27 août 2009

Les banques et la morale

Décidément, le monde de la finance ignore la morale la plus élémentaire ! Il y a un an à peine, les banques françaises recevaient de l’État, c’est-à-dire en partie du contribuable, 25 milliards sous forme d’aide directe ou de prêts aux conditions particulièrement intéressantes qui feraient rêver tout citoyen ordinaire. Mais, voilà : les financiers ne sont pas des citoyens ordinaires. En effet, ils ne connaissent pas le respect de la parole donnée. Ils n’ont pas respecté l’engagement d’augmenter de 3 à 4 % le volume de crédits accordés aux entreprises, aux PME en particulier, en contrepartie de l’aide considérable qu’elles ont obtenue de l’État. Les États, au premier chef les États-Unis et la France, ont exhorté les dirigeants des organismes financiers à la modération dans les modes et l’ampleur des rémunérations. Avec un cynisme écœurant, ces mêmes dirigeants ont repris leurs pratiques condamnables en se moquant ouvertement de l’opinion publique. La BNP prévoit un milliard de bonus en 2009 pour ses traders. Prévoir de telles sommes veut dire qu’elle récompense cyniquement des pratiques boursières dangeureuses, celles-là même qui ont provoqué la crise sans précédent que nous connaissons. Les 9 plus grandes banques américaines ont reçu 175 milliards de $ pour éviter leur effondrement, ce qui ne les empêche pas de verser, en 2008, 33 milliards de $ alors que, dans le même temps, elles ont perdu 100 milliards de $ dans la spéculation de produits financiers toxiques (Meryl Lynch a perdu 28 milliards de $ à elle seule !). L’activité financière s’est entièrement mondialisée et sait bien que, pour la réguler, il faudrait qu’un consensus international s’instaure pour empêcher ses pratiques condamnables, ce qui est totalement exclu compte tenu des égoïsmes nationaux et des courtes vues de la plupart des chefs d’État. En fin de compte, les activités financières constituent, pour une grande part, une activité parallèle nocive qui n’a rien à envier aux activités frauduleuses et criminelles des trafics illicites divers (drogue, armes, médicaments, organes, contrefaçon, etc…). Malgré le fait que la loi n’a pu empêcher ces différents trafics, cela ne devrait pas interdire à ceux qui légifèrent d’interdire certains produits financiers et toute spéculation à court-terme. Le trader qui spécule sur la tonne de blé en l’achetant à 9 heures pour la revendre à 12 heures n’a pas enrichi d’un centime l’économie réelle. La tonne de blé pèse toujours mille kilos et elle n’a pas bougé de son silo. De plus, ce petit jeu pervers perturbe le fonctionnement du marché, basé sur une loi de l’offre et de la demande entre de véritables vendeurs et de réels acheteurs. Le trader n’est ni l’un ni l’autre. Il a fallu l’intervention personnelle du Président de la République pour que les banquiers français acceptent de limiter le montant des bonus à verser aux traders. On croit rêver ! Il faut que les plus hautes instances du pays se fassent entendre pour que les patrons des banques consentent à réviser à la baisse leurs extravagances ! Cela montre bien que la simple morale est une valeur obsolète dans le monde financier. S’il faut que l’État intervienne, qu’il le fasse en prenant des décisions aussi contraignantes que nécessaires pour les rendre efficaces. Limiter les rémunérations n’est pas suffisant. Il faut interdire certaines pratiques boursières. On peut toujours rêver ! C’est tout ce qui reste au pauvre contribuable !

21 août 2009

Il est temps

Je reviens sur les réflexions sur le temps que j’ai développées le 21 Octobre 2008. Nous vivons apparemment au sein d’un monde à quatre dimensions (merci Mr. Einstein !) qu’on appelle l’espace-temps. Ce concept décrit le monde comme un espace construit à partir de trois coordonnées d’espace et d’une coordonnée particulière que l’on appelle le temps. Nous percevons parfaitement (et nous comprenons) l’existence des coordonnées d’espace à travers nos mouvements et déplacements. Nous disposons librement de ces trois dimensions ; elles nous appartiennent en quelque sorte. Que se passerait-il si une de ces trois coordonnées venait à disparaître ? Notre monde à trois dimensions (dont nous-même) deviendrait un monde plat sur lequel nous serions condamnés à ramper, comme une bactérie sur un « plan » de table. Supprimons encore une dimension. Le monde se réduit alors à un « fil » sur lequel nous ne sommes tristement plus capables que de faire des allers et retours monotones. Ces situations sont absurdes, mais nous parvenons facilement à les conceptualiser et à les imaginer. Mais qu’en est-il du temps ? Tout d’abord, le temps ne nous appartient pas. Nous ne pouvons pas user librement de cette coordonnée, contrairement aux coordonnées spatiales. Ensuite, que se passerait-t-il si le temps venait à disparaître ? Nous irions alors vers l’Apocalypse ! En effet, tout mouvement n’existe que si le temps existe. C’est ce que nous démontrent les lois de la Nature et de la Relativité Générale (encore merci Albert !). Donc, si le temps venait à disparaître, le monde s’immobiliserait à tout jamais. Plus encore, tout processus, quel qu’il soit, ne se déroule que dans le temps puisqu’il n’est qu’une succession d’évènements. Donc, non seulement tout s’immobilise, mais tout processus s’arrête. Or, la conscience ne vient à l’homme que grâce aux processus physico-chimiques existant dans notre cerveau. Ainsi la disparition du temps entraîne celle de la conscience. Nous n’aurions aucune conscience de l’Apocalypse. La vie n’existerait tout simplement plus puisque tout processus vital s’arrêterait. Cela veut-il dire que le monde disparaîtrait ? Un monde sans vie ni conscience peut-il exister ? Un monde de matière figée ? Il est très difficile de conceptualiser ce monde, tellement le temps imprègne notre vie. Ce monde à quatre dimensions est né au cours d’un phénomène singulier que l’on appelle, à tort, le big-bang. A tort, car il n’y a jamais eu de « bang ». A tort également, car l’Univers est né avant le big-bang. Quelques milliardièmes de milliardièmes de milliardièmes de seconde auparavant (10-35 seconde) certes, mais avant quand même. Au point « zéro », rien n’existait. Ni l’espace ni le temps. Or, il a bien fallu qu’un processus, qui nous échappe, se déroule depuis ce point « zéro » jusqu’au moment du big-bang, c’est-à-dire débute, alors que le temps n’existait pas. Il est donc nécessaire que le temps ait été « créé » à ce moment initial fondamental ou qu’une physique inconnue y déroule ses lois. Il y a là un premier mystère d’une insondable profondeur. En même temps que le temps (!), a été créée une « bulle » d’espace en expansion inflationnaire. Si nous arrivons à conceptualiser cette bulle, il est beaucoup plus difficile de répondre à la question : dans quoi cette bulle était-elle en expansion ? La réponse est : dans rien ! C’est un second mystère tout aussi insondable que celui ci-dessus. Enfin (last but not the least !), pourquoi ce point zéro ? Pourquoi quelque chose plutôt que rien (Leibniz) ? C’est une question à jamais sans réponse car les lois de la Nature n’ont plus lieu dans les conditions physiques de ce point zéro et sont donc incapables d’apporter la moindre explication. Nous ne saurons jamais pourquoi nous sommes là.

10 août 2009

Une République dictatoriale de plus

Comment se nomme un régime qui tue ses opposants dans le secret de ses prisons, qui matraque et assassine les manifestants, qui recherche dans un soi-disant complot international les causes de ses difficultés, qui extorquent des aveux imposés dans des parodies de procès staliniens et sans témoins à tous ceux qui osent protester, qui truque massivement de fausses élections affublées d’un faux-nez démocratique, qui muselle la presse et la critique et qui use et abuse de l’intoxication ? La réponse est simple : une dictature. Le régime iranien qui se présente comme une fausse République islamique est une vraie dictature. C’est un régime qui n’a rien à envier à celui des pires régimes de l’Histoire et que la communauté internationale tout entière devrait condamner violemment. Le chantage qu’exerce l’Iran et son dictateur sur le détroit d’Ormuz n’est qu’un mirage. En effet, l’Iran importe la plus grosse part de son pétrole car ce pays ne possède pas des capacités de raffinage suffisantes pour sa propre consommation. Il ne peut donc durablement entraver l’approvisionnement des pays occidentaux sans se mettre lui-même en péril. En effet, devant un blocage du détroit d’Ormuz, les pays occidentaux cesseraient immédiatement d’importer en Iran le pétrole raffiné dont ce pays a besoin. Ahmadinejad est un dictateur dans toute l’acception du terme et aucun pays civilisé ne devrait avoir le moindre contact avec lui. Son pouvoir politique ne tient que par la terreur, le mensonge et le meurtre. On ne peut lui serrer la main sans se souiller.Plaignons le peuple iranien d'être aux mains sales d'un tel régime.

24 juillet 2009

Qui doit payer la taxe Carbone ?

Le réchauffement et les dérèglements climatiques sont dus, pour partie, au dioxyde de carbone émis par les activités humaines. Pour essayer de limiter (un peu) les effets de ce réchauffement, le gouvernement français nous concocte une machine fiscale dont l’objet est de taxer l’utilisation des produits émetteurs de ce gaz nocif. C’est-à-dire que le consommateur va payer la lutte contre le réchauffement climatique. Est-ce raisonnable ? Ce n’est pas le paiement d’un impôt supplémentaire qui va réduire l’émission du gaz. L’idée est que cette taxe devrait dissuader le consommateur d’utiliser des produits émetteurs de CO2. Mais encore faudrait-il que le consommateur ait la possibilité d’utiliser des produits alternatifs. Or, pour ne prendre qu’un seul exemple, existe-t-il une alternative réelle à l’utilisation du moteur à explosion ? La voiture électrique ou à l’hydrogène est encore dans les cartons et les expériences existantes n’ont toujours pas les caractéristiques nécessaires pour proposer une alternative crédible. Ainsi, le consommateur va payer le fait que les constructeurs d’automobiles n’ont pas voulu développer à temps une alternative viable à la voiture (et au camion) à essence ou au gasoil. Non seulement, le consommateur paie déjà un impôt carbone au moment de l’achat de son véhicule, mais il va devoir payer en plus son utilisation journalière sans pouvoir faire un choix radicalement différent. Il y a là une profonde injustice qui va sérieusement pénaliser ceux qui n’ont d’autre choix que d’utiliser leur voiture ou leur tracteur pour travailler et vivre tout simplement. Les vrais fautifs sont ceux qui fabriquent ces produits émetteurs de CO2 et non pas ceux qui les utilisent, faute d’alternative. Cet impôt carbone devrait donc être entièrement à la charge de l’industrie. Mais, la crise étant là pour longtemps, taxer l’industrie française risque de la mettre encore plus en difficulté et d’aggraver le chômage. De plus, il semblerait kafkaïen d’avoir aidé l’industrie automobile par des prêts massifs pour reprendre cette aide par une taxe supplémentaire. Il y a donc là une aporie apparente. Le gouvernement a donc choisi la voie la plus facile, celle de faire payer un peu plus le contribuable. La vraie voie consisterait à trouver des règles fiscales obligeant les constructeurs automobiles à proposer très rapidement une alternative réelle au moteur à énergie fossile, aux industriels de capter leurs émissions de carbone. Certes, cela peut demander une dizaine d’années avant de réussir, mais ce délai est-il déraisonnable devant l’évolution du climat ? Est-ce que, dans dix ans, le climat sera très différent de ce qu’il est aujourd’hui ?

18 juillet 2009

Le Bien et le Mal

Partons d’une interrogation : Les nombreuses catastrophes qui inondent ce monde sont, à n’en pas douter, l’œuvre de la bêtise des hommes. Pourquoi Dieu, s’il existe, fait-il supporter aux hommes – qu’il est soi-disant venu libérer du mal – autant de maux et de souffrances ? En d’autres termes, Dieu est-il étranger et indifférent à ces souffrances ou en est-il la source ? Deux réponses à cette question :1 - L’Apocalypse (les hommes sont la cause des maux qui les accablent)

C’est un texte de Jean l’Evangéliste de Patmos, disciple de Jean l’Ancien ou le Précurseur ou le Baptiste, dernier livre du Nouveau Testament. Apocalypse (Apo = loin et Calypso = le voile) signifie le voile qui cache l’avenir, les choses cachées, le futur avènement de Dieu qui revient parmi les hommes pour chasser définitivement les forces du mal. Dieu a créé un monde que les hommes ont perverti. Le mal du monde des hommes est leur œuvre, Dieu n’y est pour rien. Dans l’avenir (proche), Dieu reviendra pour chasser définitivement le mal.
L’Apocalypse est l’annonce de la fin imminente des temps. C’est le récit du retour prochain de Dieu qui vient combattre et abattre les symboles du mal en déclanchant des fléaux puis en vainquant « la Bête de l’abîme, la Bête de la Terre et le Dragon ». A l’issue du combat, descendra sur terre la « nouvelle Jérusalem » et Dieu habitera désormais parmi les hommes.
L’Apocalypse est ainsi une vision temporelle de l’avenir de l’homme. C’est une vision « horizontale » qui « regarde » au-devant, vers le futur.

2 - La Gnose (Le Dieu de l’Ancien Testament est la source des maux)

La Gnose désigne une « connaissance » salvatrice destinée aux initiés leur donnant la certitude du salut. C’est la connaissance des mystères du monde divin et de l’âme révélant aux initiés privilégiés les secrets de leur origine et les moyens de la retrouver. Elle explique les raisons de la présence de l’homme sur Terre (la génération) alors qu’il est d’un monde transcendant où il doit retourner (la régénération). Comme le croient les adeptes du marcionisme, cette connaissance précise que le monde est mauvais parce qu’il est une création démoniaque du Dieu de l’Ancien Testament. Le Dieu transcendant et bon, le Dieu Suprême, n’a rien à voir avec ce monde et est la source du monde spirituel (idée reprise par certaines tendances du catharisme). C’est la collaboration entre la grâce divine et l’esprit humain qui permet la création de l’âme et permet d’avoir la certitude du salut. Dieu est au-dessus de l’âme humaine qui cherche à l’atteindre. Jésus-Christ a été envoyé par Dieu pour délivrer les âmes des élus, c’est-à-dire de ceux qui « savent ». Cette connaissance assure le salut. La Gnose est une vision dans l’espace, en ce sens qu’elle regarde vers Dieu, c’est-à-dire vers « le haut ». Les âmes des hommes possédant « la connaissance » sont d’essence spirituelle et émanent du Dieu Suprême qui envoie le Christ pour délivrer ces âmes en leur donnant la connaissance de la géographie céleste et des mots de passe indispensables au franchissement des frontières entre le monde sensible et celui du Dieu Suprême. Dans ce voyage, l’âme remonte vers l’origine en s’échappant du monde d’ici-bas où elle est tombée. C’est une vision verticale. Elle ressemble à la doctrine du manichéisme (Mani – 14/4/216) qui développe une gnose élargie et grandiose, fondée sur le Bien et le Mal.
Les gnostiques puisent cette connaissance dans les traditions confiées en secret par le Christ aux Apôtres (Jean et Jacques – Le Livre secret de Jean), c’est-à-dire « ce qui est, ce qui était, ce qui sera », qui les transmirent d’initiés en initiés jusqu’aux gnostiques d’aujourd’hui.

12 juillet 2009

Chinois et nazis, même combat

Les chinois se sont comportés, et se comportent aujourd’hui, avec les Ouïgoures du Turkestan oriental comme les nazis avec les juifs : annexion, exactions, tortures, exécutions sommaires, privations de droits, expropriations, camps de concentration, humiliations, procès truqués, etc …, etc …Le monde a regardé et regarde encore ces crimes contre l’humanité sans réaction, au nom de la « real-politique », prêt à fermer les yeux et payer le prix de l’hypocrisie pour quelques airbus ou quelques centrales nucléaires.
Partout où le communisme sévit, les pires exactions s’exercent contre les minorités. Nous nous sommes émus lors des derniers évènements tibétains uniquement parce que le Dalaï-Lama a su être le porteur habile de la cause de son peuple. Il n’en est pas de même pour les Ouïgoures. Leur civilisation est en voie de disparition. Pendant ce temps, nous fermons les yeux et essayons de dormir tranquilles.

10 juillet 2009

Peut-on justifier la prescription ?

Depuis plus de 4000 ans, l’homme s’est efforcé de remplacer la vengeance par la justice. Le code d’Ur-Nammu date de 2100 ans avant JC. La nécessité de la vengeance est un sentiment tapi au plus profond du cerveau reptilien de l’homme, là où se situent les centres de décisions de fabrications hormonales, qui relève ainsi du réflexe. Et parce que le réflexe peut conduire à des actes disproportionnés avec ceux qui l’ont provoqué, il est devenu nécessaire de codifier la vengeance. Cette codification s’appelle la Justice. Longtemps arbitraire et relevant du pouvoir d’un seul homme, que ce soit l’Empereur de Rome ou le Roi de France, la Justice d’aujourd’hui nous vient du 1er Empire. Napoléon 1er est à l’origine d’importantes et nombreuses créations institutionnelles. Il a, en effet, créé les organismes nécessaires au fonctionnement d’un État centralisé : préfectures, municipalités, Conseil d’État, corps législatif et Sénat, tribunaux hiérarchisés… ainsi que l’ensemble des textes fondamentaux permettant leur fonctionnement, en particulier le Code Civil et le Code Pénal. Aujourd’hui, le Garde des Sceaux est un ministre du gouvernement qui veille au bon fonctionnement et à la gestion des tribunaux. Il propose les réformes de la Justice pour l’adapter aux évolutions de la société, mais n’intervient pas dans les décisions de justice. Bien que sophistiquée, la Justice reste une légalisation de la vengeance. Cependant, quand un certain temps s’est écoulé depuis la condamnation sans que le ministère public ait pu faire exécuter la peine, une dispense définitive de la subir se produit en faveur du condamné. Les arguments ayant conduit à cette disposition sont essentiellement les suivants :
1° Lorsqu’un certain temps s’est écoulé depuis la condamnation, sans le que le ministère public ait fait exécuter la peine, le souvenir de l’infraction s’est éteint. L’opinion publique ne réclame plus satisfaction.
2° Une sanction trop éloignée de la faute serait peu conforme aux exigences de la justice. Le condamné, pour se soustraire au châtiment, a dû mener une vie cachée faite de privations et d’angoisses, qui constitue, par elle-même, une expiation. Lui infliger, plus tard, une peine serait équivalent à l’application d’une double peine.
3° La société encourage la bonne conduite du condamné en lui offrant la perspective de l’impunité si, pendant un temps suffisamment long, il s’abstient d’attirer l’attention publique sur sa personne, ce qui inclue évidemment la non-récidive.
Ces arguments restent bien fragiles et sont difficilement admis par les victimes. Le premier point est manifestement faux en ce qui concerne la victime qui demande réparation. L’expérience montre que le deuxième point est souvent faux. Les criminels nazis ont mené des vies faciles, parfois luxueuses, en Amérique du Sud. Quant au troisième point, il est parfaitement spécieux. Encore une fois, les criminels nazis sont restés cachés et silencieux dans les pays qui les ont acceptés. Certes, les crimes contre l’humanité ne bénéficient pas de la prescription, mais ce qui s’est produit pour ces criminels peut se produire (et se produit) pour des criminels plus ordinaires. La mère ou le père dont l’enfant a disparu parce qu’assassiné ou enlevé, ne fait pas de différence entre le criminel responsable de cette disparition et un coupable de crime contre l’humanité. C’est pourquoi la prescription d’une peine est toujours ressentie comme une injustice, comme une vengeance inassouvie. La durée de la prescription est de 20 ans en matière criminelle. À l’occasion de dramatiques accidents, les psychologues font toujours référence à la nécessité pour les victimes de « faire leur deuil », c’est-à-dire d’accepter finalement la disparition d’un être cher. En conséquence, il est certain que l’exécution de la condamnation par le criminel est un élément essentiel de cette acceptation. Ainsi, lorsqu’au bout de 20 ans d’attente dans la souffrance, la prescription plonge la victime dans la déréliction en la privant de cette acceptation, c’est-à-dire de la recouvrance d’une certaine paix intérieure, elle est nécessairement ressentie comme une monstrueuse injustice et les arguments justificatifs évoqués ci-dessus paraissent dérisoires, voire attentatoires à la morale tant il est difficile de renoncer à une vengeance légitime.

04 juillet 2009

Jade Goody, vous connaissez ?

Jade Goody, vous connaissez ? C’est une création et une créature de la télé-réalité anglosaxone et qui est décédée le 22 Mars en direct sur le petit écran. La télévision, toujours à la recherche du sordide, parce que c’est finalement le Graal du public, a accepté de filmer pour un million d’Euros la mort de cette fille atteinte d’un cancer foudroyant de l’utérus dont elle a appris l’existence en direct durant une émission de télévision et qui l’a emportée en un mois. Pour cette somme, destinée à faire vivre ses enfants, elle a autorisé la télévision anglaise à la filmer vingt-quatre heures sur vingt-quatre jusqu’à son décès. On atteint là le summum de l’ignoble dans lequel a sombré la société occidentale. Tout se monnaye, tout peut être « marchandiser », y compris la mort. Devant un tel scandale, ce n’est pas tellement cette malheureuse qui est à condamner, mais une société qui a accepté cette sinistre mise en scène et n’a pas permis à cette femme de trouver un autre moyen d’assurer la vie de ses enfants. Les médias ne se contentent pas de courir derrière les fantasmes de leurs clients, mais ils façonnent pernicieusement les esprits en supprimant, peu à peu, toute retenue et en faisant du voyeurisme le parangon du spectacle. Il faut bien dire que le terrain est favorable : qui n’a vu des foules de curieux vicieux s’arrêter sur les routes uniquement pour regarder un accident ? Comment expliquer autrement la longévité du scandale télévisuel que constituent les émissions de Jean-Claude Delarue donnant à voir la misère humaine dans ce qu’elle a de plus sordide ? Peut-être la société actuelle a-t-elle tellement peur de la mort qu’elle recherche un exorcisme dans le spectacle de ceux qui meurent ? À côté de l’horrible mise en scène de la mort en direct, les violences des séries américaines ne sont que des bluettes !

03 juillet 2009

L’impasse mortelle

En panne de convictions, le Parti Socialiste entonne, une fois de plus, le couplet du projet. Rien n’est plus urgent que de construire un projet, là est l’unique voie du salut ! Charles De Gaulle pourrait s’esclaffer : « On peut toujour sauter sur sa chaise comme un cabri en disant le projet, le projet, le projet, cela ne sert à rien et cela ne mène à rien ! ». Le PS est très exactement dans cette situation. Mais le problème profond est qu’il n’a aucune idée de ce que pourrait bien être ce fameux projet. Il est tellement en panne d’idées que l’on voit même quelque personnalité socialiste évoquer, sans riere, des « primaires du projet » ! Faute d’idées, il faut aller chercher celles des autres. Cela rappelle fâcheusement la « démocratie participative » d’un certain désir d’avenir. En fait de désir d’avenir, il s’agit surtout du désir irréfragable des ambitions personnelles d’une pléthore de candidats à la candidature ! En suivant obstinément ce chemin, le PS s’engage immanquablement dans une impasse. Hélas !
L’adhésion d’un peuple, ou de la majorité de celui-ci, ne peut se faire qu’autour d’un homme imprégné de convictions personnelles qui ne varient pas au gré des évènements et qui ne relèvent pas simplement de slogans accrocheurs, et incarnant sa vision de la société. Mais ceci suppose que cette vision soit le fruit d’une profonde et longue réflexion et d’un travail totalement personnel qui cherchent leurs racines non seulement dans l’histoire mais aussi dans le parcours personnel. Il ne peut, en aucun cas, s’agir d’une vision collective construite en raboutant des idées éparses comme les pièces d’un puzzle, en espérant obtenir par miracle une image cohérente et significative. Il en a été ainsi pour tous les présidents de la Vème République, y compris pour le Président actuel. Le Parti n’est qu’une « machine de guerre » électorale au service du candidat, il ne peut en aucun cas être le maître à penser de celui-là. Faute d’identifier un tel homme en son sein, qui s’imposerait comme une évidence, les ambitions personnelles se déchaînent et se combattent dans une guerre mortifère entraînant tout le Parti sur un chemin sans issue. Le projet, posé comme un préalable, n’est en fait qu’un alibi pour étouffer l’émergence d’un vrai leader.

27 juin 2009

L’immoralité dans les crampons

Un grand nombre de salariés ont perdu leur emploi, tous les autres ont perdu le sommeil. La crise économique est devenu si profonde qu’elle s’est transformée en crise sociale. L’angoisse du lendemain devient le pain quotidien du plus grand nombre. En face, les émoluments mirobolants de certains patrons de grandes entreprises ont provoqué, à juste titre, une indignation légitime, ont été ressentis comme une provocation et un scandale insupportables. Mais il existe un plus grand scandale encore : le pourrissement du monde du football par l’argent. Il circule, dans ce milieu, des sommes tellement considérables qu’elles en perdent toute signification aux yeux du commun des mortels. Comment accepter que les salaires mensuels de certains joueurs atteignent plusieurs millions d’Euros, pour simplement taper du pied dans un ballon !! Cette situation est un vrai scandale et devrait soulever la même indignation populaire que celle due aux parachutes dorés patronaux. Or curieusement, il n’en est rien. Les médias en général et la télévision en particulier en sont les complices objectifs. Le nombre invraisemblable d’articles, de reportages télévisés, d’émissions radiophoniques, impriment dans les esprits un message subliminal qui donnent aux acteurs de ce sport (il n’est pas sûr que le mot soit adapté) le statut de vedettes extra-terrestres auxquelles tout est permis. Le football a remplacé les jeux du cirque et les réactions du public y sont tout aussi violentes, allant de l’invective raciste à l’imbécillité mortelle. Tout spectateur qui entre dans un stade pour assister à un match, laisse son cerveau au vestiaire et se transforme soudain en une brute épaisse, prête à toutes les injures et toutes les violences, conforté par l’anonymat que fournit à bon compte la foule. Le plus curieux, dans cette affaire, est que ces spectateurs qui s’enthousiasment pour les coffres-forts qui courent sur la pelouse, sont ceux-là même qui s’indignent des salaires patronaux.

11 juin 2009

La mort est-elle au bout du chemin ?

La déroute du Parti Socialiste, une de plus, semble n’être une surprise que pour les socialistes. Il suffit de réfléchir un tout petit peu pour comprendre que ce parti est complètement dépassé par les impératifs de l’époque actuelle. Ils sont toujours avec une vision de la société et de la Nation qui relève d’une philosophie du siècle dernier. Les références à Léon Blum ou à Jaurès sont de références effectives alors qu’elles ne devraient être qu’historiques. Le monde s’est arrêté pour le Parti Socialiste aux années 1920. Après leur défaite aux élections européennes, on entend les socialistes rabâcher, une fois de plus, qu’ils vont se réunir pour discuter de la refondation de leur programme ! La signification profonde de cet aveu est que ce Parti n’a plus aucune vision nationale de l’avenir du pays. La question qui se pose à eux est de savoir si une vision, comme celle que De Gaulle ou Mitterrand avaient de la France, se construit dans des assemblées de militants, voire dans des réunions dites de démocratie participative. Il n’est jamais rien sorti de ce genre de forum, sinon une cacophonie dont on ne peut rien conclure sauf une sacro-sainte synthèse inodore et sans saveur. Le Parti Socialiste n’a pas assimilé deux principes fondamentaux : un pays ne s’enrichit que s’il gagne plus qu’il ne dépense et une vision d’avenir national s’incarne dans un leader naturel. Aujourd’hui, il n’a ni l’un ni l’autre. Certes, la rénovation du « projet » est importante, mais alors il faut prendre cette rénovation au sérieux et ne pas la confondre avec une liste de courses établie rapidement, en quelques jours, sur un coin de table, comme le Parti l’a fait plusieurs fois, pressé qu’il était de répondre à la critique justifiée de son manque de propositions. Aujourd’hui, la France est en face de trois défis : la protection sociale (la sociologie de la population a changé et les besoins de protection ont considérablement augmenté), le changement climatique et la protection de l’environnement, l’Europe politique et le leadership au sein des institutions européennes. Pour faire face à ces trois défis, il n’y a qu’un seul moteur, la croissance. Pour pouvoir mettre en œuvre une politique sociale de redistribution efficace, encore faut-il avoir quelque chose à répartir et ne pas se contenter de vivre à crédit en creusant, chaque jour, une dette qui compromet dangereusement l’avenir des générations futures. Et, enfin, pour faire tourner le moteur, il n’y a plus qu’un seul carburant : l’innovation. C’est sur ces trois défis, sur le fonctionnement du moteur et l’accès au carburant innovation que l’on attend, en vain, depuis des années un vrai leader du Parti Socialiste qui sache s’imposer et faire taire les ambitions personnelles et mortifères de tous les vieux caciques qui l’encombre. Ceux-ci n’ont, aujourd’hui, pas d’autre objectif que d’étouffer dans l’œuf toute naissance éventuelle d’un vrai leader qui pourrait mettre en danger leur propre ambition. Tant que le fonctionnement interne du Parti favorisera cette pratique, lentement mais sûrement, il avance vers sa disparition.

08 juin 2009

Espèces en voie de disparition

Défaite électorale du Parti Socialiste et effondrement du Modem, tels sont les principaux résultats des élections européennes 2009. Une secrétaire générale en grandes difficultés et un président de parti ayant perdu tout avenir politique, telles en sont les conséquences. Est-ce réellement une surprise ? Lorsqu’un parti politique est miné de l’intérieur par des ambitions personnelles et des confrontations stériles et sans fin, lorsqu’un candidat déclaré aux futures élections présidentielles se trompe de campagne et se penche dans les poubelles de l’Histoire, est-il vraiment étonnant que la sanction populaire se manifeste avec éclat ? La gauche française est éclatée en mille morceaux, l’opposition ne porte aucun message crédible et n’a aucun leader capable d’entraîner une majorité de Français. En ce qui concerne le Parti Socialiste, les vrais responsables sont devenus soudainement silencieux et invisibles depuis quelque temps. Où sont passés Fabius, Strauss-Kahn, Lang, Ayrault, Guigou et consort ? Les rats ont-ils quitté le navire ? Contrairement à Jospin qui a préféré fuir après sa défaite, Martine Aubry reste seule, comme un capitaine sur la vigie d’un bateau qui fait naufrage. Elle ne doit compter sur aucun secours. Les éléphants sont réellement en voie de disparition. Enfin !!

07 juin 2009

Abstention-Europe : 1- 0

Les seuls français satisfaits des dernières élections européennes sont les hommes politiques de tous bords, puisqu’ils clament tous qu’ils ont obtenu un franc succès ou une leçon salutaire qui n'est qu'une péripétie. Même les « petites » listes ont atteint leur objectif financier, le seul qui réellement comptait. Il n’y a guère que ce soi-disant succès qui soit grand, car l’intelligence s’est effondrée sous les coups de boutoir de la langue de bois. La seule et grande gagnante de ces élections est, comme attendu, l’abstention qui a atteint un record de 60%. Durant la campagne, les medias lui ont fait tellement de propagande qu’il n’est pas étonnant que les individus aient été convaincus qu’il était totalement inutile de se déplacer. Mais, au-delà de ce fait, cette abstention massive pose une sérieuse question sur l’avenir de l’Europe. La doxa consiste à se plaindre que l’Europe ne protège pas assez le citoyen contre les dangers de la mondialisation et de la crise financière et économique. Il faut bien dire que les euro-sceptiques clament sur tous les tons que la commission européenne passe son temps à légiférer sur la longueur des concombres ou le diamètre des tomates. À force d’entendre ces discours caricaturaux, tout le monde finit par y croire et, il faut bien l’avouer, il n’y a rien là qui puisse alors soulever l’enthousiasme de l’électeur, ni le rassurer sur les protections que peut lui apporter l’Europe. Les hommes politiques ont également un discours qui est, la plupart du temps, complètement abscons. Les phrases du genre : « Il faut faire avancer l’Europe vers la justice sociale » ou bien « Nous allons construire un projet dans la cohérence » ou encore « Nous allons retrouver le chemin de l’Europe sociale », « Il faut un bouclier social », forment le fond du discours politique ambiant qui reste ainsi complètement incompréhensible pour le citoyen. Quelle que soit la liste électorale candidate, il était possible de lire sur ses affiches des slogans comme : « Changer l’Europe, vers une Europe sociale, Votez pour une Europe qui vous protège, … » et autres banalités sans signification. Il n’est guère étonnant que l’électeur ne sente pas concerné ou reste profondément sceptique sur l’utilité de son vote. Il y a plus grave encore. À force d’avoir truffer leurs discours d’attaques contre le gouvernement, mais surtout contre le Président de la République (anti-sarkozisme radical, psychopatologique, viscéral, pavlovien), les politiques ont poussé ceux qui ont fait l’effort de voter à le faire pour des motifs de pure politique nationale et partisane. Les enjeux européens sont totalement absents de leurs réflexions. Enfin, les très rares débats contradictoires organisés par les médias ont systématiquement tourné, comme d’habitude, à la foire d’empoigne et au brouhaha incompréhensible avec attaques personnelles et injures, donnant, une fois de plus, une image absolument déplorable des politiciens aux discours indigents où la médiocrité le dispute à l’incantation et à l’insulte. Ajoutons qu’il existe une contradiction apparente entre l’indifférence des électeurs et la multiplicité extravagante des listes électorales qui se sont présentées à ces élections. N’en a-t-on pas compté jusqu’à 28 en Île-de-France ? Cette floraison de listes n’a fait finalement qu’ajouter à la confusion du discours et au désintérêt de l’électeur. Confusion des discours, méprise sur les véritables enjeux, discrédit des hommes politiques. La question fondamentale est la suivante : comment construire un projet européen lorsqu'il n'y a que des listes purement nationales ne comportant que des nationaux et se présentant sur des circonscriptions également nationales ? L’Europe est malade. Une vraie démocratie doit trouver lieu de cité au sein de l’organisation européenne. Le sentiment ressenti par les citoyens est que les décisions sont prises par une commission sur laquelle ils n’ont aucun contre-pouvoir. Ces règles doivent impérativement changer. Ceux qui ont voté non au référendum sur le projet de Constitution européenne doivent être considérés comme les grands responsables de ce désastre.

25 mai 2009

Réponse

Je viens de recevoir un commentaire sur le petit article ci-dessous et intitulé "Guignol, mon ami"... anonyme, bien sûr ! Ce torchon dit ceci "Quand arrêterez-vous de polluer le net avec des commentaires d'un autre âge ?". Voilà bien le commentaire d'un véritable imbécile ! Il se reconnaîtra surement.

24 mai 2009

Guignol, mon ami

L’âge fait retomber en enfance, dit-on. C’est vrai ! Je n’ai jamais autant fréquenté les théâtres de marionnettes que depuis quelque temps. L’art d’être grand-père comporte beaucoup de satisfactions et nombre d’obligations. Parmi celles-ci, retrouver le chemin de Guignol, perdu depuis si longtemps, est incontournable. Bien des théâtres de marionnettes existent, mais tous ne se valent pas. Là comme ailleurs existe une hiérarchie. Il en est, pour ces spectacles, comme pour le cinéma : des hauts et des bas, du bon et du moins bon. J’ai le sentiment qu’un « guide » des Guignols manque, comme existent les guides gastronomiques. Pour juger de la qualité d’un spectacle de marionnettes, il faut tenir compte de l’originalité du scénario, de l’inventivité de la manipulation des marionnettes, bien sûr, mais se limiter à cela serait très superficiel et ferait montre d’un amateurisme inacceptable. Un spectacle comporte tout un cérémonial qu’il serait criminel de négliger. Il y a tout d’abord la ruée des poussettes à l’entrée comme à la sortie. Il y a le regard légèrement méprisant des mamans observant les énervements des enfants qui ne sont pas les siens. Il y a la présence du loup qui fait pleurer un ou deux enfants pendant le spectacle. Il y a les cris qui atteignent leur acmé lors de l’apparition du loup rodomont ou du bandit, les battements de mains enfantins suscités par l’inévitable danse des grenouilles, des lapins ou des petits cochons. Il y a les parents qui, refusant de s’éloigner quelque peu de leur progéniture, refusent de quitter le banc réservé aux plus petits. Mais ce n’est pas tout. En effet, il faut être attentif à l’existence et la facilité d’accès du garage à poussettes, à la durée du spectacle, à l’existence ou non d’un entracte pendant lequel les enfants et les parents se bousculent devant le distributeur de bonbons et de pop-corn, à la ponctualité, à l’esthétique du décor non seulement de la salle mais aussi du spectacle, à la plus ou moins grande difficulté d’insérer ses fesses dans le siège, à l’interactivité suscitée entre la marionnette et les enfants (il est, en effet, attendrissant de voir son petit-fils applaudir de concerve avec les autres enfants), et à bien d’autres choses encore. C’est donc toute une expertise qu’il faut avoir pour choisir un théâtre de Guignol. Pour ma part, concernant les spectacles parisiens, je ferai le classement suivant : le Champ de Mars (****), le Luxembourg (***), le Parc Floral (***), le lac de Saint-Mandé(**), le parc Montsouris (*), les Champs Elysées (*). Mais ceci est purement personnel. Et j’ai besoin d’améliorer mon expertise !

18 mai 2009

Morale et profits

Le Président de la République a relancé une idée du Général De Gaulle, à savoir la juste répartition des bénéfices de l’entreprise entre les investissements, les actionnaires et les salariés. Ce fut, à l’époque, le lancement de l’intéressement et de la participation. Le rapport Cotis, remis ces jours-ci au gouvernement, précise ce que tout le monde sait depuis longtemps, à savoir que les salariés sont mal traités depuis une quinzaine d’années. Il suffit d’être salarié pour savoir cela ! Toutefois, les chiffres fournis par le rapport ont le mérite de donner du corps et une réalité objective à un sentiment confusément ressenti. Que se soit l’évolution salariale, la part des salaires dans la valeur ajoutée ou la répartition des bénéfices, le salarié est, dans tous les cas, le parent pauvre de l’entreprise. Du statut de personnel (à connotation individuelle), il est descendu à celui de ressources humaines (conglomérat anonyme dont on gère la consommation) pour sombrer finalement dans celui de variable d’ajustement (consommables et produits jetables). La crise actuelle n’est que le révélateur d’une situation qui s’est développée depuis les années 1980. C’est à cette époque que l’on a vu fleurir le concept de gouvernance dans les entreprises, pour le seul bénéfice des actionnaires. Derrière cette politique d’entreprise, se cachait l’action des fonds de pension anglo-saxons qui, au sein d’une compétition intensive, promettaient à leurs clients des taux de rendements extravagants. Pour obtenir ces rendements, ils ont soumis les grandes entreprises, dont ils détenaient les actions, à une pression de plus en plus importante pour obtenir des dividendes de plus en plus élevés et complètement déconnectés des performances réelles des entreprises. Ces dernières, soumises à un véritable chantage économique, ont recherché tous les moyens possibles pour augmenter la valeur des actions : réduction des investissements au profit des dividendes, utilisation des bénéfices pour racheter leurs propres actions afin d’en augmenter la valeur, recherche drastique d’économies de fonctionnement par utilisation de la variable d’ajustement que sont devenus les salariés, délocalisations vers des sites à coûts salariaux minimaux, investissements dans des produits toxiques à haut rendement et à hauts risques, etc … L’entreprise doit, bien sûr, faire des bénéfices, mais il est temps de se poser la question de savoir quelle est sa véritable raison d’être : une machine à faire de l’argent ou un organisme intégré dans une vie sociale ? Dans ce dernier cas, elle doit impérativement avoir une morale et fonctionner selon des principes qui respectent tous les acteurs internes et externes. Le comportement récent de certains patrons de grandes entreprises montre qu’il semble qu’ils l’aient oublié.

15 mai 2009

La bêtise !

Quelle est la question la plus bête qui soit ?
« À quoi ça sert de savoir ça ? »

12 mai 2009

L’humanité en danger ?

Lorsque l’on évoque les animaux en danger, tout le monde pense aux éléphants et autres félins en voie de disparition. Peu de monde songe aux abeilles. Et pourtant …
Voilà un petit insecte sympathique qui porte sur lui le destin de l’humanité. En effet, si les abeilles disparaissaient totalement, 30% de notre nourriture disparaîtrait également ! Et, plus particulièrement, disparaîtraient les cultures maraîchères, les fruits et légumes naturels qui ont besoin de la pollinisation pour exister. Qui sait que les pommiers, les amandiers, les avocatiers, les cerisiers, les oignons, les concombres, le coton, l'arachide, le melon, les fleurs sauvages, etc… dépendent à 90 %, voire à 100 % des abeilles pour leur pollinisation ? Or, on constate une disparition massive et inquiétante des abeilles domestiques qui peut atteindre 70% de leur population. Pour ce qui concerne les abeilles sauvages, il est à peu près certain que le même phénomène existe également, même s’il est plus difficile à mesurer. En 2007, le taux de ruches abandonnées ou presque désertées atteignait 70 % voire 80 % dans les régions et pays les plus touchés, c’est-à-dire aux États-Unis, en France, en Belgique, en Italie, en Allemagne, en Suisse, en Espagne, en Grèce, en Pologne, et aux Pays-Bas. Dans les ruchers les plus touchés, jusqu'à 90 % des abeilles sont supposées mortes, car non rentrées à la ruche. L’ampleur du phénomène est indiscutable, même s’il passe inaperçu. Les raisons de cette disparition sont multiples mais non indépendantes. On identifie, parmi elles, le virus IAPV, les acariens parasites Varroas ou la loque européenne qui, profitant de l’affaiblissement des abeilles, provoquent parmi elles une mortalité élevée. Mais, ainsi que le montre le schéma ci-dessous, les causes premières sont l’utilisation intensive des produits phytosanitaires et celle des OGM, c’est-à-dire que la grande responsable du phénomène est l’agriculture intensive.

On ne peut exclure qu’existent d’autres causes comme la saturation de l’environnement en ondes électromagnétiques (télévision, téléphones portables, Wi-fi, radio, satellites, etc …) qui pourraient désorienter les abeilles qui ne retrouveraient plus le chemin des ruches. Mais il est incontestable que l’utilisation massive des insecticides, des fongicides et des pesticides est une cause fondamentale de cette hécatombe.
De même que les pêcheurs nient l’évidence de l’effondrement du stock de certains poissons, les agriculteurs de grandes exploitations nient l’effet de leurs produits phytosanitaires et de leurs semences OGM. L’égocentrisme fait des ravages. Une fois de plus, on voit qu’une somme d’intérêts particuliers ne sert jamais l’intérêt général.
Peut-être est-il temps que l’on repense nos manières de vivre ?

05 mai 2009

Consternant !

Plongés dans le maelström de la crise, les Français souffrent (pas tous !), certains – de plus en plus nombreux – perdent leur emploi en même temps que tout espoir d’en retrouver, les difficultés pour garder un logement s’accroissent, les files d’attente aux associations caritatives s’allongent, l’inquiétude se diffuse, la jeunesse sans emploi en perspective est à la dérive, les parents s’angoissent sur l’avenir compromis de leurs enfants …
Et pendant ce temps, les patrons des grandes entreprises s’enrichissent d’une manière scandaleuse, au mépris de toute morale. Ils détournent une part croissante de l’investissement pour leur profit personnel (« golden hello », parachute doré, retraite chapeau, stock options, salaires faramineux,…). Dotés d’une imagination sans borne, les sommes qu’ils s’octroient par tous les moyens imaginables sont absolument consternantes et dépassent l’entendement. Les sommes en jeux sont tellement énormes qu’elles perdent toute signification pour le commun des mortels. Simultanément, les banquiers continuent de mentir, de réclamer des aides publiques tout en refusant de prêter aux PME en difficulté et aspirant à reprendre leur jeu pervers le plus tôt possible, espérant que tout le monde oubliera qu’ils sont responsables de la crise actuelle.
Et pendant ce temps, les hommes politiques de tous bords qui comptent dans la vie de la Nation ont une unique préoccupation : leur candidature à la Présidence de 2012. Obnubilés par cette échéance, ils n’ont d’autre ressource que de critiquer à outrance celui qui sera leur principal concurrent, le Président actuel, au détriment de la recherche de l’intérêt général. La crise n’est, pour eux, qu’un simple prétexte de campagne électorale, pain béni en quelque sorte ! Simplifiant à l’extrême le discours politique en rendant le Président en place coupable de tous les maux et responsable finalement de la crise mondiale, ces politiques donnent un spectacle affligeant.
Et pendant ce temps, les mandarins hospitaliers, les magistrats, les professeurs népotiques d’université s’insurgent pour conserver leurs privilèges.
La conséquence de tout cela est que le sentiment d’abandon, la consternation et la colère montent chez les citoyens, certains d’entre eux versant dans la violence, écœurés par l’omniprésence de l’ambition personnelle des politiques et de la voyoucratie financière des plus riches. Il est certain que, la détresse se transformant en violence, les actes de révolte vont se multiplier (n'oublions pas qu'en 1948, les violences eurent un tel degré qu'il fallut faire appel à l'armée)et que des opportunistes sans scrupule trouveront là un tremplin pour leur arrivisme politique. Ils vont essayer de faire pousser sur le terreau de la violence le cactus de leurs ambitions personnelles. Consternant !

02 mai 2009

Décidément !

Je dois avouer mon désarroi. Jamais l’Europe n’a connu de crise aussi profonde et grave. Jamais les Européens n’ont plus attendu de l’Europe qu’elle leur apporte une certaine protection devant les difficultés grandissantes. À cette attente n’a répondu qu’un assourdissant silence de la Commission Européenne et de son président. On attendait que la commission soit proactive dans la définition et la mise en œuvre d’un ensemble de mesures communes aux différentes nations européennes pour résister à la crise économique et sociale. On attendait que la commission pousse les nations à mettre en pratique rapidement les principes arrêtés au dernier G20 afin que celui-ci ne se solde pas uniquement par un ensemble de vœux pieux. Il ne s’est rien passé. Nous sommes à quelques semaines des élections européennes et personne n’en parle vraiment. Les médias sont silencieux, les discours politiques restent confidentiels et lorsqu’ils sont publics, ils sont totalement dévoyés pour n’être que débats franco-français. Encore une fois, le Parti Socialiste va se tromper de cible. Les Français se désintéressent de ces élections, faute de comprendre le fonctionnement de l’Europe et de son Parlement. Ils ne comprennent rien aux regroupements politiques formant les différentes composantes du Parlement, ils ignorent ses prérogatives et méconnaissent ses pouvoirs, mais surtout ils n’entendent aucun discours leur expliquant en quoi et pourquoi l’Europe est un enjeu d’avenir. Les socialistes vont brouiller encore davantage la vision des Français en transformant ces élections en vote sanction contre le Président de la République, c’est-à-dire en substituant un enjeu de politique purement nationale à l’enjeu européen. Pour fédérer le plus largement possible, le Parti Socialiste joue la carte anti-Sarkozy. Cela lui permet de ne pas préciser quelle est sa vision européenne, comme il fait avec la politique nationale. Caricaturer la politique gouvernementale sans faire de propositions alternatives lui permet de ne pas faire de propositions, empêtré qu’il est dans ses courants contradictoires et paralysé par des ambitions personnelles multiples. Décidément, le Parti Socialiste n’est pas près de (ni prêt à) redevenir un parti de gouvernement. Une vraie campagne pour les élections européennes devrait être pédagogique avant tout et devrait essayer de faire naître une attente et non pas un vote sanction. Celui-ci devrait être cantonné aux élections nationales et le melting-pot ne peut que semer la confusion et la désillusion. À force de caricatures, le Parti Socialiste va finir par faire croire qu’il ne supporte pas d’avoir un Président de la République d’origine étrangère !! Pour être juste, il faut bien dire que, du côté de la majorité, tenir un discours plébiscitaire concernant le Président de la République et se contenter de dénoncer le manque de propositions de l’opposition n’est pas, non plus, particulièrement à la hauteur des enjeux européens. L’Europe risque de mourir des nationalismes étroits qui sévissent partout.