sociaux aveugles, de tous les acteurs impliqués.
La justice n’est pas à l’abri d’une erreur (Outreau en est la preuve) et il est permis de rechercher les moyens d’en réduire les risques. Les parlementaires faisant les lois, il est naturel de leur demander de s’en charger. Un peu de modestie, messieurs les Juges !

16 février 2006

Les possibilités d’une île

C’était une petite île à quelques encablures de la côte. Un petit bac permettait d’y accéder en fonction des marées. Sur l’île, quelques petits villages faisaient vivre des familles de pêcheurs et d’agriculteurs. Sur la terre de l’île, poussaient de petites pommes de terre qui devaient bientôt atteindre une renommée nationale. Puis des vignes virent le jour et produisirent un petit vin blanc, un peu rêche mais capable d’accompagner à peu près dignement une douzaine d’huîtres ou une mouclade. Tout ce petit monde vivait, non dans l’aisance, mais dans une certaine douceur de vivre. Les maisons sont basses, aux murs de pierres sèches ou revêtues d’un enduit blanchi à la chaux. Les grandes plages sont régulièrement lavées par les vagues de l’océan et le vent vigoureux du grand large. Répartis sur toute l’île, les marais servent de zone de repos pour les oiseaux marins migrateurs et font vivre quelques sauniers. Le ciel retentit du cri des mouettes, du bavardage des bernaches et du cancan des tadornes.
Et puis un jour, on a construit un pont, ce qui signa la mort du petit bac et, surtout, l’invasion de l’île par une foule touristique toujours plus dense. Cet afflux s’est accompagné d’une frénésie d’achat. Les prix ont grimpé spectaculairement et les petits pêcheurs, devant des offres mirobolantes, ont vendu leurs maisons traditionnelles. Celles-ci devenant rapidement rares, on a vu l’île se couvrir rapidement de lotissements et de maisons neuves. On a construit des HLM pour les pêcheurs sans maison, beaucoup ont quitté l’île. Quand vient l’hiver, presque toutes les maisons sont fermées, leurs nouveaux propriétaires ne venant dans l’île que pendant l’été. Les villages donnent aujourd’hui le triste spectacle des maisons aux volets clos et des rues silencieuses. Quelques paysans continuent à planter, vaille que vaille, leurs pommes de terre et leur vigne. Mais ils se trouvent confrontés à un nouveau problème. En effet, la spéculation est devenue frénétique. Aujourd’hui 600 mètres carrés de terrain classé « à bâtir » est vendu 500.000 €, soit environ
850 € le m2. En comparaison, le terrain à bâtir dans la région de Laon se vend entre 5 et 8 €/m2 , soit près de cent fois moins ! Une maison à simple Rez-de-chaussée avec 3 chambres et un bout de jardin se vent plus de 1 million d’euros.
Si, comme dans la région Laonnoise, le terrain agricole vaut 20 fois moins que le terrain à bâtir, voilà que les agriculteurs se trouvent en possession d’une terre qui vaut aujourd’hui autour de 40 €/m2. Ainsi, le paysan qui cultive 2 hectares de pommes de terre se trouve propriétaire d’un capital de 800.000 € !! Bien entendu, il se trouve soumis à l’impôt sur la fortune, alors que son compte d’exploitation est, le plus souvent, déficitaire. Qui a décidé que sa terre valait
40 €/m2 ? Sur quelle décision rationnelle repose cette valeur ? La rareté, dira-t-on, est l’explication : ce qui est rare est cher. Mais le paysan n’a rien à faire de la rareté des terrains à bâtir. Pourquoi devrait-il être victime de la frénésie des capitalistes ? Il regarde son champ tous les matins et la terre qu’il voit est la même, qu’on lui dise qu’elle vaut 5 ou 850 €/m2 ! Il a toujours autant de mal à faire pousser ses patates. Il lui faut toujours le même effort pour labourer et ensemencer son champ, pour récolter et vendre. Il a toujours les mêmes difficultés à boucler son budget.
En conclusion, je veux dire que je trouve parfaitement injuste que l’agriculteur soit pénalisé par un jeu spéculatif dans lequel il n’est pas partie prenante, mais que je trouve parfaitement justifié que ceux qui sont capables de vendre et d’acheter à de tels prix soient imposés au maximum ! L’impôt ainsi récolté devrait servir à aider les agriculteurs de l’île en difficulté.
Où se trouve cette île ? En face de La Rochelle, c’est l’Ile de Ré.

07 février 2006

Le CPE, une nécessité ?

Le monde syndical professionnel et étudiant se mobilise contre le projet de contrat d’embauche dit CPE destiné à la première embauche d’un candidat à un poste salarié.
Quel est l’objectif principal de ce type de contrat ? Il est facile de faire le constat que le frein principal à l’embauche, que ce soit pour une première embauche ou non, est la situation économique qui n’est pas satisfaisante. Le moyen terme est devenu, pour l’entreprise, complètement imprévisible. Dans une telle situation, et sous la pression déraisonnable des actionnaires, les entreprises ont les plus grandes réticences à embaucher compte tenu des coûts induits par les licenciements. Ce frein à l’embauche joue, bien évidemment, pour les jeunes comme pour les moins jeunes, pour les premières embauches comme pour les autres. Mais le chômage des jeunes est plus insupportable et plus scandaleux que le chômage des plus anciens… du moins c’est ce qui est ressenti par l’opinion. Pour faire sauter, dans une certaine mesure, la réticence à l’embauche des entreprises, il faut s’attaquer à sa cause principale, c’est-à-dire aux difficultés et aux coûts des licenciements. En quelque sorte, il s’agit de « troquer » avec les entreprises, une embauche plus importante des jeunes contre une facilité de licenciement en cas de difficultés économiques. Cette façon de voir le CPE entraîne un certain nombre de remarques :
- la facilité de licenciement n’est admise que dans le cadre de difficultés économiques, c’est-à-dire que le licenciement immédiat est un licenciement économique,
- on ne parle donc plus d’un licenciement sans motif,
- tout licenciement pour non-adéquation du salarié à l’essai ne peut se faire que dans le cadre du code du travail, c’est-à-dire pendant une période limitée (1 à 3 mois renouvelables une fois),
- au-delà de la période d’essai traditionnelle, le licenciement ne peut avoir lieu que pour raison économique,
- la facilité accordée aux entreprises tient dans le fait que ce type de licenciement économique se fait sans délai et avec des coûts limités.
On voit donc que la seule différence essentielle avec un CDI ordinaire (qui contient une période d’essai et ne contient pas de garantie d’emploi) est la limitation des coûts de licenciement. C’est la contrepartie donnée aux entreprises contre une augmentation de l’embauche des jeunes. La seule précarité tient dans l’incertitude de la pérennité de l’emploi, ce qui est valable pour tout le monde, CPE, CNE, CCD ou CDI !
Il n’en reste pas moins que le critère principal reste, et restera, la croissance économique et que, si celle-ci est faible ou médiocre, l’embauche des jeunes restera limitée, avec ou sans CPE ! Une fois de plus tout le monde, dans cette affaire, utilise la langue de bois.
Dernières nouvelles :
Je viens d’entendre le secrétaire général de la CGT dire, à propos du CPE, que l’amélioration de l’emploi passe par la croissance économique (ce qui est vrai) et que ce n’est pas en répartissant le travail existant que l’on améliore la situation … c’est-à-dire eactement le contraire de ce qu’il disait au moment de l’instauration des 35 h. où ce même syndicat expliquait avec véhémence que cette mesure allait obliger les entreprises à embaucher !!

05 février 2006

Caricature et violence

Caricaturer Mahomet engendre des protestations violentes dans le monde musulman qui s’estime offensé dans ce qu’il a de plus sacré. C’est, en tout cas, la partie visible de l’iceberg. Il est, cependant, permis de poser quelques questions. La première qui vient à l’esprit est la suivante : pourquoi a-t-il fallu attendre autant de temps après la parution des caricatures pour voir les musulmans protester aussi violemment ? Quelle instrumentalisation se cache derrière ces manifestations ? Peut-on imaginer que l’intégrisme chiite et iranien ait choisi de soulever les foules au moment où l’Etat iranien et son président sulfureux et dangereux se trouvent soumis à la pression internationale du fait de leurs activités nucléaires ? L’ampleur des manifestations iraniennes permet de le penser.
Au-delà de ce questionnement, reste la question de fond. A-t-on le droit de tout caricaturer ? Si oui, doit-on exercer ce droit quelles que soient les circonstances ? La question est simple, mais la réponse n’est pas aisée. Rappelons-nous tout d’abord les protestations qu’a soulevé l’affiche du Christ cloué sur une croix gammée, affiche d’ailleurs interdite sous la pression du milieu catholique français (ce qui s’est fait sans violence, à la différence des protestations musulmanes). Cette affiche a été considérée comme attentatoire à un sentiment sacré et donc condamnable. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour une caricature de Mahomet ? Ce qui est admissible pour Dieu ne le serait-il pas pour le Prophète ?
La liberté d’expression est un fondement de la démocratie et ne saurait se négocier. Il y a, cependant, une différence entre la possession d’un droit et l’exercice de ce droit en toutes circonstances. J’ai le droit de fumer, mais je ne l’exerce pas pour de pas nuire à ma santé. C’est-à-dire qu’avant d’exercer mon droit, j’ai aussi celui de réfléchir aux conséquences. Une minute de réflexion permettait de prévoir, compte tenu du contexte actuel où les tensions entre l’Occident et le monde musulman sont fortes, que les caricatures soulèveraient nécessairement des protestations. Devait-on prendre ce risque ? Renoncer à publier ces caricatures portait-il préjudice à la liberté d’expression ? Le droit de choisir en toute liberté n’est-il pas aussi fort que le droit de s’exprimer ? Ce droit permet-il de tout dire ? Peut-on tout dire sans réfléchir aux conséquences du discours ? Les discours d’Hitler sont-ils acceptables au nom de la liberté d’expression ? Ne dit-on pas que la liberté individuelle s’arrête là où commence la liberté d’autrui ? Ma liberté individuelle ne permet pas n’importe quoi.
En conclusion, la publication de ces caricatures n’est pas un crime mais une faute. Les violences qui en résultent sont condamnables et instrumentalisées donc suspectes.

02 février 2006

Le Syndicat de la Magistrature

Les travaux de la commission parlementaire du procès d’Outreau est l’objet d’une transmission en direct à la télévision. J’ai donc suivi les séances d’interrogation des acquittés par les membres de la commission parlementaire. Il n’y a pas un seul récit qui ne soit bouleversant et qui ne fasse naître un sentiment d’indignation devant les agissements de TOUS les acteurs de ce drame : les services sociaux, les juges pour enfants, la police, les experts, le juge d’instruction, le juge des libertés, les avocats commis d’office, les greffiers, les journalistes, l’horrible foule. Au milieu de tous ces écarts à la dignité et au professionnalisme, il ressort que le juge d’instruction porte une responsabilité majeure sinon unique. C’est bien ce que ressentent, dans l’état actuel de l’enquête parlementaire, l’ensemble des membres de la commission. Comment s’en étonner ? Un juge d’instruction qui se laisse circonvenir à plaisir par une accusatrice manifestement mythomane, jalouse et rancunière, et de surcroît, pédophile reconnue et violeuse de ses propres enfants ; un juge qui mène son instruction uniquement à charge en écartant tout ce qui serait susceptible de disculper l’accusé, et ceci en contradiction flagrante avec ce que doit être le rôle d’un juge d’instruction ; un juge qui fait établir des comptes-rendus des comparutions qui ne sont pas conformes à la stricte vérité ? Mais aussi, combien est compréhensible l’indignation des membres de la commission lorsqu’ils apprennent que les services sociaux refusent de rendre leurs enfants aux parents acquittés au prétexte qu’ils considèrent que ces enfants sont encore considérés comme des victimes !! On croit rêver ! Les enfants ont été séparés de leurs parents en cinq minutes et il faut plus d’un an pour les remettre à leur famille ! Vive le fonctionnariat !
Devant l’émotion manifestée par les parlementaires de la commission, qui se devine à la nature des questions posées, ne voit-on pas le Syndicat de la Magistrature monter au créneau pour défendre par avance le juge d’instruction et le juge des libertés, c’est-à-dire les magistrats, en avançant l’argument que la commission ne fonctionne pas correctement, que ses membres ne remplissent pas correctement leur mission! … et que les premiers responsables de ce drame sont les parlementaires eux-mêmes !! Il n’est certes pas étonnant de voir un syndicat donner la priorité à la polémique et au corporatisme au détriment de l’équité et de l’honnêteté !
Et savez-vous quel est la chose la plus terrible dans cette affaire ? C’est que, compte tenu du nombre invraisemblable de dysfonctionnements, rien n’assure que la vraie justice ait été rendue…

28 janvier 2006

Terrorisme et finances

Le Hamas vient d’être porté au pouvoir par les élections palestiniennes. Si l’on doit saluer la naissance d’un processus démocratique dans un pays arabe, on ne peut qu’être interloqué par la prise de pouvoir par une organisation terroriste. Qu’est-ce qu’une organisation terroriste ? C’est un groupe qui organise des attentats parmi les civils sans mener d’actions d’envergure contre l’armée occupante lorsqu’il y en a une. C’est exactement ce que fait le Hamas. De plus, cette organisation a inscrit dans ses statuts la destruction de l’état d’Israël, se mettant ainsi de facto au banc de la société des nations. Qui oserait garder des relations de quelque nature que se soit avec un groupement qui prônerait la destruction de la France ?
Or, la Palestine vit sous perfusion économique, singulièrement grâce à l’Union Européenne qui verse 500 millions d’Euros par an à l’Organisation Palestinienne. Cela veut dire qu’une partie de nos impôts est généreusement donnée aux palestiniens pour les aider à surmonter leur intolérable misère. Mais cet argent est versé au gouvernement et aux organisations officielles palestiniennes. Allons-nous accepter de payer des impôts pour financer un groupe terroriste ? L’Union Européenne a l’occasion de montrer qu’elle a une vraie politique étrangère et qu’elle n’est pas le ventre mou des nations en refusant de financer cette organisation tant que celle-ci n’aura pas renoncé publiquement et effectivement au terrorisme et n’aura pas reconnu l’Etat d’Israël. Espérons …mais on peut en douter lorsqu’on se souvient que l’Europe a financé sans état d’âme une organisation palestinienne minée par la corruption à grande échelle et le népotisme généralisé.
Comment s’étonner aujourd’hui que le peuple palestinien ait porté au pouvoir le Hamas, seule alternative au « parti du président » entièrement discrédité ? Est-ce de l’aveuglement ou de l’hypocrisie diplomatique ?

25 janvier 2006

Le vocabulaire syndical

Voulez-vous devenir un individu syndiqué « branché » ? Il vous faut alors acquérir le vocabulaire adéquat, moyennant quoi vous serez apte à tenir un discours syndical de bonne facture. Voici ce qu’il faut savoir :

Le pouvoir d’achat est amputé
La privatisation est rampante
Le patronat est ultra-libéral
Les salariés sont sacrifiés
Le travail est précaire
Les conditions de travail sont dégradées
Les cadences sont infernales
Les services publics manquent de moyens
Le gouvernement est sourd
La justice est aveugle
La Mondialisation c’est les délocalisations
Les classes sont surchargées ou populaires
Les professeurs sont débordés
La police est raciste
La dérive est droitière
La crise est profonde
La manifestation est unitaire

17 janvier 2006

Réflexion sur la démocratie

• La démocratie est une notion qui a subi un enrichissement “historique” du fait des transformations sociales et économiques. Ceci entraîne que la démocratie n’est pas un schéma universellement valable : elle ne s’impose pas par ses propres mécanismes et les tentatives de l’imposer par la force sont vouées à l’échec.
• La définition “classique” est la suivante : gouvernement du peuple par le peuple. C’est donc un système de gouvernement.

Ce concept de démocratie recouvre trois notions :

• une notion de liberté : c’est d’abord associer les gouvernés à l’exercice du pouvoir par la mise en place de contre-pouvoirs. C’est ensuite l’existence des libertés d’opinion, de presse, d’association, de réunion, d’entreprise,...Pour préserver ces libertés, il est nécessaire de contrôler le pouvoir afin que le pouvoir n’entrave pas les libertés ci-dessus. Il s’agit donc d’une philosophie libérale qui prône (théoriquement) la primauté de la liberté individuelle sur la liberté politique.

• une notion de justice : c’est-à-dire l’établissement de l’égalité dans l’usage des libertés précédentes, ce qui implique la protection économique et sociale des plus faibles par la régulation des structures économiques par le pouvoir (sécurité sociale). On peut distinguer 2 cas :
1 – les pays riches où la démocratie se développe grâce à la prospérité car il n’y a pas de problèmes majeurs de partage ; il n’y a donc pas besoin d’un interventionnisme d’état important (exemple type : les USA)
2 – les pays les moins riches où il est nécessaire de contrebalancer l’égoïsme des nantis par une organisation du partage ; le pouvoir doit donc créer les conditions d’une certaine démocratie sociale. Il peut le faire soit en préservant la démocratie politique (exemple : les pays occidentaux), soit par la révolution et la dictature (exemple ; l’URSS et la Russie d’aujourd’hui).
Bien entendu, il existe une quantité d’Etats où la dictature ne se préoccupe pas du tout de la démocratie sociale (La Corée du Nord, la Malaisie et bien des pays africains souffrent de cet état de choses) !

• une notion de choix de gestion de la collectivité sur la croissance économique : On peut identifier 2 philosophies de la croissance :
- la philosophie de la “rareté” : les ressources sont limitées, il faut donc une autorité pour les répartir (en principe) équitablement.
-la philosophie de progrès : le progrès technique permet de satisfaire tous les besoins (société d’abondance et de consommation) et la nécessité d’une autorité régulatrice est moins nécessaire.
Le pouvoir doit donc gérer la croissance, la priorité n’étant pas de partager mais de produire ; les gouvernants sont subordonnés à la rationalité économique

La manifestation la plus évidente d’un régime démocratique est le principe de l’élection. Il reste à prendre en compte la tendance lourde existant dans tous les pays démocratiques où existe le processus de la consultation et du vote, à savoir la faible participation du peuple aux élections. Dans de telles conditions, quel sens a encore le gouvernement du peuple par le peuple ? Les élus se sentent-ils encore investis d’une responsabilité de représentation et de prise en compte des revendications populaires ? Bien qu’ils parlent tous en commençant leurs discours par « les Français pensent que … » ou « les Français veulent … », comme si chacun d’eux avait encore la légitimité pour parler au nom de l’ensemble du peuple – et surtout comme si le peuple tout entier était acquis à leurs idées – la décrédibilisation des hommes politiques s’en trouve accrue. Mais quelle est la cause et quel est l’effet ? D’une part, l’individualisme forcené des civilisations judéo-chrétiennes et des sociétés dites démocratiques pousse les individus à se désintéresser de toute action collective. D’autre part, l’hypocrisie du discours politique et syndical, uniquement préoccupé par le court terme électoral et corporatiste, renforce le désintérêt et le désinvestissement du peuple dans le fonctionnement de la démocratie. Cependant, même si la justification idéologique de la démocratie pert de son sens, les principes de liberté et de justice sociale restent encore (pour combien de temps ?) actifs. C’est en ce sens que l’on peut dire que la démocratie est le pire des systèmes mais que l’on n’a rien inventé de mieux.
Certains analystes, constatant l’individualisme grandissant de la société, en déduisent que le fait de voir les individus centrés sur leurs propres choix est significatif d’un développement de la démocratie qui passerait ainsi du niveau collectif au niveau individuel. Pour ma part, il me semble que ce type d’analyse relève de la conversation de salon et que le bon sens impose de dire qu’il n’y a là que le développement de l’égoïsme des sociétés libérales.

12 janvier 2006

Ces animaux qui disparaissent

Les animaux en voie de disparition ou ayant disparus depuis quelques années :

Le bar sauvage, le saumon sauvage, les 27 espèces d’esturgeons, le grenadier, l’empereur, l’anchois, la baleine bleue, la baleine à bosse, la baleine blanche (béluga), la baleine franche, le rhinocéros noir, le rhinocéros blanc, le rhinocéros de Sumatra, le lamantin, l’orang-outan, le gorille, le bonobo, le chimpanzé (tous les grands singes auront disparu dans 40 ans) le panda géant, le petit panda, les 32 espèces de lémuriens de Madagascar, le tigre (il y a plus aujourd’hui plus de tigres en captivité qu’en liberté), le tigre blanc, le lion (qui est presque dans la même situation que le tigre), le guépard, le léopard (la panthère), le jaguar, l’ours brun, le grizzli, le bison, la praire, la loutre de mer, le castor, l’éléphant, le tigre de Sibérie, le loup gris, le loup de Tasmanie (disparu depuis 20 ans), l’aigle royal, le faucon crécerelle, le gypaète barbu, le crapaud doré (disparu en 2000), le quetzal royal, les coraux, l’oryx, l’ours brun à collier, le phoque moine, l'ocelot, la loutre, le vison, le caméléon, le koala, le cabillaud, le manchot, le merlu, le merlan, le requin bleu, le requin pèlerin, le phoque gris, le triton crêté, la salamandre, le dragon de Comodo, le protèle, la grande outarde, la loutre géante, le loup à crinière, la poule coco de Rennes, l'ortolan, le léopard des neiges, l'écureuil roux, le milan royal, le dauphin de rivière, le python de Birmanie, l'effraie, la limule, la grue du Japon, la grenouille dendrobate, la bernache néné, l'ours à lunette, le caméléon de Jackson, la tortue luth à carapace de cuir, le faisan de wallich, le cerf des marais (du père David), l'érismature (canard) à tête blanche, le aye-aye, l'éléphant de mer austral, l'otarie à fourrure, le géco (de l'île ronde), le tamarin lion, le tapir, le crabe des cocotiers, le kiwi, le macareux moine, le pigeon rose, l'antilope addax, le canard mandarin, le flamand rouge des caraïbes, la mygale, le vautour moine, l'hippocampe, le calao, l'axolotl, le lion d'Asie, le cheval de Prévalski, la conure à gros bec, le perroquet gris d'Afrique, l'escargot partula, le boa de Cuba, le pélican frisé, la roussette de Rodrigues, le cacatoès des Philippines, le lion de mer de Nouvelle-Zélande, le maquis, la raie d'eau douce, le dauphin de Commerson, le crotale diamant, le ouistiti à tête jaune, le requin baleine, le lycaon, la tortue étoilée, le Tamarin, le singe araignée, la limule, le tigre de Tasmanie (disparu), la souris à miel, le bandicoot, le noumbaat, le wallaby, le rat kangourou à long nez, le bilbise, le grand duc, le caïman noir, le lynx pardelle, l'ours paresseux, l'ours des cocotiers, le fossa, le condor des Andes,l'urubu, le pygargue, l'aigle impérial, l'aigle royal, le circaète, la panthère des neiges, le coq de bruyères, l'oie naine, le narval, le morse, le bœuf musqué, le puma, le cougard de Floride, la tortue marine caretta-caretta, le caracaras, la hyène brune, le gavial, le porc noir gascon, le chameau, le bouquetin des Pyrénées, 40 % des 18.000 espèces de poissons soit 7200 espèces, et bien d'autres encore !! En résumé, 90% des grands poissons pélagiques ont déjà disparu et 50% des espèces auront vraisemblablement disparu en 2050 à cause du réchauffement climatique.
Bien entendu, cette liste n’est pas exhaustive. Et que dire de la disparition des espèces végétales ?

Tout cela à cause de la déforestation (150.000 km2/an dans la forêt d'Amazonie), de l'urbanisation, du braconnage, de l'agriculture, des incendies volontaires, de la pollution urbaine, industrielle et maritime, des marées noires, de la sur-pèche, du tourisme, des barrages hydroélectriques et de la chasse. Sur les paquets de tabac est inscrite la mention : fumer tue. Je propose que soit inscrit sur le permis de chasse : chasser est le meilleur moyen de tuer.

09 janvier 2006

Les scandales passés et actuels

Bien entendu, la liste qui suit n’est pas exhaustive.
• L'enrichissement des banques suisses avec l'argent de la spoliation des juifs, l'argent des banques monégasques avec l'argent des frais d'occupation de l'armée allemande en France jamais récupéré ni dans un cas ni dans l'autre.
• L'assassinat de Patrice Lumumba avec la complicité active des Belges et de la CIA.
• En 1972, au moment où elle signait le traité de non-prolifération des armes bactériologiques, l'URSS lançait un programme de recherche sur ces armes employant entre 50.000 et 100.000 personnes jusqu'en 1992. Lorsque l'URSS a disparu, ces hommes ont recherché des emplois dans les pays du Tiers-Monde qui étaient intéressés par ces spécialités. Quels sont ces pays ? Il n'est pas très difficile de l'imaginer : l'Irak, l'Iran, la Syrie, le Soudan, l'organisation Al Qeida (Ben Laden) et d'autres encore. Qui pourrait prétendre que ces pays ne possèdent pas d'armes bactériologiques ? L'Irak ne les a-t-il pas déjà utilisées ?
• 250 millions d'enfants dans le monde, dont certains ont à peine 5 ans, sont en esclavage pour le compte des grandes entreprises et des pays occidentaux.
• Le système Echelon et le pacte UKUSA (lire United Kindom/USA) qui lie les USA, l'Angleterre, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et le Canada pour espionner le monde entier, l'enquête étouffée par les militaires des conséquences sanitaires de la guerre nucléaire du Golfe, la peine de mort aux USA, l'embargo de l'Irak, l'enrichissement des laboratoires pharmaceutiques au détriment des pays pauvres et des plus malades, les USA s'arrogeant le droit d'être le gendarme du monde au nom de l'arbitraire et de leurs intérêts seuls, leur refus d'arrêter la fabrication de mines anti-personnel et de prendre des mesures pour limiter le réchauffement de la planète, la mise sur le marché de farines animales mortellement dangereuses, la recherche du profit par l’exploitation du génome humain, les pollutions marines par dégazage sauvage des pétroliers, le dopage généralisé dans tous les sports, les assassinats perpétrés par l'armée algérienne, les réseaux pédophiles et les dysfonctionnements de la justice (française et autres).
• L'ESB est due à la fabrication par les industriels agroalimentaires, vraisemblablement encouragés par la grande distribution, de farines animales qui ont été commercialisées sans s'assurer de leur innocuité (sous la seule justification donnée à savoir qu'une protéine en vaut une autre !). La directive européenne exonère les fabricants du risque créé par un produit défectueux ; de plus, si le consommateur entame un procès, les experts nommés par les juges sont à la charge de la victime. Enfin, ces experts ne vivent que parce qu'ils travaillent pour les laboratoires des industriels, ils sont donc juges et parties. Une plainte a été déposée en 1996 par des éleveurs envers une dizaine d'entreprises agroalimentaires ayant importé frauduleusement des farines animales anglaises. Cinq ans plus tard, le dossier n'avait toujours pas été traité par le juge saisi de l'affaire ; ce ne peut être que par instruction politique ! Ce n'est pas le citoyen qui compte, c'est le marché. D'ailleurs, les anglais, après avoir interdit l'usage des farines animales chez eux, se sont empressés de les vendre en France !
• En 1994, les laboratoires médicaux Aventis (France) et Beecham (USA) organisent un véritable matraquage marketing et publicitaire sur la vaccination contre l’hépatite B, en noyautant les organismes officiels français de la santé jusqu’au ministère. Ils dramatisent la situation en avançant de faux chiffres et en multipliant par 4 le nombre de nouveaux cas annuels (100.000 au lieu de 20.000 dont 80% guérissent), ils camouflent les effets secondaires, rares mais désastreux comme la sclérose en plaque. Cette campagne, à laquelle vont s’associer, consciemment ou non, les plus grands noms de la médecine, va aboutir à la vaccination obligatoire de tous les enfants malgré ces dangers dont certains s’avéreront réels. Même la vie des hommes n’a pas d’importance devant le profit.
• En Argentine, les usines Johnson & Johnson fabriquent des produits chimiques pour l'agriculture. Certains de ces produits sont extrêmement toxiques et demandent que les agriculteurs portent des vêtements spéciaux. Les eaux usées des usines sont déversées directement dans les caniveaux des villes, dans lesquels les enfants pataugent. Les naissances d'enfants mal formés augmentent dans des proportions alarmantes (colonnes vertébrales incomplètes et paralysies).
• Boris Eltsine a détourné les millions de dollars du FMI, destinés à aider à soulager la profonde misère des russes (en dehors des apparatchiks) à son profit et il est parti tranquillement à la retraite en emportant sa fortune volée.
• Le génie génétique est en train de devenir un véritable scandale. Les offices des brevets fonctionnent sans contre-pouvoir et vivent de la vente de ces certificats de brevetabilité. Les firmes américaines Mosento, Novartis, Myriad… et d'autres sont entrain de breveter les gènes du vivant, humains en particulier. La société Myriad a breveté les gènes responsables du cancer héréditaire du sein. Toute application, toute thérapie qui utiliseraient ces gènes sont soumises à redevance auprès de Myriad. Il est donc certain que toutes recherches sur ces thérapies sont stoppées !! Plus grave encore, un gène ayant souvent plusieurs fonctions, c'est toute une série de thérapies qui se trouve ainsi stoppée. L'Office européen des brevets a interdit tout clonage humain. Mais qu'est-ce qu'un humain ? La définition diffère selon les pays. En Angleterre, un embryon de moins de 2 mois n'est pas un être humain. Il est donc possible de cloner des embryons. Si cela est possible, il est certain que cela se fera.La société Mosento a mis sous son entière dépendance les cultivateurs de maïs des USA, du Brésil et de l’Argentine en leur faisant signer un contrat leur interdisant d'utiliser la semence de leur maïs et les obligeant à racheter chaque année de nouvelles semences Mosento de maïs génétiquement modifié. Ils ont ainsi supprimé ce qui faisait l'âme même du cultivateur : semer pour cultiver.
• Total-Fina fait un bénéfice de l’ordre de 50 milliards de Francs en l’an 2000. Cette société n’a déboursé, à la grande joie des actionnaires, que 800 millions de francs pour participer au nettoyage du désastre de l’Erika et au pompage de la saloperie restée dans les cuves du cercueil flottant. Le coût total des dégâts est de 3 milliards.
• Environ 30.000 hommes, appelés gentiment les liquidateurs, ont déblayé les débris et construit le sarcophage de Tchernobyl après l’explosion du réacteur. Personne ne sait, aujourd’hui, qui ils sont ni s’ils sont encore vivants.
• Les parents qui demandent la libération du prêtre qui a provoqué la mort de leurs enfants, au seul prétexte que Dieu l'a voulu : vive l'intégrisme !
• L'infirmière condamnée pour avoir permis à des mourants de mourir sans souffrance.: vive le conseil de l'Ordre !
• Un ministère de l'Encouragement de la vertu et de la prévention du vice ? Où cela existe-t-il ? A Kaboul. L'intégrisme musulman peut encore donner des leçons à l'intégrisme catholique. Vive l'intégrisme !
• Les européens, essentiellement les scandinaves et les allemands, font fabriquer à petit prix leur papier blanchi au dioxyde de chlore à Sumatra, en ayant apporté les prêts d'investissement pour la construction des usines, dont la main d'œuvre est entièrement importée et donc ne bénéficie aucunement à la population locale. Les usines se construisent en spoliant sans vergogne les habitants de leurs terres. Quand ils refusent de quitter leur coin de forêt, les industriels y mettent le feu. La fabrication du papier (3 millions de tonnes par an !) provoque la destruction massive de la forêt primaire, la pollution également massive des eaux du fleuve, auquel s'alimentent encore de nombreuses familles installées tout au long de son cours, par les rejets illégaux pollués à l'extrême. L'analyse révèle une concentration en produits chlorés 7 fois plus élevée que ce qui est toléré en Europe. Les poissons qui servaient d'alimentation meurent ou sont pollués. Les fruits pourrissent sur les arbres avant d'arriver à maturité. Sans ressources, les habitants coupent du bois en dévastant la forêt et le vendent aux usines de pâte à papier. 1000 km2 de forêt sont ainsi dévastés tous les ans. La forêt tropicale est remplacée par des terres incultes complètement érodées par les pluies. Les villages sont détruits ou désertés, la population est déracinée dans son propre pays par des industriels et des fonctionnaires européens sans scrupule et prompts à inciter le gouvernement à envoyer l'armée pour mâter les velléités de résistance. Les adultes et surtout les enfants (un sur deux) sont atteints de graves maladies de peaux, dues au chlore utilisé et rejeté à la rivière, provoquant des démangeaisons intolérables et impossibles à soigner. Les fonctionnaires européens parlent de petits tracas, indispensables pour réussir une industrialisation … qui ne profite qu'à eux.
• En Corée du Nord, 3 millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont morts de faim entre 1995 et 2000 à cause de la sécheresse, des récoltes désastreuses et du détournement des aides humanitaires par l'armée.
• L’emprisonnement d’Ingrid Bétancourt depuis quatre ans par des révolutionnaires qui ont perdu leur honneur en faisant de la prise d’otage une arme de résistance et qui sont devenus des criminels contre l’humanité, quelle que soit la cause pour laquelle ils se battent.
• Un quart de la population mondiale (1,5 milliard d’individus) n’a pas accès à l’eau potable. L’accès à l’eau doit devenir un droit de l’homme.

05 janvier 2006

Réflexions pour une année nouvelle

• L’acte d’amour est naturel, biologique, sans mystère. Ce qui le rend exceptionnel, c’est ce qui se passe dans la tête. Ainsi, ceux, ou celles, pour lesquels l’acte d’amour est uniquement sexuel ceux-là n’ont rien dans le cerveau.
• La photographie fige un moment, arrête le mouvement, supprime le bruit et les odeurs. Mais les souvenirs qui l’accompagnent redonnent la vie et l’émotion.

• J’aime le temps de l’aube qui marque une frontière entre le passé et l’avenir.

• A la fin de sa vie, on s'aperçoit que tout ce qui n'est pas donné est perdu.

• C'est le musquélot qui perdicule le débat. Il devient intumoral de n’être pas delparique.

• Pourquoi dit-on "la forêt vierge" ? Parce que, dit-on, l'homme n'y a encore pas mis ses foutus pieds ! Comme si les multitudes de vies qui l'habitent depuis des milliers d'années n'avaient aucune importance.

•Tout ce qui n'est pas nécessaire est essentiel. Tout ce qui est excessif est dérisoire (ce n’est pas de moi mais j’aime bien cet aphorisme).

• Je ne suis pas expert en économie. Pourtant c’est une science (est-ce le mot ?) qui m’interresse ou, au moins, qui m’intrigue. J’ai souvent été frappé par le fait que tout raisonnement économique peut être inversé entièrement (les effets devenant les causes) et aboutir à une démonstration tout aussi crédible que la démonstration d’origine. J’en conclus, et le discours des hommes politiques est là pour le prouver, que l’on peut faire dire ce que l’on veut à la science économique.

30 décembre 2005

L'offre et la demande

La science économique possède son Saint-Graal : la loi de l’offre et de la demande qui explique (ou tente d’expliquer) la variation des prix en fonction de la variation relative de l’offre et de la demande de produits. Si l’offre augmente, la quantité de produits mis sur le marché augmente et – à demande constante – il y a surproduction entraînant une baisse des prix, tous les produits ne trouvant pas preneur. Au contraire, si la demande augmente à offre constante, il y a pénurie de produits et les prix augmentent. Il faut convenir que cette démonstration relève davantage du bon sens que de la démonstration scientifique. Quoiqu’il en soit, l’analyse peut aller plus loin. En effet, en cas d’une crise de l’offre – c.à d. une offre de produits insuffisante par rapport à la demande potentielle – les produits sont rares et, c’est bien connu, ce qui est rare est cher. Les prix augmentent donc : il y a inflation. On peut ajouter que les plus favorisés gardent un accès au marché des produits malgré son renchérissement, c.à d. que la « fracture sociale » s’aggrave. Si, par contre, on se trouve en présence d’une crise de la demande, il y a alors trop de produits sur le marché, c.à d. que l’on se trouve en état de surproduction. Les prix diminuent (en principe). La surproduction entraîne une surcapacité des ressources de production, donc de main-d’œuvre. L’ajustement des prix s’accompagne ainsi d’une augmentation des licenciements donc du chômage. La « fracture sociale » s’aggrave également dans ce cas ! On débouche ainsi sur la seconde grande loi de la science économique : il faut choisir entre inflation et chômage. J’ajouterai que, dans les deux cas, ce sont les plus faibles qui souffrent le plus.
Ceci permet de comprendre la situation actuelle en Europe. La Banque Centrale Européenne a choisi de maintenir les taux d’intérêt à un niveau élevé ce qui rend l’argent cher, donc ce qui limite le volume des emprunts de consommation qui alimentent la demande. Celle-ci s’affaiblit et, donc, crée une crise de la demande qui limite l’inflation au prix d’un chômage élevé. Inflation faible, chômage élevé, telle est la situation en Europe. La banque Centrale Américaine a fait le choix contraire. Le résultat est une demande croissante grâce à l’endettement important des américains (alors que les européens thésaurisent), au risque d’une reprise de l’inflation.

20 décembre 2005

Le temps qui passe

Un des objets le plus mystérieux de ce monde est le temps. Nous vivons avec lui, comme avec un être familier, sans nous poser de questions sur sa nature. Pourtant, le fait même que nous vivons avec lui devrait nous pousser à nous interroger sur son existence en dehors de nous, je veux dire en dehors de toute conscience humaine. Le temps a-t-il une existence intrinsèque ? L'image que nous en avons, de façon intuitive et donc subjective, est celui d'un écoulement, d'un flux permanent et orienté, comme un fleuve allant vers la mer. Jamais un fleuve ne remonte vers sa source. Nous sommes sur un pont et nous regardons le fleuve s'écouler de manière irréversible. Nous ne le dirons jamais mieux que le poète :

Passent les jours, passent les semaines,
Ni le temps passé, ni les amours reviennent.
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.
Vienne la nuit, sonne l'heure,
Les jours s'en vont, je demeure.
Apollinaire

Bien sûr, la science examine le temps. Plutôt, elle a besoin de lui pour construire les lois de la Nature. Le temps lui est nécessaire pour expliquer le monde. Mais voilà que son explication comporte sa propre contradiction. Toutes les explications de cette physique utilisent un temps qui est réversible. Autrement dit, selon les équations de cette physique du monde, tout pourrait se dérouler à l'envers. C'est d'ailleurs cette expérience de pensée à l'envers qui permet à la physique quantique et à la Cosmologie de remonter à l'origine du monde pour tenter d'en décrire un scénario. Malheureusement, en remontant très loin dans le passé, c'est-à-dire en revenant aux premiers instants de l'Univers il y a un peu plus de treize milliards d'années, dans les premiers milliardièmes de milliardièmes de milliardièmes de seconde, les lois de la physique ne s'appliquent plus. Il n'y a plus d'espace ni de temps. Il n'y a plus qu'un "océan" d'énergie quantique dont une "région explose" pour donner naissance à un Univers (un seul ?) qui permet le développement d'êtres pensants capables de se poser des questions sur l'origine de l'Univers. Pourquoi le temps apparaît-il "à un moment donné" ? Certains physiciens pensent d’ailleurs que le temps précède l’existence, alors que,pour d’autres, le temps est né avec le big-bang. Pour certains, il n’est qu’un paramètre spatio-temporel réversible, ce qui est en contradiction totale avec l’irréversibilité de la vie. N'est-il pas alors un paramètre commode pour les observateurs que nous sommes, nous permettant de raconter une histoire, celle des évènements du monde ?

C'est bien le seul point qui soit sûr : l'événement existe, puisque nous le vivons. Nous le vivons dans l'instant où il se produit, c'est-à-dire dans l'instant présent. Mais qu'est-ce donc que ce présent, coincé entre un passé qui n'existe plus et un futur qui n'existe pas encore ? Qu'est-ce donc que cet instant figé entre deux néants, entre deux inexistences ? Il a toutes les apparences d'une éternité, sans passé ni futur, elle aussi. Le présent est une éternité, nous ne sommes pas sur le pont mais sur un bateau qui nous emmène ?

Le temps s'en va, le temps s'en va, Madame,
Las, le temps non, mais nous nous en allons.
Ronsard

Notre époque est en manque de temps. Le temps est devenu une denrée rare. Il ne faut pas perdre de temps, il faut en gagner, comme on gagne de l'argent.
Economie de temps Le temps des cerises
Perdre du temps Prendre son temps
Le temps c'est de l'argent Gagner du temps
Le passe-temps Le contretemps
Donner du temps au temps Dans le temps
De temps en temps, de temps à autre Temps mort
Perdre son temps Les trois temps de la valse
La pluie et le beau temps La couleur du temps
La mi-temps Le tiers temps
Changement de temps Entre-temps
Il est temps Temps réel, temps partagé
Le monde manque de temps, l'urgence est partout, l'urgence est devenue le suprême symbole de l'activité humaine. L'importance se mesure au fait que l'on manque de temps. Moins on a de temps, plus on est important. Dans le même temps (!), on ne parle que de la maîtrise du temps. Illusion et présomptueuse ambition ! La durée est une privation d'éternité (Bergson).

18 décembre 2005

Les grands singes

J’ai entendu hier un scientifique expliquer que les grands singes ont 98% de leur patrimoine génétique identique à celui de l’homme. Cette proximité des espèces en font nos cousins. Le scientifique expliqua alors que la différence entre eux et nous est que nous, les hommes, avons conscience de ce cousinage alors que les grands singes ne l’ont pas. Que sont alors ces « hommes » - nombreux à n’en pas douter – qui ne savent pas que ce cousinage existe ou qui le réfutent ? Tous les hommes ne seraient-ils pas « hommes » ?
Une autre réflexion m’est venue à l’esprit. Compte tenu de cette grande proximité entre les hommes et les grands singes, la classification simpliste qui distingue d’un côté les hommes et de l’autre les animaux est-elle adéquate ? Les grands singes ne forment-ils pas une catégorie intermédiaire ? Les grands singes ont la conscience d’eux-mêmes, la conscience des autres, la conscience du groupe. N’est-ce pas suffisant pour ne pas les considérer comme des animaux ?

16 décembre 2005

Lettre ouverte à la CGT

Il m’arrive de temps à autre d’écrire aux responsables politiques et syndicaux. La plupart du temps, je reçois une réponse. Celle-ci ne me satisfait pas toujours mais, au moins, elle existe.
J’ai fait parvenir la lettre ci-dessous au secrétaire général de la CGT, il y a deux mois. Elle est restée sans réponse. Il ne peut y avoir que deux raisons à ce silence : ou bien ce que j’écris est vrai et Monsieur le Secrétaire ne trouve pas d’argument justificatif, ou bien ce dernier traite par le mépris ce que ressentent les citoyens.

Monsieur le secrétaire général,

La tragédie de la SNCM a trouvé sa conclusion en fragilisant à l’excès une entreprise qui aura beaucoup de mal à retrouver un fonctionnement normal. Le risque de 2500 chômeurs n’est pas écarté.L’attitude « jusqu’au-boutiste » de la CGT et, en particulier de la CGT Marseille, a conduit à cet état de choses. Les arguments développés par votre organisation au gré du conflit ont été de plus en plus spécieux, voire mensongers. Entendre dire que le privé ne peut remplir une obligation de service public est un énorme mensonge, Air France ou France Télécom étant des preuves irréfutables du contraire. Ignorer les lois et le fonctionnement juridique des sociétés est attentatoire au bon sens. Entendre un responsable syndical dire que le déficit chronique de la SNCM s’explique et se justifie par l’existence de la concurrence est un véritable scandale. Diffamer la concurrence (Corsica Ferries en l’occurrence) en prétendant que les conditions sociales et de travail sont déplorables est un mensonge éhonté et c’est prendre les salariés de cette entreprise concurrente pour des imbéciles (ils n’ont jamais fait grève pour demander la corsification des emplois !). Prétendre que les pavillons de Corsica Ferries sont de complaisance est une diffamation dont, je l’espère, vous aurez à rendre compte. Prétendre l’existence de « magouilles » entre l’Etat et les repreneurs est aussi une diffamation. Dire haut et fort que le contribuable a la charge de renflouer en permanence une entreprise qui a été conduite à deux doigts du dépôt de bilan par des grèves à répétition, des exigences syndicales exorbitantes, une productivité du personnel déplorable du fait d’un personnel pléthorique relève de l’irresponsabilité totale. Taire le fait que les restructurations associées aux diverses recapitalisations de l’Etat n’ont pas été réalisées à cause des pressions syndicales est un mensonge par omission. De plus, comme cerise sur le gâteau, la collusion finale avec une entreprise terroriste corse, le recours à des actes de piratage, ont décrédibilisé à jamais la CGT (n’avez-vous donc pas vu Mr. G. Talamoni siéger avec les marins corses ?). Vous êtes responsable de cette organisation (de démolition), vous êtes donc seul responsable de ce gâchis. C’est un mauvais coup porté au port de Marseille, à la ville de Marseille (où les grèves de la CGT sont innombrables), à la région PACA,à la Corse elle-même et au-delà au pays tout entier. L’histoire vous jugera (ainsi que votre représentant marseillais).

15 décembre 2005

La devise républicaine

Liberté – Egalité – Fraternité. La devise de la république est fille de la Révolution Française. Elle est porteuse des idéaux de cette révolution. C’est-à-dire des idéaux datent de 215 ans. Je me sens en droit de me poser la question de savoir s’ils correspondent encore aux exigences de la Nation actuelle. Certes, la Liberté est une valeur de première importance qu’il faut défendre bec et ongles. Mais peut-on prétendre qu’elle est menacée en France aujourd’hui ? Certes non. Par contre, la composition de la population française s’est profondément modifiée. Les derniers évènements ont montré que l’intégration dans la société était devenu un réel problème. La Citoyenneté devient un nouvel idéal.
L’égalité porte en elle le danger de l’égalitarisme. Or, l’égalitarisme c’est la négation des différences qui font la richesse d’une population. Ce n’est pas d’égalité dont la Nation a besoin mais d’équité. Dans ce domaine, bien des progrès sont à faire.
Quant à la Fraternité, ne relève-t-elle pas d’un voeu pieux ? Comment doit-elle se manifester concrètement ? À ce concept non opérationnel, il me semble plus efficace de lui substituer celui de Solidarité.
Ainsi, je propose de remplacer le triptyque Liberté – Egalité – Fraternité par Citoyenneté – Equité – Solidarité.
Qu’en pensez-vous ?

12 décembre 2005

Vive l'artisanat !

Bien sûr, j’ai un ordinateur ! J’ai acheté mon imprimante il y a un an et demi exactement. Ce matin, en changeant les cartouches d’encre, je me suis aperçu que les buses d’alimentation en encre étaient vraisemblablement encrassées. Il m’est, bien entendu, impossible de les nettoyer moi-même compte tenu du fait qu’il faut démonter une partie de l’appareil et qu’il faut avoir un outillage spécialisé. Je décide donc de trouver un réparateur dans Paris. Par Minitel (en tapant EPSON – c’est la marque de mon imprimante – et réparateur), j’obtiens 3 adresses : une dans le deuxième arrondissement (rue Chabanais),, une dans le quinzième (rue des Entrepreneurs) et une dans le neuvième (rue de Trévise). Méfiant, je décide d’aller me renseigner sur place avant d’apporter mon imprimante qui est plus encombrante que lourde. Me voilà parti pour la rue Chabanais. En arrivant au numéro indiqué, je trouve un sombre et vieil immeuble de bureaux avec une gardienne rébarbative, assise derrière une méchante table au pied de l’escalier. Je me renseigne sur l’existence de la société de réparation de matériel EPSON. La gardienne des lieux m’apprend alors que c’est bien là mais qu’il n’y a personne car, me dit-elle, tout le monde est parti en clientèle. Demandant comment m’y prendre, il m’est répondu que je dois laisser mon imprimante à la gardienne justement et que je serai prévenu lorsque la réparation sera faite. Je propose donc d’aller chercher mon imprimante mais, me dit la gardienne, il faut d’abord prévenir les gens de l’entreprise. Comme ils ne sont pas là, je suggère que je pourrais téléphoner. C’est cela, acquiesce la gardienne, mais elle pense que j’aurai beaucoup de mal à les joindre car …ils ne sont jamais là ! Je pense alors qu’il est plus sage de trouver un autre réparateur. Je pars donc pour le 15ème arrondissement. Arrivé devant le numéro indiqué par le Minitel, je trouve un immeuble de logements avec deux magasins en rez-de-chaussée mais aucun réparateur de matériel informatique ! Découragé, je décide d’abandonner les pistes télématiques et d’aller chez SURCOUF (12 ème arrondissement). Après tout, c’est là que j’ai acheté mon imprimante. Me voilà reparti à nouveau. Arrivé chez Surcouf, je demande aux renseignements si les réparations d’imprimantes sont possibles. Que croyez-vous que l’on me répondit ? Les seuls matériels pris en charge pour réparation sont ceux sous garantie. Mon imprimante – que je trouve de plus en plus déprimante - ne l’est plus depuis 6 mois. Mais, me dit-on, il y a un réparateur à deux pas … que je m’empresse de faire. J’arrive 5 minutes après la fermeture du magasin, prévue de 12 h. à 14 h. Il est effectivement 12 h.05.
Pris d’un remords, je retourne chez Surcouf et je me rends au stand EPSON, pensant trouver un spécialiste de ce matériel. Je trouve effectivement quelqu’un à qui j’expose mon problème.
Je demande de mettre en route une des nombreuses imprimantes du stand pour que je puisse expliquer ce qui se passe, mais cela s’avère impossible car il n’y a aucun cordon d’alimentation électrique sur le stand. Entre-temps, le spécialiste me précise que je ferai mieux d’acheter une imprimante neuve car, depuis que la mienne est sortie, il y a eu deux nouveaux modèles qui ne valent « que » 90 Euros. Précisant que mon problème est lié aux cartouches d’encre, le « spécialiste » EPSON me conseille alors d’aller plutôt voir le stand des cartouches, car il n’est pas spécialiste de ce petit matériel. Comment n’y avais-je pas penser moi-même ! Je me rends donc au stand des cartouches où j’expose à nouveau mon problème. Le préposé aux cartouches me répond qu’il est navré mais qu’il ne peut m’aider car il n’est pas spécialiste EPSON ! Un peu écœuré, il faut bien le dire, je rentre chez moi où il me reste trente minutes avant de repartir, cette fois avec l’imprimante sous le bras, pour l’ouverture à 14 h. du réparateur. Après avoir poireauter un petit quart d’heure devant la porte de ce dernier, je peux enfin déposer mon imprimante en demandant de procéder à un nettoyage des buses d’injection d’encre. Le prix annoncé est 50% plus cher qu’une imprimante neuve ! Je me sens déstabilisé un moment et je m’apprête à repartir avec mon imprimante lorsque je me dis que, en changeant de matériel, j’ai 3 chances sur 4 d’avoir de gros problèmes de mise en route comme cela se produit chaque fois qu’on achète un matériel informatique. Je paierai donc 50% de trop, mais je garderai un matériel qui marche. Comme je m’étonne quand même du prix annoncé, on m’explique, qu’en fait de nettoyage, on va remplacer les buses d’injection. Je me dis que j’ai la chance qu’on ne me propose pas de changer l’électronique, la mécanique, les circuits imprimés et je ne sais quoi encore !
Si je raconte toutes ces pérégrinations, c’est qu’elles me suggèrent quelques réflexions. Tout d’abords, en France, tout est archi-compliqué et rien ne se passe normalement. Ensuite, la réparation et l’entretien ne font plus partie de la culture ambiante. On achète et on jette, mais on ne répare pas. Nos parents et nos grands-parents seraient horrifiés d’un tel comportement. La société du gâchis est-elle la fille de la société dite « d’abondance » ? Ou bien la civilisation de la fabrication robotisée a-t-elle détruit les savoir-faire ? Ensuite, il faut bien constater qu’il est moins cher de traiter avec le constructeur du produit – qui est généralement une grande entreprise – qu’avec le réparateur – qui est le plus souvent une PME. Comment celle-ci peut-elle survivre s’il est moins coûteux de s’adresser à la grande entreprise de fabrication ? Cela semble bien improbable ! Et pourtant, n’entend-on pas dire et rabâcher que les emplois potentiels se trouvent dans les PME ? Peut-être. Encore faudrait-il que ces PME traitent les clients et les consommateurs avec un peu de sérieux !

09 décembre 2005

La France va mal

Un raisonnement tenu pratiquement de façon permanente par les syndicats est le suivant : pour créer des emplois, il faut augmenter la demande et donc le pouvoir d’achat des salariés en augmentant les salaires. Le pouvoir d’achat augmentant et entraînant la demande, la production augmentera et les entreprises devront embaucher. De plus, si la production augmente, le PIB augmente d’autant et le pays s’enrichit. Raisonnement simple et dont la simplicité même entraîne l’adhésion populaire. Imaginons alors un épicier de quartier ayant un employé. Pour augmenter le pouvoir d’achat de son employé, il augmente son salaire. À partir de là, de deux choses l’une : ou bien il réduit ses marges et c’est alors son propre pouvoir d’achat qui diminue, ce qui annule l’effet sur la demande de l’augmentation de salaire de son employé. Ou bien il augmente ses prix de vente pour préserver ses marges et il se trouve confronté à la concurrence de l’épicier d’à côté dont les produits sont moins chers que les siens ; il perd une partie de sa clientèle, son chiffre d’affaires diminue, son PIB également, ses marges deviennent négatives, il doit licencier. Cet exemple montre que l’on peut retourner un raisonnement économique et obtenir une conclusion tout aussi crédible. Ceci vient du fait que les raisonnements économiques sont pratiquement toujours cycliques : pour diminuer le chômage, il faut augmenter l’offre d’emploi, donc la production, donc la demande, donc le pouvoir d’achat, donc la production, etc… On peut tout aussi bien dire que pour diminuer le chômage il faut augmenter la production, donc augmenter la demande, donc diminuer les prix de vente, donc les coûts de production, donc il faut limiter les salaires, ce qui diminue les prix, ce qui augmente la demande, etc…La contradiction vient du fait que les deux cycles ne sont pas indépendants.
Le fonctionnement de l’économie se décrit par un grand nombre de cycles qui ne sont pas indépendants les uns des autres. Pour des raisons démagogiques, les hommes politiques et les représentants syndicaux isolent le cycle qui leur convient sur l’instant et ignorent totalement l’interdépendance avec les autres cycles.
Si maintenant on examine la situation de l’ensemble des épiciers, il est clair que le transfert de clientèle entre l’épicier trop cher et l’épicier moins cher équilibre la perte de PIB du premier par l’augmentation du PIB de l’autre, mais qu’au total, le PIB global n’augmente pas. Un pays n’est jamais qu’un grand ensemble d’épiciers. Un transfert de production entre ces épiciers ne peut pas augmenter le PIB national. Pour que celui-ci augmente, il faut que les exportations augmentent, c’est-à-dire que le PIB de la nation augmente au détriment de celui d’un autre pays (la Terre est un système fermé dont la quantité des ressources est fixée une fois pour toutes et qui ne peut augmenter : la quantité d’eau sur Terre est la même depuis plusieurs milliards d’années). Donc, pour que le chômage diminue, la condition nécessaire n’est pas l’augmentation des salaires mais celle des exportations. Il faut donc savoir fabriquer des produits (ou des services) que les autres pays ne savent pas fabriquer (exemples : les Airbus A320 et A380 ou le TGV).
La seconde idée concernant la science économique qui est encore plus perturbante est la suivante : l’idée de base et fondamentale de toutes les théories économiques est ce que les économistes appellent « le comportement rationnel des acteurs ». Qu’entend-on par là ? Le comportement d’un acteur est dit « rationnel » lorsqu’il vise à satisfaire son intérêt particulier. Or la systémique (qui est aussi une science) démontre que la somme des intérêts particuliers des acteurs d’un même système ne conduit pas (sauf exception) à l’intérêt général c’est-à-dire celui du système tout entier. Donc la recherche par chaque acteur de son seul intérêt particulier ne conduit pas à l’intérêt de la société et de la nation. L’économie semble donc fondée sur une magistrale erreur. Ne serait-ce pas là la vraie cause du chômage ? Une économie basée tout entière et uniquement sur le comportement « rationnel » des acteurs s’appelle le libéralisme (qu’il soit « néo » ou « ultra »). C’est une économie dont l’objectif n’est pas l’intérêt général. L’économie de marché est une économie basée sur la concurrence, c’est-à-dire sur la compétition des acteurs et sur l’adage « que le meilleur gagne ». S’opposer à l’économie de marché c’est interdire aux poissons de nager dans l’eau. Par contre, si une économie de marché est laissée totalement libre dans son fonctionnement, elle dérivera vers le plus facile, c’est-à-dire le libéralisme. C’est à ce moment que l’économie se transforme en économie politique. Ou bien le politique fait le choix du laisser-faire (« la main invisible » d’Adam Smith) et c’est l’économie libérale de marché ou bien il met en place des règles d’accompagnement de l’économie de marché de façon que l’intérêt général soit préservé ; c’est l’économie sociale de marché. Encore faut-il que le politique définisse clairement ce qu’il entend par intérêt général. En particulier, il faut faire un choix sur la façon dont le pays entend faire face à la concurrence : ce peut être par les prix (économie libérale mais sans imagination) mais ce peut être aussi par l’innovation, l’imagination, la qualification, etc…Et cela c’est du pur politique. De plus, en face de l’inévitable concurrence des pays en développement, les pays développés ne peuvent lutter efficacement sur les prix des produits fabriqués par ces pays sans remettre gravement en cause les avantages et protection sociaux. Le problème des pays développés n’est donc pas un problème de demande et de pouvoir d’achat, car les consommateurs trouvent à bas prix les produits proposés par les nouveaux entrants, mais un problème d’offre, c’est-à-dire un problème de capacité à imaginer et produire des produits et services que les autres ne savent pas (encore) fabriquer. Il faut donc investir dans la recherche, l’éducation et l’innovation. C’est un plan à moyen et long terme. À supposer que ce plan soit enfin mis en œuvre, s’ouvre donc une longue période de difficultés pour les pays développés et endettés.
Les entreprises ont, comme toujours, une longueur d’avance sur les politiques et sur les syndicats. Elles ont tiré les premières conséquences de la mondialisation de la concurrence en se « recentrant » sur ce qu’elles savent faire le mieux et qui présente la plus grande valeur ajoutée, ce que l’on appelle leur cœur de métier. Toutes les activités périphériques, qui ne sont pas différenciées, sont sous-traitées ou confiées à des travailleurs de statut précaire. Ce mouvement de réorganisation est irréversible. Il appartient aux politiques de le faciliter en faisant en sorte que les lois et le code du travail ne soient pas une entrave à ce mouvement. En effet, il est illusoire de croire, comme le clament les syndicats, que tous les salariés peuvent bénéficier d’un contrat de travail à durée indéterminée et un emploi à vie. Seuls, les salariés attachés aux activités du cœur de métier peuvent, dans une certaine limite, bénéficier d’un contrat à durée indéterminée, car ces activités sont, généralement, les moins touchées par les variations du marché. Il n’en est pas de même pour toutes les autres activités périphériques pour lesquelles le volume de main d’œuvre doit pouvoir varier en fonction de la conjoncture. Pour ces salariés, l’activité est nécessairement flexible et les politiques doivent imaginer un droit du travail qui préserve les droits fondamentaux des salariés en tenant compte de la flexibilité. Il est certain que cela va à l’encontre du discours syndical. La formation tout au long de la vie professionnelle devient un facteur clé de succès, sujet sur lequel les mêmes syndicats sont étrangement silencieux.
Enfin, pour s’enrichir, un pays doit travailler. C’est une évidence et c’est ce que nous rappelle l’histoire industrielle de notre pays et ce que nous démontre aujourd’hui les pays en voie de développement. Mais nous semblons avoir perdu la mémoire et la vue ! Les difficultés du pays ont de multiples causes et leur analyse alimente les journaux et les polémiques à longueur de temps. Mais la principale reste le fait que les Français ont perdu (on leur a fait perdre) le goût du travail et du risque : leur rêve est de travailler vingt heures par semaine comme fonctionnaire pour avoir la garantie de l’emploi, d’obtenir un avancement à l’ancienneté (surtout pas au mérite) ainsi qu’une augmentation de salaire automatique, d’avoir huit semaines au moins de congés payés et de partir en retraite à l’âge de quarante-cinq ans avec une prime de pénibilité généralisée avec 95,5% du salaire de fin de carrière. Et ceci pour tous, bien entendu … pour éviter toute compétition ! Lorsqu’on fait remarquer que les Français sont les occidentaux qui travaillent le moins, la réponse bateau (et fausse) que l’on entend est que les Français ont la productivité la plus élevée. Premièrement, ce n’est pas vrai et, deuxièmement, on ne peut justifier en même temps la réduction du temps de travail par l’augmentation de la productivité et se plaindre des conditions de travail !
La devise républicaine (liberté – égalité – fraternité) est comprise, pour ce qui concerne son article deux, comme imposant, non pas l’égalité, mais l’égalitarisme ; alors que la seule égalité qui vaille est l’égalité des chances. Pour tout le reste, il s’agit d’équité. Ce rêve est alimenté par le discours et l’attitude des syndicats français qui sont les plus sclérosés, sectaires et réactionnaires du monde occidental. Leur capacité de blocage du fonctionnement du pays leur permet de refuser tout changement dans un monde où tout se modifie et s’accélère. Tout changement se heurte systématiquement à un refus, que se soit pour réformer la Sécurité sociale, le code du travail, l’âge de la retraite, l’Education Nationale, le fonctionnement de l’Assistance Publique et des hôpitaux, etc …Qui dira un jour la responsabilité des syndicats dans le retard français dans presque tous les domaines ? Qui, finalement, est responsable du manque de compétitivité du pays ? Le manque de courage des gouvernements n’est pas seul en cause (en fin de compte, il n’y aurait jamais eu de T.Blair sans M. Thatcher !). L’aveuglement sectaire des syndicats, associé à leur formidable pouvoir de nuisance (alors que leur représentativité est fortement contestable), a une lourde part de responsabilité dans le déclin du pays.

06 décembre 2005

Pourquoi Parallaxe

La parallaxe est le décalage de point de vue qui s’installe lorsque l’on regarde quelque chose de deux points de vue différents. Ce décalage permet souvent de mieux comprendre. Lorsqu’on regarde un cube de face, on ne voit qu’un carré. Si l’on se contente de ce seul point de vue, le risque d’une erreur d’appréciation est grand. Mais si l’on décale un peu le point de vue, on peut alors apercevoir autre chose que l’on peut, avec plus de raison, identifier à un cube. Regarder, écouter, et chercher un point (ou plusieurs) de vue différent peut parfois faire mieux comprendre le monde et le jeu des hommes. Voilà pourquoi j’ai choisi ce nom de « parallaxe »

Le dernier mot à la mode

"Tout ce qui peut être l’objet du désir humain peut (doit) devenir un produit marchand ". Telle est la devise du libéralisme du début du troisième millénaire. Le bras armé de ce libéralisme est l’entreprise transnationale (ETN) qui recherche en permanence "l’allocation optimale de ses ressources". Au nom de cette recherche, elle déplace ses capitaux d'un marché boursier à un autre en accumulant les profits de ces opérations dans les banques des paradis fiscaux, elle déplace ses ressources de production dans les pays où les lois sociales et fiscales sont les plus avantageuses, c'est-à-dire les moins contraignantes, elle déplace ses ressources humaines en leur proposant des délocalisations inacceptables ou en les jetant à la rue lorsqu'elle ne sait plus qu'en faire au nom de "l'amélioration la productivité". Le discours marketing qu'utilisent ces entreprises cherche à fabriquer une image virtuelle qui leur permette de se cacher aux yeux des citoyens et de s'attirer l'approbation béate du consommateur berné. Ce discours s'articule sur deux idées majeures : le consommateur est roi, le produit est éthique. La royauté du consommateur s'affirme à travers la satisfaction, au moindre coût, de ses moindres désirs, même ceux qu'il ne manifeste pas ! Tel est le discours. Dans la réalité, le consommateur n'a que le droit d'acquérir les produits uniformisés des entreprises transnationales et monopolistiques (ou presque). La diversité des appellations cache mal l’uniformité des produits. Mais asservir le consommateur dans son acte d'achat n'est pas suffisant. Il faut aussi qu'il ne se pose pas trop de questions sur les conditions de fabrication du produit permettant d'abaisser les coûts. Les médias ont trop parlé des enfants esclaves, du travail forcé, pour qu'il ne devienne pas urgent d'endormir les scrupules naissants du consommateur. C'est pourquoi les entreprises ont inventé "le produit éthique". C'est le dernier concept à la mode. Un produit éthique est un produit dont on affirme, sans le prouver, qu'il a été fabriqué en respectant un minimum des droits de l'homme. L'entreprise a d'abord investi la décision et la réflexion du consommateur. Puis elle a annulé pratiquement ses possibilités de choix. Elle s'approprie aujourd'hui sa conscience pour la manipuler. L'éthique est le dernier assaisonnement à la mode des nouilles et le dernier nettoyant des baskets. Dans une société qui n'en a plus, la morale se réfugie dans les condiments. Au-delà de la stupéfaction indignée qu'entraîne l'usage de ce mot dans un tel contexte, il faut s'attarder un instant sur les raisons d'un tel usage abusif. Le monde est coupé en deux, les riches et les pauvres, l'occident et le reste du monde, les esprits satisfaits à l'abri de leur richesse et les inquiets, Davos et Porto Alegre, ces différents découpages se recouvrant parfaitement. Mais les inquiets, les pauvres, les exploités s'énervent, s'organisent et se font entendre. Il faut bien trouver un moyen de les calmer, si possible sans frais. C'est ainsi qu'a germé dans l'esprit d'un manager ou d'un consultant transnational (CTN), l'idée d'associer les mots produit et éthique. Le message marketing que l'on veut faire passer est celui d'une entreprise soucieuse de moralité, sinon de morale, qui rejette toute pratique contraire aux droits de l'homme dans ses processus de fabrication. On tente de faire croire que l'entreprise transnationale est devenue le porte-parole de pratiques morales, excluant l'exploitation des enfants, les conditions de travail déshonorantes, le travail forcé, la dégradation de l'environnement (la publicité actuelle de MacDonald sur son « combat » contre l’obésité est une véritable provocation). Non seulement les pauvres sont pauvres, mais ils sont censés être idiotement crédules. Le marketing, chevau-léger du commerce international, fait preuve d'une imagination sans borne pour essayer de donner du contenu à l'expression d'entreprise citoyenne ! Après tout, les entreprises transnationales ont bien remplacé les mots "impérialisme" et "néo-colonialisme" par l'expression "développement des pays pauvres". On n'est plus à un kidnapping linguistique près.